Spécial “10
e
anniversaire”
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Acoustique
&
Techniques n° 42-43
es 10 ans d’existence de la revue Acoustique &
Techniques nous donnent l’occasion de regarder l’évolution
de la manière d’apprécier l’environnement sonore urbain.
Que veut-on donner à entendre dans la ville d’aujourd’hui
et dans celle de demain par rapport au paysage sonore
de celle d’hier ?
Au cours de la dizaine d’années écoulée, on a vu les
différents acteurs de la ville, du décideur au simple
citadin, modifier leur formulation concernant la demande
de confort urbain.
Après avoir exigé que les priorités du législateur portent
sur le traitement de la gêne due au bruit, ils souhaitent à
présent que les aménageurs urbains conçoivent en tout
premier lieu un cadre de vie de qualité. Cette dernière
démarche supposant, à juste titre, que les problèmes
résultants des nuisances sonores aient alors été résolus.
En faisant un rapide tour d’horizon des actions menées
pour offrir aux usagers des villes un environnement sonore
agréable, on remarque, peut-être plus encore que dans
d’autres domaines, l’effet de va-et-vient entre recherche
et aspect réglementaire qui a induit les avancées
observées.
Si l’on se réfère au contenu des textes officiels qui
paraissent à cette période (Loi cadre sur le bruit de 1992
et les arrêtés relatifs au bruit des infrastructures routières
par exemple) on saisit la principale préoccupation
d’alors : résoudre les problèmes de bruit liés aux grandes
infrastructures de transports terrestres et aériens de façon
à limiter l’exposition des populations vivant à proximité.
C’est ainsi que le classement systématique des voies
bruyantes, la délimitation des périmètres de nuisances ont
visé à la prescription de valeurs d’isolement acoustique
en façade.
Malheureusement et malgré les efforts faits en matière de
réduction du bruit à la source qui ont surtout porté sur les
véhicules et les infrastructures de transports, on observe
toujours une insatisfaction importante des populations
des villes.
Il a alors été manifeste que les recherches sur le bruit
dans l’environnement ainsi que leur modalité d’application
devaient être à la croisée de plusieurs disciplines sous
peine de se fourvoyer. Les solutions techniques ne
peuvent à elles seules produire un cadre de vie agréable
et le besoin de travaux sur les demandes sociales pour
formuler les questions, puis leurs réponses, est apparu
avec évidence.
Conscient que la nature des exigences pouvait être
différente en périurbain et en centre ville, le comité
BEST (Bruit-Environnement-Société-Technologie), sous la
responsabilité de son secrétaire scientifique J.-C. Serrero,
a lancé au premier semestre 1990 le programme GEUS
(Gestion de l’environnement sonore urbain) visant à aider
les collectivités locales à mieux prendre en compte le
bruit urbain.
Le bilan de ces recherches, soutenues financièrement
par le ministère de l’environnement, a été fait lors des
1ères Assises de la qualité de l’environnement sonore en
octobre 1995 à Strasbourg. Durant ces journées, il est
ressorti des débats que les futures recherches devraient
être entreprises non seulement sur l’aspect quantitatif de
l’acoustique physique mais aussi sur l’aspect qualitatif des
ambiances sonores urbaines.
Par ailleurs, à travers les appels à propositions de
recherche publiés en 1995 (cf. PIR-Villes «La ville
sensible» – Ambiances et confort urbain) on voit poindre
les tendances qui vont caractériser ce changement de
regard au cours de la décennie qui suit.
Les études sur la qualité sonore des espaces urbains, et
non plus seulement sur la réduction de l’exposition au bruit
des habitants, vont se multiplier avec le soutien financier
de programmes comme le PREDIT par exemple.
Entendre la ville, hier, aujourd’hui,
demain…
Catherine Semidor,
Responsable scientifique du GS2AU de la Société Française
d’Acoustique
GRECAU
École nationale supérieure d’architecture et de paysage de
Bordeaux
Domaine de Raba
33405 Talence CEDEX
Tél. : 05 57 35 11 59
Fax : 05 56 37 03 23
E-mail : catherine.semidor@bordeaux.archi.fr
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