Page 44 - base

Version HTML de base

Spécial “ bruits de chantier ”
43
Acoustique
&
Techniques n° 46-47
Quels sont les droits et les devoirs des
architectes en matière de bruit ?
Le droit que nous avons, et je crois bien que c’est le seul, est
de dire qu’un chantier est par nature une activité bruyante et
qu’un bruit minimum pour tout accomplissement d’une tâche
doit pouvoir être accepté.
Nos devoirs sont d’avoir conscience de ce bruit et de tout faire
pour le minimiser et le rendre acceptable. Nous avons aussi un
devoir de conseil auprès du maître d’ouvrage et d’information
auprès des entreprises.
Pour les grands chantiers, il est habituellement fait appel à
des spécialistes de l’acoustique et à des entreprises ayant
conscience des problèmes posés par le bruit des travaux.
Dans ce cas, l’architecte peut déléguer une grande partie
des tâches qui vont être énumérées plus loin, quitte à vérifier
si ces tâches sont bien exécutées.
Je m’attacherai ici aux petits chantiers de construction, neuve
ou de réhabilitation, pour lesquels l’architecte est souvent
laissé seul face aux problèmes posés par le bruit des travaux,
ce qui n’exonère en rien le maître d’ouvrage et les entreprises
de leur responsabilité.
Qu’elles peuvent être les démarches d’un
architecte ?
Voici quelques repères importants, depuis l’élaboration du
programme jusqu’à la fin du chantier :
- Le diagnostic préalable :
pour les petits chantiers, il s’agit
de prendre conscience du voisinage, (s’agit-il d’habitations, de
bureaux, de locaux scolaires, de voies calmes ou de voies
bruyantes ?...) et de faire la synthèse de tous les éléments
récoltés.
- La prévention :
il est important d’informer le voisinage des
travaux qui vont être entrepris et de présenter leur nature,
leur intérêt et surtout la durée prévisible de la partie la plus
bruyante des travaux. Cette information permet, par la suite,
au voisinage d’apprécier les efforts entrepris.
- L’établissement du cahier des charges :
Choix constructifs : le choix d’une technique n’est pas neutre
vis-à-vis du bruit , ce qui est évident pour les gros chantiers.
Pour un petit chantier de réhabilitation cela peut être, par
exemple, de choisir de passer des fils électriques dans des
goulottes plutôt que de les encastrer, évitant ainsi pour le
voisinage beaucoup de bruits dits « solidiens ».
Choix du matériel : il faut préconiser l’emploi de matériels
les moins bruyants possibles, que ce soit des engins lourds,
des engins de levage ou des compresseurs, étant entendu
qu’ils doivent être au minimum conformes aux exigences
réglementaires. Mais revenons aux petits chantiers et
prenons un exemple simple, celui d’un ravalement classique.
Ne peut-on pas préconiser, pour un échafaudage, que les
trappes permettant d’accéder à un plancher soient munies
d’amortisseurs, ceci afin d’éviter la gêne engendrée par le
passage de compagnons peintres rabattant brutalement les
trappes à chaque changement de niveau.
Pense-bête à l’usage de l’architecte
Loïc Hamayon
Architecte-acousticien
56, rue Blomet
75015 Paris
Tél. : 01 43 06 44 00
Fax : 01 43 06 05 41
E-mail : hamayon.quatrepoint@wanadoo.fr
À double tranchant …
Je me rappelle un chantier expérimental situé près d’une
voie de chemin de fer où il s’agissait de construire un
immeuble écran permettant aux riverains de la voie
ferrée d’être tranquilles à l’intérieur de leur logement,
fenêtres ouvertes, et sur leur balcon. Nous avons
expliqué aux riverains que s’ils devaient subir le bruit
du chantier, au final ils n’entendraient plus le bruit des
trains. Une personne en a été très triste : c’était un agent
de la SNCF à la retraite dont le plaisir était de regarder
et d’entendre passer les trains. La concertation n’est pas
toujours facile !