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Perception des bruits et situations de gêne
Ce qu’en disent les riverains
Le bruit des avions
tel qu’il est entendu est qualifié de
faible, constant, fort, continu, grave, régulier mais aussi
agaçant, stressant ou désagréable. Les riverains ont aussi
utilisé des termes comme : ronronnement, sifflement,
bourdonnement, déchirement de l’air, vrombissement ou
souffle, moteur ou une tondeuse à gazon pour décrire le
bruit des avions. Enfin, certains avions sont bien identifiés
parce qu’ils font un bruit particulier comme, par exemple,
le Pilatus (avion utilisé pour le parachutisme). Les riverains
ont remarqué qu’il fait plus de bruit que les autres, il fait
des manœuvres particulières : les piqués qui sont repé-
rables parce que le son est différent ; il est plus aigu et à
l’atterrissage on a une impression de vibrations.
Les personnes interrogées sont, dans l’ensemble, tout à
fait capables de décrire les
différents types d’avions
survolant leurs habitations. Ils le font soit en fonction
de l’activité qu’ils ont bien identifiée (les avions de loisir,
militaires, la poste d’affaires, les avions pour planeurs,
ceux pour le parachutisme …), soit en fonction du type
de motorisation (monomoteur, bimoteur, à réaction, à
hélices …), du nom (Cesna, Pilatus, Antonov …), de la
taille, de la couleur. On notera que les riverains de Corbas
citent tous des avions d’affaires, des jets, alors que ce
sont les petits avions de loisirs qui sont principalement
décrits par les riverains de Lyon-Bron. Ainsi les jets ou les
«gros» sont très bruyants parce qu’ils ont des moteurs
puissants et on les entend venir de loin mais cela ne dure
pas très longtemps. Les «petits» c’est-à-dire les avions
de loisir eux sont décrits comme étant moins bruyants
mais «longs» et répétitifs.
Les riverains interrogés ont essayé de décrire le
passage
d’un avion
. Ils l’entendent arriver puis ça bourdonne (les
petits) ou on entend le déchirement de l’air (les gros, les
jets). Quand il est au-dessus de leur tête, ils ont le senti-
ment que cela dure longtemps, c’est du bruit qui «reste».
L’éloignement correspond à une diminution du bruit jusqu’à
ne plus l’entendre.
La plupart des riverains de Lyon-Bron sont attirés visuel-
lement par le bruit des avions. Ils les regardent : simple-
ment par plaisir, par curiosité (voir les inscriptions sur la
carlingue, …), par réflexe souvent, parce que attirés par
un bruit jugé inhabituel (les riverains parlent souvent des
«ratés» des moteurs). Le sentiment d’intrusion visuelle
concerne le fait que les avions qui volent bas, au-dessus
des espaces privés (jardin par exemple), donnent parfois
aux riverains le sentiment d’être vus et même épiés. Les
riverains de Corbas qui eux voient les pistes depuis leur
domicile disent ne pas chercher à les repérer quand ils
les entendent.
Les
manœuvres de décollage et d’atterrissage
sont
bien décrites, montrant ainsi que les riverains sont capa-
bles de les reconnaître. Ainsi, le décollage est perçu
comme plus aigu, le moteur est à pleine puissance et est
à ce moment-là très bruyant, alors qu’à l’atterrissage, le
moteur ronronne. Le «touch and go» est aussi repéré et
considéré comme particulièrement stressant et lancinant.
Les riverains de Corbas qui habitent Marennes ont davan-
tage de mal à identifier ces différentes manœuvres, du
fait, disent-ils, que, lorsque les avions arrivent au-dessus
de leurs habitations, ils sont en survol. Par ailleurs, le fait
de ne pas voir ces manœuvres suffit, semble-t-il, pour
eux, à justifier leur incapacité à les reconnaître. D’autres
estiment être «habitués», et donc ne pas faire attention
au bruit.
Les
différentes périodes d’activité de l’aérodrome
sont clairement identifiées. Ce sont : le printemps et l’été
principalement, plutôt les week-ends. Elles débutent vers
9-10 h le matin, et se poursuivent jusqu’à 18-20 h le soir.
En semaine, les avions sont entendus soit régulièrement
toute l’année (c’est le cas des jets d’affaires qui décollent
le matin et rentrent le soir), soit plutôt en fin d’après-midi.
La plupart des riverains estime que l’activité est soutenue
les week-ends et en particulier entre 12 et 14h, moment
où ils souhaiteraient un peu de calme.
Estimer le
nombre de mouvements dans une journée
(où l’activité est particulièrement soutenue) est souvent
difficile et imprécise. Cela va de 1 par heure, passe par
une dizaine par WE à 60, voire 100. On retiendra que si
l’on se réfère aux mesures acoustiques, l’appréciation de
ce nombre est le plus souvent sous-estimée.
Par ailleurs, l’estimation de la
hauteur de vol
est très
difficile et souvent impossible ou fantaisiste et va de
moins de 30 mètres à plus de 500, jusqu’à 800 m. Cette
sous-estimation fréquente de la hauteur des survols est
sans doute révélatrice de l’importance accordée à l’as-
pect visuel (atteinte à l’intimité) associé à l’activité d’avia-
tion légère (survols à basse altitude). On peut alors se
demander dans quelle mesure cette dimension ne vient
pas renforcer le sentiment de gêne sonore.
Si l’on s’intéresse à la gêne à proprement parlé, il a été
constaté que l’
activité à l’origine de la gêne
la plus
importante parmi toutes celles pratiquées à l’aérodrome,
est l’activité classique des avions qui partent et reviennent,
leur va et vient continu. Cependant, un certain nombre de
riverains disent ne pas être gênés du tout.
Les conséquences (quand elles existent) de la présence
de l’aérodrome sur leur vie de tous les jours se traduisent
principalement par une perturbation des activités à l’exté-
rieur. Il s’agit de : discuter dehors, déjeuner ou dîner dans
le jardin, lire dans le jardin ou faire une sieste à l’extérieur
et de manière plus ponctuelle : jouer au tennis, dormir la
journée pour une personne travaillant la nuit.
L’évaluation de la gêne
à partir d’échelles ou de notes
montre que les personnes interrogées autour de l’aéro-
drome de Lyon-Bron sont moyennement gênées par le bruit
des avions. La note moyenne pour l’ensemble de ces rive-
rains est de 6 sur 10, donc légèrement au-dessus de la
moyenne. Six des 15 personnes interrogées disent être
«beaucoup» ou «extrêmement» gênées. Aucune ne se dit
«pas du tout gênée». Autour de l’aérodrome de Corbas,
la note moyenne pour l’ensemble des 14 personnes inter-
rogées est de 3 sur 10, donc sensiblement en dessous
de la moyenne. Aucune personne ne se dit « beaucoup »
ou « extrêmement » gênée.
La gêne due au bruit de l’aviation légère