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Approfondissons…
Acoustique
&
Techniques n° 42-43
pouvait intervenir et mettre au point des solutions à la
fois efficaces et adaptées aux exigences d’exploitation
(installation d’un système de silencieux sur une bouche
d’évacuation, par exemple).
Les recours de ce type allant croissant, il devint de plus
en plus évident que l’on ne pourrait remédier à la situation
qu’en définissant des valeurs limites réalistes et en
élaborant des directives nationales établissant clairement
les droits et devoirs des parties prenantes, qui n’étaient
pas précisés par le code civil. Ce qui fut fait – et le mérite
en revient aux ingénieurs saisis de cette question, qui
se regroupèrent à partir de 1954 au sein du cercle VDI
« Techniques vibratoires » et plus particulièrement du
comité « Techniques de défense antibruit » et élaborèrent
dans ce cadre la norme VDI 2058.
On créa pour définir l’objectif à atteindre la notion
d’installation « inaudible ». Les mesures effectuées ([28]
p. ex.) avaient abouti à la constatation que, même aux
heures les plus calmes de la nuit, on ne descendait pas
au-dessous d’un seuil de 40 à 45 phones DIN, une plage
de valeurs qui correspond au silence tel que perçu par
les citadins. Par conséquent, on pouvait supposer qu’une
installation était inaudible si elle ne dépassait pas ce
plafond. C’est la raison pour laquelle le comité VDI utilisa
cette plage pour fixer les contraintes de la planification.
Elle fut reprise en 1960 dans la directive VDI 2058 puis en
1968 dans le document :
Instructions techniques relatives
à la protection antibruit
ou
Technische Anleitung zum
Schutz gegen Lärm
– en abrégé le
TA Lärm
.
La directive
VDI 2058 : Évaluation des nuisances sonores
professionnelles et méthodes de protection
et le
TA Lärm
qui la suivit marquèrent deux étapes importantes de la
lutte antibruit et de l’application de solutions acoustiques.
Certes, on disposait précédemment d’une législation sur les
entreprises qui stipulait que les installations susceptibles
de présenter un danger ou une nuisance requéraient un
agrément mais les conditions à remplir pour recevoir cet
agrément n’était pas précisées plus avant. Le
TA Lärm
de
1968 vint combler cette lacune.
Désormais, la délivrance des permis de construire était
assujettie pour toutes les nouvelles installations à la mise
en place de solutions de protection antibruit correspondant
à l’état de l’art et des techniques ; en outre, les nouvelles
installations ne pouvaient plus dépasser certains plafonds
d’immission hors des limites du site. Les exploitants
d’installations trouvèrent dans le
TA Lärm
des directives
relatives aux solutions de protection antibruit à engager
sur les installations existantes ou à prévoir lors de la
planification de nouvelles installations. Quant au voisinage,
il pouvait s’appuyer sur le
TA Lärm
pour évaluer la nuisance
sonore provoquée par de nouvelles installations.
Les stipulations du document
TA Lärm
ne dépassaient
pas le cadre de l’installation objet de l’autorisation ;
elles portaient donc sur les effets d’une seule et unique
installation sur son environnement. Pourtant, les plafonds
d’immission qu’elles définissaient furent de plus en plus
fréquemment considérés comme des valeurs limites
dont le dépassement était susceptible d’exercer un effet
nuisible sur l’environnement et ce, plus particulièrement
en relation avec la loi fédérale sur la protection contre les
immissions
Bundes-Immissionsschutzgesetz (BImSchG)
entrée en vigueur en 1974.
Cette loi exprimait le besoin de disposer de prescriptions
administratives plus adaptées. Cette exigence, l’application
des réglementations de la norme VDI 2058 nouvellement
rédigée venue compléter le
TA Lärm
mais aussi les
variations constatées dans l’application et l’interprétation
des textes en fonction des différents Länder nécessitèrent
l’élaboration d’un nouveau
TA Lärm
valable cette fois pour
toute la République fédérale ; il entra en vigueur en 1998.
Cela dit, si ce document avait pour mérite d’éclaircir un
certain nombre de points jusqu’alors restés obscurs, il
introduisait aussi de nouvelles notions qui suscitèrent à
leur tour des divergences d’interprétation.
En dépit des différences de lecture auxquelles se prêtait
le
TA Lärm
, ses directives et instructions ont entraîné
de nombreuses solutions de protection acoustique et
l’on peut dire de ce fait qu’il est à l’origine d’une nouvelle
page d’histoire des techniques. Avec le
TA Lärm
, la
planification de nouvelles installations ne pouvait plus se
faire sans envisager l’aspect de la lutte antibruit ; quant
aux installations existantes, il leur fallait une remise à
niveau sur le plan des techniques d’isolation acoustique si
on voulait qu’elles obtiennent les agréments nécessaires à
leur modification ou à leur extension.
Du point de vue des techniques de réduction des nuisances
sonores, les retombées positives furent les suivantes :
- De nombreuses installations existantes se virent soumises
à des analyses minutieuses dans le cadre de campagnes
de mesures parfois étendues à plusieurs semaines ;
- On mit au point ou fit évoluer des procédés métrologiques
permettant de caractériser et de distinguer les sources
de bruit : mesure précise du bruit diffusé par les solides
par exemple avec définition de la puissance acoustique
via l’indice de rayonnement, ou mesure dite globale
afin de connaître la puissance acoustique de groupes
d’installations pris dans leur ensemble ;
Bruits des installations sanitaires
Au début des années 50, l’utilisation de réservoirs de
chasses d’eau débitant à de fortes pressions provoqua
de nombreux problèmes. Il fallut pour les résoudre des
études poussées sur les phénomènes de cavitation.
On aménageait les salles de bains sans considérations
particulières et leurs déficiences acoustiques étaient
telles que l’on continua longtemps encore de respecter
la règle tacite interdisant de faire couler de l’eau la nuit
dans la douche ou la baignoire.
La suppression des phénomènes de cavitation mais
aussi l’utilisation de conduites et tuyaux isolés et
de compensateurs de dilatation dans les immeubles
d’habitation collective a permis aux installations
sanitaires d’atteindre le niveau de silence et de confort
que nous leur connaissons aujourd’hui.
100 ans d’ingénierie acoustique allemande appliquée aux techniques de réduction du bruit