Spécial “ Acoustics’08 ”
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Acoustique
&
Techniques n° 53
L’industrie du spectacle et de la
reproduction sonore
L’industrie du spectacle
Officiellement recommandée pour remplacer le terme show-
business, l’expression «industrie du spectacle» prend toute
sa signification dans un contexte où le spectacle a tellement
évolué qu’il doit se rassasier d’une technique toujours plus
complexe pour un public de plus en plus nombreux.
La musique dite savante ne réussissant qu’à satisfaire un
public «connaisseur et traditionnel» déjà acquis et de plus
en plus âgé, elle essaye de tirer son épingle d’un jeu qui
est devenu très concurrentiel.
À Paris, par exemple, l’offre des salles est grossissante :
Salle Pleyel, Cité de la musique, Théâtre du Châtelet, Théâtre
de la Ville, Opéra de Paris, auditorium de Radio France,
Théâtre des Champs-Elysées, future salle de la Philharmonie
à la Villette ; quant au coût des grands concerts, il explose :
on parle de 250 000
€
par soirée pour l’orchestre de Berlin,
de 300 000
€
pour celui de Chicago… Enfin le public jeune
plutôt découragé par le prix des places est peu attiré par
un accueil par trop solennel.
La production des musiques du monde ou populaires a elle
aussi beaucoup évolué. On y cherche des sensations fortes,
contemplatives mais aussi actives. Si pour certains il faut
préserver l’émotion épique, l’idéalisme romantique ou encore
le classicisme, pour d’autres, très probablement le plus
grand nombre, ils ne suffisent plus à transcender l’émotion,
ils deviennent un art abstrait, réservé à une catégorie
d’initiés. Il faut élargir le champ de la perception.
La musique ne se suffit plus à elle-même et on privilégie la
mise en scène où la lumière et l’image, dont la définition ne
cesse de croître, se taillent la part du lion. Mais l’exigence
sonore a elle aussi terriblement évolué. Son que l’on
souhaite clair, précis, dans lequel on veut se baigner et
dont la vibration doit pénétrer non seulement notre appareil
auditif mais aussi l’ensemble de notre corps afin d’exciter
la moindre de nos cellules. Ivresse des basses fréquences,
rythmes qui induisent une participation plus physique, qui
incitent à la danse, danger des trop forts niveaux pourtant
si favorables à la cohésion du groupe des auditeurs…
Les genres musicaux et les interprétations ont évolué
avec leur temps et influencent la création de lieux d’écoute
spécifiques. Ces derniers ont dû ainsi s’adapter à ce public
que les organisateurs veulent toujours plus nombreux et
qui souhaite bien entendre et bien voir en toute place. Mais
ils ont dû s’adapter aussi aux évolutions de la distribution
de la musique. Le disque, piraté sur internet n’est plus
tout à fait aussi rentable et, il va falloir compenser le
manque à gagner avec le spectacle vivant. Ce phénomène
commun à la musique classique aussi bien qu’aux musiques
actuelles, influence directement le spectacle et par voie
de conséquence la technique et jusqu’à la conception des
lieux d’écoute.
Le premier exemple est le concept Zénith, résultat d’un
besoin latent : fournir aux musiques actuelles une salle
spécialement adaptée à leur diversité. Il se concrétise avec
deux architectes, Philippe Chaix et Jean-Paul Morel qui,
avec Daniel Colling et Daniel Keravec, des professionnels
du spectacle, inventent le concept Zénith dans les années
80. Le public ne s’y trompe pas, conçu au départ comme
une structure temporaire, le Zénith de Paris, situé sur le
Parc de la Villette, est toujours aussi performant vingt-cinq
ans après son inauguration. Quinze Zénith ont vu le jour
depuis dans toute la France et deux autres sont encore
en construction. L’appellation «Zénith» est une marque
déposée, dont l’usage est contrôlé par la société Coker qui
programme la salle de la Villette à Paris et par le ministère
de la Culture. L’utilisation du nom Zénith est soumise au
respect d’un cahier des charges qui garantit les conditions
optimales de réalisation et de gestion de la salle.
Richard Denayroux
Altia Acoustique
5, rue de Cléry
75002 Paris
E-mail : altia@altia-acoustique.com