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Spécial “ Acoustics’08 ”
Acoustique
&
Techniques n° 53
L’isolation acoustique des bâtiments
es logements existants ont des qualités acoustiques
très inégales liées aux modes constructifs utilisés, eux-
mêmes différents suivant les époques de construction et
les régions pour les bâtiments anciens, et suivant qu’il y
avait ou non des exigences réglementaires au moment de
leur construction.
Dans les logements anciens, on est passé des planchers
à solives en bois aux planchers à solives métalliques et
murs en maçonnerie. Cela correspond à une construction
très hétérogène favorable à la consommation de l’énergie
acoustique qui ne peut pas aller beaucoup plus loin que dans
les pièces directement mitoyennes du local dans lequel le
bruit est produit. En revanche pour les pièces superposées,
la transmission directe par le plancher pouvait être plus
ou moins importante suivant la nature du remplissage des
espaces entre solives et la présence ou non de chapes,
le plus souvent en plâtre, supports des parquets sur
lambourdes. En conséquence, les isolements acoustiques
entre locaux superposés peuvent être très mauvais, parfois
inférieurs à 35 dB (planchers sans remplissage avec un
parquet en surface et un plâtre sur lattis en sous-face), ou
très bons, supérieurs à 55 dB (planchers en bon état, avec
remplissage complet entre solives et une aire en plâtre en
support de parquet sur lambourdes). Une valeur moyenne
souvent rencontrée est voisine de 45 dB (planchers avec
remplissages partiels, sans aire en plâtre).
À partir des années 50, les constructions sont plus
homogènes avec des murs en maçonnerie associés à des
planchers à entrevous de terre cuite ou de béton, puis
à des planchers en dalles pleines de béton. Avec ces
techniques, les isolements entre logements
peuvent être supérieurs à 45 dB. Mais,
dans ces constructions, les transmissions
latérales par les parois liées aux murs ou
aux planchers de séparation sont souvent
prépondérantes, leur atténuation n’étant plus
assurée par l’hétérogénéité des matériaux
utilisés. Pour obtenir une isolation suffisante
dans ces configurations, il faut bien maîtriser
non seulement la transmission directe entre
les locaux mais aussi toutes les transmissions
par les parois latérales liées à la paroi de
séparation.
Avant 1958, aucune contrainte acoustique n’était donnée
par des textes à caractère réglementaire. Entre 1958 et
1969, seules les constructions bénéficiant de l’aide de
l’État étaient soumises à des exigences acoustiques plus
ou moins respectées, car peu contrôlées. Depuis 1969,
toutes les constructions neuves à usage d’habitation,
aidées ou non, sont soumises à une réglementation
acoustique donnant des obligations de résultats assorties
éventuellement de contrôles a posteriori et de sanctions
en cas de non-conformité. Cela s’est traduit par l’abandon
progressif des planchers à corps creux et par l’utilisation
presque systématique de murs et planchers en béton ou
en maçonnerie pleine.
Depuis 1994, un nouveau texte applicable à toutes
constructions neuves d’habitations à partir de 1996,
a remplacé la première réglementation et a imposé
Mathias Meisser
103, avenue Philippe Auguste
75013 Paris
E-mail : mathias.meisser@erenis.fr
Ce texte correspond en grande partie au chapitre que
j’ai rédigé sur le même thème pour l’ouvrage « La lutte
contre le bruit » de Dominique Pipard et Jean-Pierre
Gualezzi (Éditions du Moniteur – mai 2002). Je n’ai
fait que rajouter quelques idées et adapter le texte en
fonction des évènements intervenus entre la période
de l’écriture initiale et janvier 2008
Avant
1975
De 1975
à 1981
De 1982
à 1989
Après
1990
Maisons individuelles
8,5
1,8
1,7
2,4
Immeubles collectifs
7,6
1,3
0,8
1,6
Ensemble du parc de logements 16,1 3,1
2,5
4
Tabl. 1 : Décomposition du nombre de logements (en millions
suivant la date de construction (source SEREN)
Si on considère qu’un logement sur deux en immeuble collectif,
avant 1975, nécessite des travaux d’amélioration acoustique, cela
représente un marché potentiel de plus de 50 milliards d’euros.
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