Approfondissons…
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Acoustique
&
Techniques n° 42-43
- On analysa les sources de bruit principales de nombreuses
installations en tenant compte non seulement des parties
constitutives essentielles à leur fonctionnement mais aussi
de leur périphérie - canalisations et raccordements ;
- Dans le cas de nombreux composants tels que les
ventilateurs, les vannes et actionneurs, les moteurs et
systèmes d’entraînement ou encore les transformateurs,
on mit au point des versions d’équipements plus
silencieux ;
- on mit au point pour les émissions de fluides ou de gaz
chargés en poussières des systèmes de silencieux peu
sensibles à la saleté : ils atténuaient le bruit de rotation
des soufflantes d’aspiration qui s’entendait auparavant à
des kilomètres à la ronde.
La notion de « puissance acoustique » contribua dans
une large mesure au progrès technique enregistré par la
protection antibruit et on recourut de plus en plus souvent
à ce paramètre pour caractériser les émissions sonores.
En effet, il permettait de décrire sans ambiguïté et dans
le respect des lois de la physique la contribution de
différentes sources à un niveau de pression acoustique
total, une condition essentielle à l’établissement de la
carte d’identité acoustique des différents composants
et donc à la création de bases de données dont
l’existence nous semble aujourd’hui relever de l’évidence.
Ces informations étaient indispensables pour pouvoir
envisager la spécification des interfaces, puis la définition
d’exigences corrélées étendues étape par étape à
tous les acteurs d’une filière. Sans ces paramètres et
données, la tendance actuelle qui veut que l’on déplace
la responsabilité acoustique de l’exploitant de l’installation
aux fabricants ou constructeurs des composants relèverait
tout simplement de l’arbitraire.
Les raisons qui motivèrent l’emploi de la puissance
acoustique comme paramètre de base sont sûrement
évidentes pour toutes les personnes expertes en
acoustique ; sur le plan technique, il n’en fut pas moins
très difficile de l’imposer dans le cadre de la pratique
quotidienne. Aujourd’hui encore, au bout de 25 ans et plus,
divers malentendus ou débats imprévus et ce, au niveau
international également montrent que ces difficultés ont
laissé leurs traces.
Initiée par l’entrée en vigueur d’une réglementation
tournée vers l’avenir, l’évolution technique de la protection
acoustique nécessita dans un premier temps de nombreux
travaux véritablement pionniers qui trouvèrent dans les
années 70 le soutien actif de nombreuses entreprises
intéressées par une réduction efficace des nuisances
sonores mais aussi des administrations concernées
et des organismes de recherche qui les assistaient.
Cette volonté commune et les idées des acousticiens
impliqués se traduisirent par un certain nombre d’actions
spectaculaires que l’on a du mal à s’imaginer aujourd’hui :
- mesure de la puissance acoustique d’une cheminée
d’usine au moyen d’un ballon aérien piloté autour de
l’installation ;
- ou encore interruption complète de toutes les tours de
refroidissement d’une grande raffinerie afin de vérifier
les calculs qui prédisaient une diminution par deux de la
puissance acoustique (3 dB de réduction du niveau de
pression) pour l’ensemble de l’installation.
D’innombrables actions ponctuelles et études de ce type –
moins spectaculaires en général – ont permis d’engranger
au fil des années de très nombreuses connaissances
relatives à l’acoustique de nombreux organes, installations
et process. Ces connaissances sont aujourd’hui à la base
des solutions techniques de réduction du bruit.
A cette époque, il était déjà très important d’atteindre
les objectifs acoustiques convenus, et ce n’était pas une
tâche facile car les questions et les démarches liées à la
réduction du bruit relevaient encore de la nouveauté. C’est
pourquoi l’acoustique était « l’affaire du chef » : dans les
entreprises, on vit les membres du directoire s’impliquer
personnellement et intervenir directement pour assurer le
bon déroulement des opérations. Aujourd’hui, la situation
est bien différente : la protection antibruit est entrée dans
les mœurs, elle se traite comme une affaire de routine et
cette évolution traduit bien la réussite de son application
pratique dans les décennies qui ont précédé.
De façon générale, on peut dire aujourd’hui que la
maîtrise des nuisances sonores qu’engendrent les
équipements techniques de grande envergure employés
dans les secteurs industriels et professionnels suppose
une planification extrêmement précise des solutions de
réduction du bruit souhaitables ou nécessaires. Seule
cette planification basée sur l’analyse précise de toutes
les sources d’émissions partielles permet de définir
les solutions primaires et secondaires adéquates qui
permettront de répondre aux exigences d’une spécification
en vigueur et ce, en prévoyant précisément les dépenses
à engager.
Cela vaut tout particulièrement pour les installations de
grande envergure telles que les unités pétrochimiques par
exemple, qui sont exploitées à l’air libre pour des raisons
de sécurité. Étant donné qu’il est généralement impossible
de les confiner dans des bâtiments, la réduction des
émissions sonores ne peut se faire que par l’élaboration
de solutions nombreuses et diversifiées portant sur tous
les organes et sur toutes les parties de l’installation
contribuant à l’émission et/ou à l’immission globale. Il est
donc impératif de dresser un bilan acoustique de toutes
les sources si l’on veut respecter le plafond d’émission
prescrit et fiabiliser le résultat tout en évitant les
dépenses liées à un surdimensionnement des solutions
d’insonorisation.
Dans le cas des installations confinées dans des bâtiments
fermés, il suffit par contre de ventiler par sous-ensembles
les émissions de l’installation pour pouvoir prédire la
puissance acoustique à l’intérieur, qui servira ensuite de
base à la conception d’une façade industrielle isolante.
Étant donné le grand nombre de nouvelles façades
industrielles à construire, il était intéressant de les
optimiser non seulement du point de vue de leur aptitude
à un montage rapide (éléments préfabriqués) ou de
leur faible coût (gain de matériaux par la diminution des
masses) – deux aspects qui motivaient des changements
100 ans d’ingénierie acoustique allemande appliquée aux techniques de réduction du bruit