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Spécial “ Acoustics’08 ”
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Acoustique
&
Techniques n° 53
L’isolation acoustique des bâtiments
des isolations plus fortes. Une des conséquences a
été de creuser encore plus l’écart entre la qualité des
constructions neuves et celle des bâtiments anciens. Une
autre conséquence est la nécessité de réaliser des études
prévisionnelles plus précises afin, d’une part de ne pas
trop renchérir le coût de la construction et, d’autre part,
de ne pas risquer de non-conformités lors des contrôles
a posteriori.
Les textes réglementaires fixent des exigences minimales
en matière d’isolation acoustique pour les logements neufs.
Leur respect n’assure pas forcément le confort acoustique
des logements. Notamment, dans le cas d’ambiances
particulièrement calmes, des valeurs d’isolements
supérieures aux exigences réglementaires devraient être
prévues. Il faudrait que le constructeur ne se contente pas
de viser la satisfaction du règlement mais plutôt le confort
de l’occupant.
Cas des logements neufs
Un contexte de plus en plus favorable
Révisions de la réglementation acoustique
Le 28 octobre 1994, une nouvelle réglementation relative
aux caractéristiques acoustiques des bâtiments d’habitations
neuves, appelée couramment NRA, remplace le texte de
1969 avec ses modifications de 1975. La NRA est donnée
dans deux arrêtés applicables à partir du 1
er
janvier 1996,
l’un qui fixe les exigences acoustiques, toujours sous la
forme d’obligations de résultats, l’autre qui précise les
méthodes de mesure de réception et l’interprétation des
résultats de ces mesures. On peut noter une augmentation
des isolations acoustiques minimales des logements vis-à-
vis des bruits aériens, des bruits de chocs sur les planchers
et des bruits d’équipements individuels produits dans un
appartement voisin. La NRA couvre aussi des domaines
non traités dans la réglementation précédente : bruit
produit dans un logement par un équipement individuel
de ce logement comme les appareils de chauffage ou de
climatisation, bruits produits à l’extérieur de l’immeuble
(fixation d’un isolement acoustique minimal vis-à-vis des
bruits extérieurs de circulation routière).
Enfin, elle prévoit la correction acoustique des circulations
communes afin de diminuer le niveau sonore dans ces
espaces souvent trop réverbérants.
NB : Signalons que dans le domaine de la transmission des
bruits aériens, seule l’isolation acoustique entre logements
a été traitée par le législateur ; l’isolation entre pièces
d’un même logement n’a pas été abordée, avec toutes
les conséquences que l’on imagine quant à la coexistence
des générations !
Quant à l’arrêté qui fixe les méthodes de mesures a
posteriori, il conserve la notion de «tolérance» de 3 dB, pour
tenir compte de l’imprécision des mesures, en la baptisant
toutefois «incertitude». Les professionnels savent bien
que les sources d’incertitude sont nombreuses et qu’on a
besoin de ces 3 dB pour ne pas risquer de non-conformités,
alors qu’ils ont visé strictement les valeurs réglementaires.
Parmi ces sources d’incertitude, on peut citer les méthodes
de prévision elles-mêmes (qui font parfois appel à des
approches statistiques avec leurs plus et leurs moins), la
connaissance des caractéristiques des produits testés en
laboratoire (à combien de dB près ?), les techniques de
mise en œuvre (même très soignées), les méthodes de
mesures simplifiées in situ.
Il est à noter que les normes de mesures acoustiques in
situ ou en laboratoire ne donnent aucune indication sur
la précision des résultats. La réglementation ne fait que
pallier cette déficience de la normalisation. Toutefois, un
effort d’amélioration de la précision a été entrepris par
le Comité européen de normalisation (CEN) pour adapter
les normes internationales et européennes de mesurage
en laboratoire, avec, en particulier, la mise en œuvre de
codes de test précisant les conditions de montage des
éléments testés.
Les arrêtés du 28 octobre 1994 évoqués ci-dessus ont
été mis au point suite à une large et longue concertation
avec l’ensemble des professionnels du bâtiment. On peut
néanmoins regretter que les architectes non acousticiens
ou que les consommateurs n’aient pas ou peu participé
aux débats. En effet, plus les exigences sont élevées,
plus la conception est importante et plus il est nécessaire
qu’un intervenant joue le rôle de «chef d’orchestre» pour
harmoniser les interventions des différents corps de
métiers, et cela le plus en amont possible. Sans cette
coordination, les coûts ne sont pas maîtrisés et les risques
de non-conformités sont importants.
L’acoustique des bâtiments est un des rares domaines qui
peut être contrôlé en fin de chantier. C’est également un
domaine pour lequel les études prévisionnelles ne sont pas
rémunérées sinon en prélevant leur coût sur les honoraires
du maître d’œuvre.
Adaptation de la NRA aux nouveaux indices européens
Depuis le 1
er
janvier 2000, tous les pays de la Communauté
européenne doivent utiliser les indices uniques mis au
point par le CEN afin de caractériser les performances
acoustiques de produits et des bâtiments. Ces indices sont
différents de ceux qui sont utilisés en France jusqu’alors.
Pour les isolations aux bruits aériens l’adaptation est simple
et se traduit, pour les mêmes prestations par une diminution
de 1 dB des valeurs d’isolements acoustiques lorsque les
bruits émis sont «roses» et par des valeurs non modifiées
lorsque les bruits à l’émission sont de type trafic routier.
Par contre, pour les bruits de chocs sur les planchers, il n’y
a pas de corrélation évidente, si bien que les solutions qui
entraînaient une conformité stricte à la NRA risquent d’être
non-conformes à la valeur choisie pour traduire le règlement
en langage européen. Enfin pour les bruits d’équipements,
l’expression des résultats et les valeurs exigées restent
identiques à celles de la NRA.
Cette «traduction» a fait l’objet de deux arrêtés parus le 30
juin 1999. Comme pour la NRA, un arrêté fixe les exigences,
l’autre donne les conditions de mesures et d’interprétation
des résultats.
Des méthodes de prévision de plus en plus précises
Les isolations acoustiques dépendent d’un grand nombre
de facteurs liés aux caractéristiques de toutes les parois