Spécial “ Noise at work 2007 ”
39
Acoustique
&
Techniques n° 49
Contraintes d’adaptation des équipements de protection individuelle contre le bruit
Lorsque nous parlons, mangeons, marchons… des
vibrations se propagent dans notre squelette. Certaines
de ces vibrations « s’échappent » par l’ouverture du conduit
auditif externe puisqu’il n’y a à ce niveau aucune résistance
par rapport à celle du tympan.
Les vibrations « sortent » donc du conduit auditif externe
sans mobiliser le tympan, donc sans être transmises par la
voie aérienne. Pour simplifier, on peut dire que si le conduit
auditif est ouvert, nous n’entendons pas ces vibrations.
Si un corps étranger, par exemple un bouchon antibruit,
ferme le conduit auditif, les vibrations présentes dans
la cavité résiduelle (l’espace entre l’extrémité interne du
bouchon et le tympan) vont faire vibrer le tympan (sa
résistance est inférieure à celle du bouchon) et sont donc
transmises par l’oreille moyenne (figure 3).
Cet effet d’occlusion est un élément fondamental parmi les
différentes contraintes posées par le port de protecteurs
individuels, puisqu’il concerne potentiellement toutes les
personnes équipées de bouchons standards et d’embouts
sur mesure, et qu’il est souvent à l’origine de l’abandon
du port de ces protecteurs. Les mesures prises pour
tenter de résoudre cette contrainte ne sont d’ailleurs
malheureusement pas toujours bien adaptées. [31]
Acoustique de l’effet d’occlusion
Il est possible de mesurer la répercussion acoustique de
cet effet d’occlusion sur sa propre voix. On demande à un
sujet d’émettre un son de parole (par exemple une voyelle
tenue), un enregistrement externe contrôle la stabilité
du signal acoustique. Une sonde microphonique placée
dans le fond du conduit auditif mesure ce signal de parole
à proximité du tympan et compare les relevés oreille
ouverte/oreille fermée. L’écart relevé correspond à l’effet
d’occlusion. [18]
La figure 4 correspond à l’effet d’occlusion mesuré lors
de la tenue de la voyelle « i ». La majoration du signal
est très importante sur les fréquences graves (plus de
20 dB jusqu’à 500 Hz), elle décroît progressivement sur
les fréquences moyennes (environ 13 dB à 1 000 Hz) pour
devenir nulle vers 1 700 Hz dans cette analyse.
La figure 5 proposée par Gelfand (1997) correspond
aux valeurs moyennes à différentes fréquences de l’effet
d’occlusion relevées dans quatre études. [13]
Cette majoration correspond donc à ce que le sujet va
entendre « en plus » de sa propre voix et qui sera souvent
décrit comme une résonance gênante à laquelle il est
difficile de s’habituer.
Fig. 4 : Effet d’occlusion lors de l’émission de la
voyelle « i » par un locuteur masculin
Fig. 5 : Moyenne des effets d’occlusion à différentes
fréquences dans quatre études Gelfand S., 1997
Fig. 3 : Représentation de la propagation des vibrations dans le conduit auditif
À gauche, oreille ouverte ; À droite, oreille occluse