8
Spécial “Design Sonore”
Acoustique
&
Techniques n° 41
Il est alors tout à fait réaliste de penser qu’après un certain
travail d’apprentissage pas à pas, la plupart des individus
apprendront à écouter de manière active les sons des objets
et des espaces.
Pour qu’un signal soit compris, il doit être signifiant
Pour qu’un signal soit compris, interprété et qu’il déclenche
la réaction attendue, on trouve dans la littérature, sous le
terme générique de sonification, trois manières différentes
de procéder :
- l’indexation ou les icônes dits Nomiques (Gaver). Sons
directement liés à la source physique. Par exemple un bruit
rappelant celui de papier froissé ou déchiré pour un texte que
l’on met virtuellement à la poubelle.
- Les icônes qui peuvent être métaphoriques ou symboliques
(Gaver)
- Les symboles qui sont des créations arbitraires, on choisit un
code que les usagers doivent apprendre. Ces sons peuvent
aller de la simple association (signal d’oubli phare actuel), à
la construction d’un véritable langage sonore (les Earcons,
Blattner).
Parmi ces trois grandes méthodes, la création de symboles est
sans doute la plus puissante mais aussi la plus complexe tant
dans sa mise en œuvre que dans le processus d’apprentissage
qu’elle nécessite. Il faut savoir créer un lexique, une syntaxe
et une sémantique qui soient perceptivement pertinents, ce
qui d’après les différentes expériences que nous avons pu
analyser (Blattner) s’avère très complexe.
L’indexation quand à elle, est une méthode simple et efficace
mais qui est forcément limitée à des objets ayant ou ayant
eu une existence physique (un certain nombre d’objets
anciennement mécaniques devenus électroniques conservent
leur son d’origine).
Enfin, les icônes sont le moyen aujourd’hui le plus performant
de création. Ils offrent une grande diversité de possibilités tout
en étant facilement compréhensibles, facilement adaptables
à leur fonction.
Pour qu’un signal soit compris, il doit être entendu
Ce qui ainsi énoncé peu paraître trivial n’est en réalité pas
si simple dès lors que l’on souhaite créer le son « juste ».
Pour être entendu, un signal doit non seulement être audible
mais également attirer l’attention. Ce qui aujourd’hui se
traduit de manière caricaturale par des sons forts et aigus,
qui de fait sont agressifs sans nécessité. Pour répondre à
cette problématique du son « juste », la psychoacoustique
et la psychologie cognitive de la perception sont par les
connaissances et les méthodologies d’investigation qu’elles
apportent, incontournables. Elles permettent l’élaboration d’un
cahier des charges pertinent pour le créateur et offrent des
méthodes de validation perceptive des créations.
Les conditions d’émergence d’un signal sur un fond (dans le
sens de l’audibilité), réfèrent à des spécificités du système
auditif (cf. courbes de masquage). Mais, même s’il répond
aux critères de bases d’émergence, un signal ne sera pas
forcément perçu s’il n’a pas la capacité d’attirer l’attention.
Pour cela il faut qu’il crée un flux spécifique sur le fond sonore,
qui ne puisse pas fusionner avec d’autres signaux susceptibles
de survenir dans ce même fond sonore (environnement)
(Bregman). Pour cela, nous pensons que le signal doit
posséder sa forme, que celle-ci constitue un tout (au sens
de la psychologie de la forme) c’est-à-dire avoir un début, un
développement, une fin, et posséder son timbre.
Aujourd’hui le champ des possibles est large et en ce sens
la tâche devrait être aisée mais il ne suffit pas de créer des
signaux qui fassent sens. Il faut également créer des signaux
qualitatifs voire esthétiques et qui véhiculent des émotions (la
peur, le rire, le bien être, etc.). Enfin, il faut que ces signaux
soient en parfaite adéquation avec l’objet qui les génère et la
« typologie » de ses utilisateurs potentiels…
Application : Création de signaux électroniques pour
l’automobile
Etat des lieux
Actuellement un véhicule de gamme moyenne comporte 6 à
7 signaux électroniques associés à des fonctions de nature
variée. Soit, ils valident une action (fermeture / ouverture
des portes (son non encore électronique), sélection d’une
configuration), soit ils accompagnent une action (clignotant,
avertisseur), soit enfin ils sont déclenchés indépendamment
de l’individu (alertes).
Parmi tous ces signaux, seuls l’avertisseur sonore et le
clignotant ont une véritable identité malgré un éventail sonore
assez large dans les deux cas. Le clignotant est caractérisé
par un son de va et vient régulier, avec souvent l’un des deux
sons plus aigu et de fait plus fort que l’autre (Figure 1).
Designer le son des objets : point de vue et application
Fig. 1 : rythmique très similaire (340ms entre deux
impulsions), couleurs sonores différentes
Fig. 2 : avertisseurs sonores