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Spécial “ Acoustics’08 ”
Acoustique
&
Techniques n° 53
L’audition comme domaine d’application de l’acoustique (à la physiologie, à la médecine, à la prévention et à la réhabilitation des surdités)
(ainsi qu’aux pharmacologues) : améliorer les systèmes
de protection (casques, bouchons) en les adaptant aux
situations particulières ou métrologiquement difficiles
(bruits impulsifs par exemple), et tenter d’intervenir dans
l’oreille interne elle-même pour protéger ou réparer, en
instillant des molécules adaptées. La réparation peut aussi
concerner le système nerveux central lorsqu’un acouphène
(bourdonnement ou sifflement perçu en l’absence de tout
son réel dans le monde extérieur, parfois vécu comme une
torture permanente par sa victime) se manifeste en réponse
à une exposition excessive. La pharmacologie ayant échoué
à résoudre le difficile problème d’un acouphène installé, peut
tenter de se montrer efficace en prévenant précocement
l’installation de celui-ci. Une alternative acoustique vise à
exposer un acouphénique à des sons de structure spectrale
proche de celle de son acouphène, pour «déshabituer» ses
centres corticaux et les aider à l’effacer.
Une approche plus appliquée, avec des débouchés
industriels importants, consiste à développer des méthodes
permettant aux appareils auditifs d’être plus efficaces. La
conquête du marché de l’audioprothèse par le numérique
ouvre à de nombreuses innovations. La souplesse des
réglages et le nombre de canaux sur lesquels les réglages
peuvent être modulés sont des avantages évidents. L’apport
des anti-Larsen actifs a déjà été mentionné.
La technologie des réseaux de microphones beamformers
a également permis de développer des appareils qui par
leur directionnalité, diminuent l’impact du bruit environnant
sur l’intelligibilité. Les recherches actuelles sont le plus
souvent couvertes par la confidentialité imposée par la
compétition industrielle, elles vont particulièrement dans le
sens de tentatives de débruitage du signal, le bruit restant
l’ennemi n°1 du sujet sourd dont la cochlée a perdu ses
capacités de sélectivité.
Bilan quantitatif
Le domaine de l’audition est particulier car l’un des
domaines où les débouchés sont les plus évidents, celui
de la surdité, suppose l’intervention de professionnels
de santé ou de domaines comme l’audioprothèse dont
l’exercice est réglementé. Hormis dans le secteur très
malthusien de la recherche, fondamentale ou appliquée,
l’acousticien ne trouve sa pleine place que s’il est
également détenteur d’un des diplômes qui lui permettent
d’exercer. Il existe bien sûr un nombre non négligeable
(et sans nul doute très supérieur à celui rencontré dans
de nombreux autres domaines scientifiques frontières)
d’individus qui, après avoir effectué une démarche
de double formation, sont à la fois acousticiens et
intervenants dans le domaine de la surdité et de sa
réhabilitation. Cette démarche de double formation a
été judicieusement encouragée par l’existence de filières
universitaires pluridisciplinaires anciennes.
La formation au diplôme d’état d’audioprothèse a vu le jour
en France, il y a quelques décennies, grâce à l’implication
d’universitaires acousticiens et médecins, et cette formation
est certainement plus solide et plus adaptée à l’explosion
actuelle des technologies que celles d’autres pays.
Un grand débat actuel porte sur la création d’une véritable
filière universitaire de formation à l’audiologie, autre discipline
frontière en devenir entre médecine ORL, acoustique,
audioprothèse, Physiologie, psychophysique, etc. Chacun
pourrait y trouver ce qu’il y apporte, mais en 2008 la filière
n’existe pas encore… en France, tout au moins.
Si l’Acoustique est donc essentielle aux approches
physiologiques et perceptives de l’audition, et à celles des
déficits auditifs qu’il s’agisse de prévention, de diagnostic
ou de réhabilitation, en termes quantitatifs, les débouchés
offerts aux acousticiens sont à rechercher en périphérie,
dans les domaines dont l’acousticien est originaire.
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