Spécial “ Acoustics’08 ”
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Acoustique
&
Techniques n° 53
L’isolation acoustique des bâtiments
non-conformité avec une directive européenne qui indique
les exigences essentielles en matière de construction ?
Parmi ces exigences, on trouve la protection incendie, la
thermique… et l’acoustique.
La qualité acoustique d’un immeuble et les risques de
troubles de voisinage
Comme nous l’avons évoqué en préambule, la qualité
acoustique des logements existants est très variable
d’un type de bâtiment à un autre. Cela peut aller d’une
impropriété à destination jusqu’à une qualité digne des
meilleurs labels actuels.
Dans les bâtiments dotés d’une mauvaise, voire très
mauvaise, isolation acoustique, les troubles de voisinage
sont quasiment inévitables. On a trop tendance à mettre
systématiquement les problèmes de voisinage sur le compte
d’un mauvais comportement du fauteur de trouble. Or ces
problèmes peuvent avoir une composante technique non
négligeable qui rend difficile la mitoyenneté, quelle que soit
la bonne volonté des occupants.
Prenons le cas d’un bâtiment situé dans une zone
moyennement calme qui permet un niveau de bruit ambiant
dans un logement proche de 30 dB (A). Dans ce bâtiment,
comme il en existe malheureusement trop, l’isolement
acoustique aux bruits aériens entre étages est de 35 dB
et le niveau produit par la machine à chocs normalisée est
de l’ordre de 80 dB (A). Dès que la télévision du voisin est
à plus de 65 dB (A) et dès que le voisin marche dans son
logement, les émergences généralement tolérées pour ne
pas condamner le fauteur de trouble sont dépassées et
l’occupant du logement perturbé a toutes les raisons de se
plaindre. Notons qu’une télévision est plus souvent réglée
à 75 ou 80 dB (A) qu’à 65
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. Dans ce même bâtiment, il
faut attacher et bâillonner les enfants pour ne pas encourir
les foudres du voisin. La gravité de ce type de problème
est toutefois très souvent atténuée lorsque les voisins se
connaissent et s’apprécient.
En revanche, un bâtiment qui bénéficie d’un isolement
acoustique entre étages voisin de 45 dB et d’une isolation
aux bruits de choc de l’ordre de 70 dB (A), (immeuble
« haussmannien » en bon état), peut être utilisé sans trop
de contraintes à condition de penser que les voisins existent
et qu’ils pourraient être gênés par des bruits produits trop
forts.
Quant aux bâtiments à bonne qualité acoustique,
conformes aux exigences de la réglementation actuelle
pour les immeubles neufs, ils ne peuvent pas non plus
être utilisés sans précautions. Ce n’est pas parce qu’on
dispose d’isolements acoustiques de 54 ou 55 dB qu’on
peut produire dans une pièce un niveau de musique digne
d’une discothèque.
Ces exemples montrent qu’il devrait être possible de définir
une qualité acoustique minimale à associer aux règles
d’habitabilité ou de décence.
Comment le futur locataire ou acquéreur d’un logement
peut-il avoir une idée des risques acoustiques qu’il encourt ?
Le seul moyen est de pouvoir disposer d’une évaluation de
la qualité acoustique de l’immeuble basée sur le type de
construction et sur ce que l’on sait des transformations
effectuées. Cette évaluation devrait être intégrée dans
un multi diagnostic qui traite également des problèmes
d’amiante, de plomb, de radon, de consommation d’énergie
et … d’acoustique.
Les travaux d’amélioration ou la modification de la
qualité acoustique
La diversité des types de bâtiments et l’hétérogénéité dans
un même immeuble ont pour conséquence la nécessité
d’établir un diagnostic des structures avant de faire un
diagnostic acoustique. Pour celui-ci, le principe est d’évaluer
les isolements acoustiques prévisibles compte tenu des
structures et d’effectuer quelques mesures acoustiques.
Les résultats des mesures, comparés aux prévisions
permettent de déceler éventuellement des défauts localisés
qu’il y aura lieu de corriger.
Il faut éviter de dégrader l’acoustique par des travaux dans
d’autres domaines (se poser le problème, c’est déjà le
résoudre en partie). La mise à jour de poutres apparentes,
alors qu’elles étaient enfermées dans le plancher avec plus
ou moins de remplissages ne peut que dégrader l’isolement
acoustique entre étages. Le remplacement d’un parquet sur
lambourdes par un carrelage exécuté sans précautions de
désolidarisation ne peut qu’augmenter le niveau de bruits
de chocs…La jurisprudence considère comme faute la
dégradation des performances acoustiques de l’existant.
Les approches sont différentes suivant qu’on traite un
logement ou tout un bâtiment. Pour un bâtiment complet,
on peut se fixer des objectifs acoustiques voisins de ceux
qui sont exigés dans les bâtiments neufs. Pour un seul
logement, on doit souvent se contenter d’objectifs de moyens
consistant à définir des performances acoustiques minimales
pour les produits ou équipements qui seront utilisés.
Le secteur tertiaire
Commerces
1 850
Bureaux
1 700
Enseignement
1 600
Santé
1 000
Sports
650
Cafés, hôtels, restaurants
550
Habitat communautaire
475
Tabl. 2 : Parc de bâtiments tertiaires existants en
2004, en millions de m² (source SEREN)
Pendant longtemps, il n’y avait que des incitations à la
qualité acoustique sous forme de recommandations,
illustrées parfois par des guides de bonnes pratiques.
Ces recommandations n’étant pas toujours respectées,
les différents ministères de tutelle, aiguillonnés par la « loi
bruit » de 1992 et le ministère en charge de l’environnement
ont décidé de réglementer.
Les équipements publics
Sont concernés les établissements d’enseignement,
les locaux de sports, les établissements de santé, etc.
Actuellement, seuls les établissements d’enseignement et
les hôpitaux font l’objet d’exigences acoustiques précisées
par des arrêtés du 3 avril 2003. D’autre arrêtés sont en
projet pour les locaux à usage de sport et les bâtiments
1- Bien que la norme française P 05-100 relative aux conditions normales d’usage
d’un logement recommande de ne pas dépasser 65 dB (A) dans ce logement