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Spécial “ Acoustics’08 ”
Acoustique
&
Techniques n° 53
Côté musiques savantes, le cahier des charges de la
future salle de la philharmonie de Paris affiche aussi une
volonté d’ouverture et de fréquentation intense. Une salle
à capacité importante, 2 400 places, accueillera à la fois
des grandes formations symphoniques mais aussi les
musiques du monde, les orchestres de Jazz, voire des
variétés. Programme ambitieux, à la limite des savoir-faire
acoustiques pour conserver les notions d’enveloppement
et d’intimité chères au public.
L’audience explose aussi pour un opéra joué en plein air au
Stade de France à Saint-Denis (93) ou encore, plus de 70
000 spectateurs se sont pressés devant la grande scène
de la Fête de l’Huma à La Courneuve (93) pour écouter
l’orchestre symphonique de Radio
France. Autant dire que les esthètes
ont un peu de mal à s’y retrouver !
Les concerts en plein air sont aussi
victimes de leurs succès. Des foules
de plus en plus grandes se réunissent
au Parc des Princes, à la Villette pour
Paris. On pourrait aussi citer les
festivals de Bourges, de la Rochelle,
des Vielles Charrues en Bretagne…
On veut jouer tout, partout, devant le
maximum de monde !
Pour cela, on doit envoyer le signal
sonore le plus loin possible, un vrai
challenge pour les très grandes
audiences. À partir des années 60,
on a vu croître ces empilements de
haut-parleurs que l’on appelait des
châteaux jusqu’à ce qu’ils deviennent
de véritables murs auprès desquels
on pouvait s’assourdir à souhait. En
revanche, dès qu’on s’en éloignait, le
niveau sonore diminuait rapidement.
Les interférences entre haut-parleurs étaient importantes
et entachaient la réponse en fréquence ainsi que la qualité
du rendu d’une place à une autre.
Il faudra attendre 1988 pour voir apparaître les premières
«lignes source». Échafaudés sur la remise en phase d’une
colonne de haut-parleurs afin d’obtenir une onde plane à la
sortie de l’enceinte, les concepteurs utilisent des systèmes
de guide d’onde. Selon les travaux de Christian Heil et
Marcel Urban, pour obtenir une source linéaire, il faut que
l’enceinte respecte les critères de la WST : Wave Sculpture
Technology. Cette technologie permet de contrôler le
front d’onde sonore. Ce dernier se caractérise par une
décroissance de 3 dB lors du doublement de la distance
entre l’auditeur et la source, portée acoustique beaucoup
plus importante qu’un empilement de
haut-parleurs.
La couverture de l’auditoire est
homogène et en théorie, le spectre
est identique en tout point : chacun
a payé sa place et mérite la même
qualité sonore ! Plusieurs fabriquants
revendiquent aujourd’hui un système
dit line array : Nexo, Duran Audio,
Adamson, L-Acoustics, et bien d’autres
encore. Cette technologie a été mise
en œuvre pour la première fois avec
le système DOSC (Diffuseur d’Ondes
Sonores Cyclindriques) dès 1988
avec un premier aboutissement avec
le V-DOSC par Christian Heil.
Pour les lieux fermés, les problèmes
sont différents. L’acoustique des salles
requiert une culture pluridisciplinaire
pour s’intégrer dans le processus de
conception des lieux d’écoute. Si son
L’industrie du spectacle et de la reproduction sonore
Fig. 1 : Le plus grand Zénith de France à Strasbourg (10 à 12000 places)
Fig. 2 : La future salle de la philharmonie de Paris (projet Jean Nouvel)