10
Spécial “ Acoustics’08 ”
Acoustique
&
Techniques n° 53
L’isolation acoustique des bâtiments
constituant les locaux. La plus grande précision des méthodes
de prévision s’accompagne d’une plus grande complexité,
assez incompatible avec les calculs rapides, manuels. D’où
le recours à des logiciels informatiques, utilisables par ceux
qui ne possèdent que les notions de base en acoustique
du bâtiment. Pour les méthodes, on peut citer les normes
européennes de la série EN 12354- parties 1 à 6, pour les
logiciels, on peut évoquer Acoubat, mis au point par le CSTB
(Centre scientifique et technique du bâtiment).
Les performances acoustiques des produits
Elles sont mieux connues : cela est évident lorsqu’on
examine les performances des parois légères isolantes
ou celles des complexes de doublage de parois en
maçonnerie. Pour ces derniers, on observe une tendance
à lier les performances acoustiques et les performances
thermiques, ce qui a donné naissance au polystyrène
élastifié ou PSE, nettement meilleur en acoustique que le
polystyrène standard.
La qualité acoustique des logements neufs est cependant
menacée par un certain nombre de freins :
Les habitudes acquises grâce à l’information et à la
formation sont à modifier
L’harmonisation européenne conduit à l’apprentissage d’un
autre langage, voire à l’utilisation de méthodes nouvelles sans
liaison évidente avec les pratiques précédentes (cas des bruits
de chocs). Notre ancien isolement acoustique normalisé
entre locaux D
nAT
, exprimé en dB (A), devient un isolement
acoustique standardisé D
nT,A
, exprimé en dB, bien que calculé
en dB (A). Le niveau des bruits de chocs n’est plus exprimé
en dB (A), mais en dB et est déterminé par comparaison du
spectre mesuré avec une courbe de référence.
Les mesures de contrôle a posteriori sont trop peu
nombreuses
Non seulement, il n’y a pas beaucoup de mesures, mais,
en plus, elles ne font pas l’objet d’une large diffusion.
Une publication régulière des résultats, dans les revues
lues par les constructeurs, avec la mise en évidence des
non-conformités constatées permettrait de maintenir une
pression suffisante pour que l’acoustique du bâtiment ne soit
pas négligée. Or, actuellement, les constructeurs pourraient
penser qu’ils bénéficient d’une certaine impunité.
Dans les années 70, période au cours de laquelle la première
réglementation acoustique était à respecter, les mesures ont
été très nombreuses. L’exploitation des résultats, associés
à la description des configurations testées, a permis de
faire de très rapides progrès. Le manque de mesures actuel
risque de ralentir la validation de techniques nouvelles.
L’approche multifonctions de la construction
n’est pas toujours faite
L’évolution des règlements dans les autres
domaines que celui de l’acoustique conduit
à la nécessité de coordonner les études
prévisionnelles de façon à viser des zones
de compatibilité des différentes fonctions
d’un bâtiment. Cette coordination est
rarement assurée par les concepteurs. Dans
ce domaine, on peut citer les conflits entre
l’isolation thermique, l’aération des logements
et l’isolation acoustique. L’évolution rapide de la
réglementation thermique, avec à court terme
la nécessité de traiter les ponts thermiques
constitués par les liaisons des façades avec
les parois intérieures, devrait être l’occasion
de faire plus systématiquement une approche
globale «thermique – acoustique».
Depuis 1996, il existe une démarche dite
Haute Qualité Environnementale qui considère
un ensemble de quatorze cibles, dont une
dédiée à l’acoustique. Cette démarche,
qui n’est actuellement applicable qu’aux
bâtiments tertiaires et scolaires, est en cours
de développement pour d’autres domaines
du bâtiment. Son strict respect permet –
théoriquement – de coordonner l’action des
divers acteurs du projet de construction.
Les logements existants
Dans ce chapitre, on pourrait se contenter de constater
que pour les bâtiments existants, il n’y a aucune obligation
réglementaire à l’amélioration de leur qualité acoustique.
On trouve dans certains règlements de copropriété la
notion de remplacement d’un revêtement de sol ou d’un
équipement par un produit de qualité acoustique équivalente
à celle de l’élément remplacé (qualité acoustique d’origine
ou juste avant le remplacement ?).
Non seulement la réglementation est muette sur les
performances acoustiques à obtenir après travaux dans
les immeubles existants, mais elle est également muette
lorsqu’elle définit les critères d’habitabilité (voir l’annexe de
l’arrêté du 10 janvier 1979 relatif à la nature des travaux
d’amélioration […]) ou de décence d’un logement (voir la loi
SRU et ses futurs décrets d’application). Ne s’agit-il pas d’une
Fig. 1 : Carte de la répartition par région des 140 bureaux
d’études ou ingénieurs-conseils en acoustique
du bâtiment en France métropolitaine