Approfondissons…
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Acoustique
&
Techniques n° 44
Conclusion
Nous avons pu montrer que les phénomènes physiques
désignés de basses fréquences dans l’espace urbain
ont, pour les citadins, une structure catégorielle, ces
catégories étant : des événements sonores, du bruit de
fond, lui même donnant lieu à différentes interprétations
selon la temporalité perçue (continu ou discontinu) et
suivant qu’il reflète la présence d’êtres humains (perçu
alors positivement) ou de véhicules (perçu généralement
de manière négative). Ces résultats ont été confirmés au
moyen de test de catégorisation libre d’enregistrements
d’ambiances sonores urbaines, décrits dans [14].
Sur le plan des
contenus
, les analyses psycholinguistiques
ont permis d’identifier que, au sein de ces catégories
certaines propriétés sont directement interprétables
et corrélables à des propriétés physiques du signal,
mais d’autres propriétés tout aussi déterminantes dans
l’appartenance catégorielle sont liées aux traitements
cognitifs
que le sujet produit
en réponse à la perception
de ce signal et aux
effets
que celui-ci suscite. Les effets
sont à la fois produits comme simple réponse (affective,
émotionnelle) à la stimulation mais aussi et peut être
surtout des effets suscités par
l’interprétation
que le
sujet attribue à ces signaux : en particulier on a pu montrer
que la signification imputée aux signaux à partir de leur
identification comme
source
détermine le caractère
plaisant, désagréable, ou pénible de la stimulation
sensorielle (voir également l’article de [3].
Plus spécifiquement, en ce qui concerne les transports
urbains, ce sont les propriétés que l’on peut associer à des
propriétés physiques du signal sur lesquelles il est alors
possible d’avoir des mesures correctrices. Les résultats
obtenus permettront également de prendre en compte
(tableau II) le traitement différentiel selon le ressenti BF/
HF et les effets de ces fréquences sur la physiologie et
la psychologie mais également en fonction de variables
temporelles
: les bruits continus sont moins gênants
que les bruits discontinus mais aussi et surtout les bruits
discontinus sont imputables à des sources et c’est en
fonction de la
nature des sources
qui produisent ces
bruits qu’une valeur sera assignée au jugement. Ainsi il
semble bien qu’on puisse établir deux contrastes :
- une première opposition entre les transports individuels
et les transports collectifs : les premiers étant jugés plus
négativement que les seconds,
- mais aussi les images des transports : les trams et trains
étant jugés plus positivement que les bus ou les cars.
Il est maintenant possible d’envisager la reprise de ces
hypothèses en procédant des expérimentations dans un
réel projet urbain.
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n
Basses fréquences en milieu urbain : qu’en disent les citadins ?