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Spécial “10
e
anniversaire”
Acoustique
&
Techniques n° 42-43
fréquences (tiers d’octave en laboratoire et octave
in situ
),
on calculait le niveau en dB (A) d’un bruit rose ou d’un bruit
routier à l’émission et on lui retranchait le niveau calculé en
dB (A) mesuré à la réception. Cette pratique est tout à fait
conforme à l’image qu’on se fait de l’isolement aux bruits
aériens, c’est-à-dire de la différence entre un niveau émis
et un niveau reçu.
Dans la plupart des autres pays européens, la valeur
unique caractérisant un isolement acoustique était obtenue
en comparant la courbe de l’isolement par intervalles de
fréquence à une courbe de référence. On obtenait ainsi un
isolement acoustique pondéré, exprimé en dB.
Notons que la méthode française de l’isolement acoustique
en dB (A) semble mieux adaptée au contexte d’obligation
de résultat imposé par la réglementation.
Comme il était exclu de laisser subsister deux méthodes
très différentes, il était prévisible que seule la méthode de
l’isolement acoustique pondéré par la courbe de référence
subsisterait. Cela supposait une refonte profonde des
méthodes d’approche utilisées par les constructeurs
français, qui s’étaient formés à leur utilisation.
Heureusement qu’un jour, un des participants aux
discussions a eu l’idée d’accoupler aux valeurs uniques
pondérées D
w
ou R
w
deux termes C et C
tr
, appelés
“termes d’adaptation”, qui, ajoutés aux valeurs pondérées
permettaient d’obtenir les isolements ou indices en dB (A)
pour un bruit-émission rose (C), ou pour un bruit-émission
de trafic (C
tr
). Ainsi, la France pouvait continuer à raisonner
en dB (A).
Il y a cependant quatre modifications à prendre en compte
par rapport aux anciennes méthodes françaises :
- Les intervalles de fréquences utilisés lors des mesures
en tiers d’octave vont de l’intervalle centré sur 100 Hz
à l’intervalle centré sur 3 150 Hz. Pour les mesures en
octaves, les intervalles vont de 125 Hz à 2 000 Hz. En
France, avant le 1
er
 janvier 2000, on faisait les mesures
de 100 à 5 000 Hz en tiers d’octave et de 125 à 4 000 Hz
en octave. Une des conséquences est qu’un bruit rose
calculé en dB (A) de 125 à 2 000 Hz a une valeur de
1 dB (A) inférieure au même bruit rose calculé de 125
à 4 000 Hz. Par contre, le bruit routier, devenu bruit de
trafic a la même valeur qu’il soit calculé jusqu’à 2 000 ou
4 000 Hz. En outre, les spectres des bruits à la réception
correspondent le plus souvent à la même valeur en dB (A)
qu’on utilise ou non l’octave 4 000 Hz. Il en résulte qu’un
isolement acoustique exprimé en dB (A) pour un bruit rose
à l’émission en conformité avec les règles européennes
est de 1 dB (A) inférieur à celui qu’on utilisait en France
avant l’harmonisation.
- Le vocabulaire a changé : pour faire abstraction des
caractéristiques acoustiques des locaux de réception
dues aux revêtements de parois et au mobilier, on est
amené à calculer les isolements qu’on aurait mesurés si
ces locaux avaient eu des caractéristiques de référence.
L’acoustique interne d’un local peut être caractérisée, soit
par son aire d’absorption équivalente A (représentative de
la quantité d’absorbants qu’il contient), soit par sa durée
de réverbération T. L’Europe impose d’appeler “isolement
acoustique normalisé” l’isolement obtenu lorsque la
caractéristique de référence est l’aire d’absorption
équivalente et “isolement acoustique standardisé” lorsque
la caractéristique est la durée de réverbération.
Or, en France, avant le 1
er
 janvier 2000, la notion
d’isolement acoustique avec une correction de durée
de réverbération était appelée “isolement acoustique
normalisé”. Calculé en dB (A), il était noté D
nAT
. Depuis le
1
er
janvier 2000, il a fallu prendre l’habitude d’appeler cet
isolement “isolement acoustique standardisé”. Lorsqu’on
utilise les termes d’adaptation C et C
tr
, cités ci-dessus, les
valeurs uniques des isolements acoustiques standardisés
sont notées D
nTA
ou D
nTA,tr
.
- Bien que les termes d’adaptation C et C
tr
soient calculés
en faisant la différence entre l’isolement acoustique calculé
en dB (A) et la valeur unique pondérée par la courbe de
référence exprimée en dB, la norme ISO 717 exprime
tous les résultats en dB. En conséquence, un isolement
standardisé D
nTA
correspond effectivement à un calcul
d’isolement acoustique en dB (A) pour un bruit rose à
l’émission, mais son résultat doit être exprimé en dB.
Indépendamment des intervalles de fréquences utilisés
lors des mesures, le spectre du bruit de trafic n’est pas
tout à fait le même que le spectre du bruit routier utilisé en
France avant l’harmonisation européenne.
Hz
125 250 500 1000 2000 4000
France avant 2000 (dB) +6 +5 +1 0 -2 -8
Europe (dB)
+6 +3 0 0 -3
Protection contre le bruit de choc
En France, jusqu’en 2000, les niveaux de bruits de chocs,
obtenus dans le local de réception lorsqu’une machine à
chocs normalisée fonctionne sur le sol du local d’émission,
étaient exprimés en dB (A). On appelait “niveau de bruit de
choc normalisé L
nAT
”, la valeur en dB (A) calculée à partir du
spectre du bruit corrigé pour l’amener à celui qu’on aurait
mesuré si la durée de réverbération du local de réception
avait été de 0,5 seconde à toutes les fréquences
.
Dans la plupart des autres pays européens, la valeur unique
caractérisant un niveau de bruit de choc était obtenue en
comparant le spectre du bruit à la réception à une courbe
de référence. On obtenait ainsi un niveau de bruit de choc
pondéré exprimé en dB.
C’est cette technique de la courbe de référence qui est
à utiliser dans le cadre de l’harmonisation européenne.
Contrairement au cas des isolements aux bruits aériens,
il n’a pas été question d’introduire un terme d’adaptation
permettant de passer du niveau pondéré au niveau en
dB (A). Or les écarts entre les deux expressions sont loin
d’être constant.
Depuis 5 ans, les mesures de niveaux de bruits de chocs
en laboratoire sont réalisées en tiers d’octave de 100 Hz à
3 150 Hz. Elles sont corrigées pour déterminer les niveaux
qu’on aurait mesurés si l’aire d’absorption équivalente du
local de réception avait été de 10 m². La valeur unique est
le niveau de pression pondéré de bruit de choc normalisé
L
n,w
, exprimée en dB, calculée en comparaison avec un
spectre de référence.
Acoustique du bâtiment
Évolutions ressenties au cours des quinze dernières années