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Spécial “ Acoustics’08 ”
Acoustique
&
Techniques n° 53
L’industrie du spectacle et de la reproduction sonore
- étudier l’impact sur les riverains pour valider la faisabilité ;
- minimiser au maximum les nuisances sonores : choix de
matériels de diffusion directionnels, limitation de l’espace à
sonoriser, choix des programmes musicaux et des horaires
de diffusion, implication des ingénieurs du son ;
- limiter les durées, les fréquences, respecter les horaires
des spectacles.
Ce travail devrait aboutir à une proposition d’élaboration d’un
outil d’évaluation de l’impact sonore
des manifestations
musicales mettant en relation une grille de critères objectifs
et des mesures conservatoires ou/et compensatoires.
L’acoustique bien au cœur du problème n’en reste pas
moins qu’un des éléments de la réussite des projets, qu’il
s’agisse de salles de spectacles ou de manifestations en
plein air. Le partage des compétences reste incontournable
pour obtenir des résultats.
Enfin et en conclusion, on peut se demander si l’art a
beaucoup gagné à tomber entre les mains des marchands
mais qu’on se garde bien d’en conclure à une déchéance
quelconque. Ce qu’il faut retenir c’est que le public restera
toujours sensible au charme individuel des interprètes, c’est
peut-être ce qui sauvera la musique de la main-mise de la
technique.
L’industrie de la reproduction sonore
L’époque actuelle a la particularité d’offrir au plus grand
nombre l’accès à la culture musicale par des moyens
très variés. Elle crée les conditions d’habitudes d’écoute
multiples, avec des moyens techniques de qualité
connaissant des fortunes diverses.
D’un côté, on peut constater le regain de grandes messes
musicales : grands concerts de musiques populaire ou
classique, mis en scène pour le plus grand nombre de
spectateurs, qui vivent alors simultanément une expérience
sonore ; et à l’autre extrémité, on voit se généraliser l’écoute
solitaire nomade au casque, l’auditeur pouvant embarquer
dans sa poche une collection d’œuvres qui peut être très
importante en quantité.
Si les apparitions de la radio, du microsillon ou de la cassette
ont été à l’origine de l’industrialisation des supports audio,
celle-ci est aujourd’hui remise en cause par les échanges de
fichiers musicaux sur les réseaux peer to peer (P2P) d’échange
de fichiers (comme par exemple Kazaa, Ares ou autres eMule),
qui sont rendus responsables de la réduction des ventes de
musique enregistrée depuis la fin des années 90.
Entre 2002 et 2007, le marché des ventes audio a été
pratiquement divisé par deux en France passant de 940
M
€
à 409 M
€
. Se sont les ventes de single qui ont le plus
chuté, le marché de la musique classique (8 % environ du
marché global) est le moins touché.
Mais revenons aux causes de ce marasme.
La dématérialisation des supports et les techniques de
compression des données ont remis en cause l’organisation
de la distribution.
La plus utilisée est le MP3 (Mpeg 2 layer 3). Il s’agit d’un
format audio qui utilise une compression destructive
2
,
profitant des caractéristiques de l’oreille humaine peu
sensible à certaines parties du son, perçues de façon quasi
inaudibles. La quantité de données nécessaire à l’encodage
peut ainsi être réduite jusqu’à un facteur douze, rendant
possible le chargement de morceaux de musique entiers via
internet avec des durées raisonnables. Un autre avantage
est de pouvoir écouter de la musique sur des matériels de
plus en plus miniaturisés, que l’on emmène en tout lieu.
Parallèlement, les techniques d’enregistrement se sont
adaptées à l’écoute en ambiance bruyante, notamment
par la compression de la dynamique du signal.
Chargement gratuit ou à faible coût, écoute en tout lieu sont
la contrepartie d’une optimisation de la numérisation souvent
préjudiciable à la restitution des anciens standards.
L’industrie de la reproduction sonore doit faire face à
cette déferlante et les conditions juridiques de l’accès à la
musique via internet font toujours débat.
D’un autre côté, cette même industrie propose des supports
offrant une qualité de reproduction des signaux musicaux
jamais égalée jusqu’alors sur des supports pratiques
d’utilisation ; c’était déjà l’argument du Compact Disc lors
de son apparition au début des années 80 mais force est
de constater que ce dernier souffre de la comparaison
avec des pressages réalisés sur DVD-Audio ou SACD.
Malheureusement, guerre économique des formats
oblige, aucun de ces 2 standards n’a connu d’existence
commerciale véritable, le catalogue d’œuvres disponibles
dans ces formats reste assez anecdotique. Les supports
de stockage de l’image devraient selon toute vraisemblance
constituer une offre de remplacement au moins aussi
intéressante qualitativement. Car c’est là une composante
forte de l’équation, l’offre sonore est bien souvent liée à
l’image, dans une logique commerciale qu’on peut résumer
par :«plus pour le même prix».
C’est ainsi que les réseaux de radio numérique sont pensés
pour permettre de véhiculer non seulement des sons mais
aussi des images sensées enrichir les contenus, ou du
moins les rendre plus attrayants.
En termes de formats de reproduction, on peut constater
que les voies empruntées sont issues de l’industrie
cinématographique avec principalement l’incontournable
format 5.1. Ce compromis est relativement satisfaisant
dans le traitement d’une scène frontale en regard du
nombre de canaux mis en jeu, ce système est inadapté
pour la reproduction de situations sonores non polarisées
et nécessitant une bonne précision de localisation. Dans sa
volonté de standardisation des formats, dont la justification
réside dans la possibilité de produire en masse, l’industrie
laisse pour l’instant peu de place à des formats plus
novateurs.
On peut espérer que la possibilité qu’offre internet à des
auteurs musiciens, à de nouvelles structures de production
et à des développeurs de nouvelles techniques de s’adresser
directement à des auditeurs, permettra à la fois de
réorganiser les réseaux de distribution et de poursuivre le
développement des techniques de reproduction.
n
2- Par exemple : simplification des codes redondants, pas d’encodage des sons
masqués, encodage en mono des basses fréquences, etc.