21
que améliore les performances des sujets comparée à
une des deux autres solutions (aide auditive ou implant
cochléaire).
Le bruit rend particulièrement difficile la communication
chez les patients atteints d’une surdité profonde partielle.
L’EAS a montré une amélioration significative de la percep-
tion de la parole pour de tels patients [7,16]. Les études
EAS ont également montré une meilleure perception de
la musique. Les patients EAS ont noté une qualité de
son plus naturelle et une perception de la musique plus
agréable.
Malgré les résultats décrits ci-avant convaincants sur des
groupes patients, individuellement les résultats restent
variables et hétérogènes. Certaines études relatent des
cophoses post-chirurgicales ainsi que des mauvais résul-
tats apparemment inexplicables par rapport aux critères
pronostiques de départ.
En plus d’avoir progressé sur les techniques chirurgica-
les mini-invasives afin de limiter le risque de cophose, il
nous a semblé intéressant de mieux définir les critères
d’indication. En effet, des audiométries tonale et vocale
classiques ne nous semblent pas suffisantes pour évaluer
les capacités du patient. L’utilisation d’un système EAS a
pour fonction d’utiliser les reliquats graves exploitables
par l’acoustique et passer le relais à la stimulation électri-
que pour les fréquences aiguës non exploitables. Encore
faut-il être sûr que le patient n’utilise pas acoustiquement
les fréquences aiguës pour comprendre! Il nous a semblé
intéressant, en plus de la batterie de tests classique, de
faire une audiométrie vocale filtrée passe-bas au patient.
La figure 8 vous donne 4 exemples typiques et possibles
de résultats à ce test.
Pour le patient 1, tout comme pour notre modèle décrit ci-
avant, l’intelligibilité croît à partir de 353 Hz. Par contre,
celle-ci sature vers 707 Hz. Ce cas de figure semble être
une bonne indication car au-delà de 707 Hz, l’information
envoyée n’améliore pas l’intelligibilité. Le fait d’insérer
un porte-électrodes le long du premier tour de cochlée
n’aura donc a priori pas de conséquences sur son intel-
ligibilité (la fin du premier tour de cochlée correspond à
1 000 Hz environ).
Pour le patient 2, notre test apporte une information supplé-
mentaire à l’audiométrie vocale classique. En effet, son
intelligibilité avec de la parole filtrée à 707 Hz passe-bas
est supérieure à la parole non filtrée (on a 65% au lieu de
40%). Cette baisse d’intelligibilité est probablement liée
aux interactions délétères entre les fréquences graves
et les fréquences aiguës sur cette cochlée pathologi-
que. Pour les mêmes raisons que le patient 1, le patient
2 semble être une bonne indication à l’EAS.
Pour le patient 3, l’intelligibilité est croissante en fonction
de la fréquence de coupure passe-bas de la parole. Elle
ne sature pas. Le fait de mettre un porte-électrodes dans
cette cochlée semble risqué puisque le patient utilise les
fréquences aiguës pour comprendre. Ce cas de figure est
donc une contre-indication à l’EAS.
Pour le patient 4, ses performances pour les fréquen-
ces graves en dessous de 707 Hz sont supérieures au
modèle défini à partir des normo-entendants. Avec les
707 premiers hertz, il comprend 84% de la parole. Par
contre, nous voyons que ses performances saturent au-
delà de cette fréquence. Sur des bases purement théo-
riques, ce patient pourrait être une bonne indication de
l’EAS. Néanmoins, du fait de ces performances extraor-
dinaires, probablement liées à une surdité congénitale, la
prise de risque de cophose lié à la chirurgie est trop impor-
tante. Ce patient est donc pour l’instant une contre-indi-
cation à l’EAS, mais à l’avenir, si l’on peut mieux contrôler
la soft chirurgie, il serait probablement la meilleure indi-
cation des 4 patients décrits.
Stimulation Electrique-Acoustique (EAS) : De nouvelles perspectives pour le traitement des surdités partielles
Fig. 7 : Pourcentage de reconnaissance des syllabes obtenu dans
différentes études pour les situations aide auditive seule
(ACA), implant cochléaire seul (IC) et implant cochléaire
combiné à une aide auditive ipsilatérale (IC+ACA)
Percentage of syllables recognition, results from
several studies for the situations ”Hearing Aid only”
(ACA), “Cochlear Implant only” (IC)and ”Cochlear
Implant combined with Hearing Aid” (IC + ACA)
Fig. 8 : Résultats de « l’intelligibilité des syllabes (listes
dissyllabiques de Fournier) en fonction de la fréquence
de coupure du signal filtré en passe-bas » obtenus avec
4 oreilles malentendantes. La courbe bleue représente
le modèle obtenu chez le normo-entendant. La courbe
rose représente le score obtenu par le malentendant.
La flèche rouge indique la fréquence de saturation
du malentendant et la flèche bleue indique le plateau
d’intelligibilité correspondant à cette fréquence.
Results of “Syllables intelligibility (Fournier’s lists of
disyllabic words) depending on the low-pass cut-off
frequency” achieved with 4 hearing-impaired ears.
The blue curve reprensents the model obtained with a
normal-hearing population. The pink curve is the score
achieved by the hearing-impaired listener. The red
arrowshows the saturation frequency of the hearing-
impairted subject and the blue arrow shows the ceiling
of intelligibility corresponding to this frequency.