3
Progrès dans le domaine de l’acoustique
physiologique, applications aux surdités
Le dépistage, le diagnostic et la prévention
des atteintes de l’audition
Paul Avan
Laboratoire de biophysique
sensorielle (EA 2667)
Université d’Auvergne
Faculté de Médecine
28, place Henri Dunant
63000 Clermont-Ferrand
Tél. : 04 73 17 81 30
Fax : 04 73 26 88 18
E-mail : paul.avan@u-clermont1.fr
Position des problèmes, sous l’angle médical
La surdité reste un important problème de santé publique
qui, bien que ses statistiques restent remarquablement
floues, touche vraisemblablement près de 5 millions de
personnes en France. Dans leur grande majorité, ces surdi-
tés apparaissent et évoluent en relation avec le vieillisse-
ment, sachant que le vieillissement auditif est souvent le
résultat combiné de l’âge et d’agressions subies par les
oreilles, parmi lesquelles l’exposition chronique au bruit
est au premier plan. Le bruit a pour origine le plus souvent
soit le milieu professionnel, soit le monde des loisirs et de
la musique, notamment amplifiée. Le bruit en milieu profes-
sionnel fait l’objet de réglementations européennes de
plus en plus strictes qui donnent au travailleur exposé, au
moins en théorie, une protection efficace. L’exposition aux
sons forts en relation avec la musique amplifiée est, elle,
d’apparition relativement récente : il y a deux décennies
à peine, l’exposition de longue durée à la musique ampli-
fiée ne pouvait guère se concevoir que pour les publics
de concert – en mettant à part les musiciens profession-
nels – , donc pour des expositions occasionnelles. L’usage
à fort niveau des baladeurs était limité par la consomma-
tion en piles et la médiocre qualité sonore : depuis quel-
ques années ces limitations n’existent plus. La limitation
des niveaux de sortie à 100 ou 105 dB ne protège guère
que pour les expositions brèves. La législation en termes
de bruit professionnel limite l’exposition à 80 dB (A) en
niveau continu équivalent pendant 8 h par jour, or une
exposition quotidienne de 100 dB à de la musique de bala-
deur MP3, pendant ne serait-ce que 2 h ce qui semble
une durée d’utilisation relativement courante, dépasserait
largement la limite légale. Il est vrai que cette exposition
n’entre pas dans le cadre visé par les textes puisqu’elle
est volontaire et librement choisie, bien que peut-être de
manière non éclairée !
Bien que représentant une minorité de cas, la surdité de
l’enfant reste un problème essentiel qui doit être rapide-
ment pris en charge en raison de l’impact d’une surdité
sur les apprentissages. Un nouveau-né sur 1 000 environ
est porteur d’une surdité neurosensorielle plus ou moins
sévère, stable ou évolutive. Près de 70% de ces surdités,
on le sait depuis peu, sont probablement ou certainement
Résumé
La surdité est plus que jamais un problème de santé publique avec l’allongement de
la durée de vie et l’impact des presbyacousies sur la vie professionnelle et sociale.
L’acoustique physiologique a conduit, ces dernières années, à mieux comprendre le
fonctionnement normal et pathologique du système auditif, ce qui permet d’établir les
bases d’une prévention plus efficace puisque les sources d’agression, comme le bruit,
ont peu diminué. La prévention passe aussi par un dépistage plus sensible – ce qui
est fait – et plus systématique – ce qui peut largement progresser. La prise en charge
des surdités aux stades précoces – ou même tardifs, et ce quel que soit le degré de
perte auditive – est désormais possible grâce à des appareillages électroacoustiques,
parfois implantables, de performances croissantes, et plus l’appareillage est précoce,
plus il est efficace.
Abstract
The increasing prevalence of deafness makes it a prominent issue considering the
increase in average life duration and the damaging consequences of presbycusis
on social and professional life. Physiological acoustics has recently brought forward
novel concepts allowing a better understanding of normal and damaged auditory
function. This leads to increasingly efficient prevention as the most frequent causes
of hearing damage, exposure to noise, persists. Prevention is also improved through
implementation of more sensitive and broader screening programs. Intervention at early
stages of deafness –or even later, regardless of the degree of hearing loss– is possible
with the help of electroacoustic hearing aids, sometimes implanted, that perform
increasingly better and the earlier they are fitted, the more efficient.