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Spécial “Design Sonore”
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Acoustique
&
Techniques n° 41
L’avertisseur est un son de trompe monophonique ou
polyphonique avec des couleurs sonores et des hauteurs
perçues assez variées. (Figure 2).
Tous les autres signaux sont des alertes (vous avez oublié
vos phares, votre porte est mal fermée, vous n’avez pas
mis votre ceinture, etc.) souvent disproportionnées au regard
des messages quelles apportent. Il n’est pas nécessaire
d’agresser les utilisateurs pour leur donner une information
qui n’a pas un caractère dangereux (et même !). (Figure 3)
Objectifs
Aujourd’hui, les véhicules évoluent, les aides à la conduite
progressent, l’électronique remplace la mécanique. Bientôt les
clés n’existeront plus mais seront remplacées par des badges,
l’avertisseur sonore et le clignotant seront électroniques, etc.
Il faut réinventer les sons de ces nouveaux objets dont les
fonctions sont connues, inventer les sons liés à de nouvelles
fonctions (mise en marche à distance du chauffage, oubli du
frein à main, vous dépassez la vitesse autorisée, validation
de commandes électroniques, etc.) et bien sûr (re)designer
les sons électroniques existants.
Etudes
Nous avons designé des signaux pour l’automobile pour deux
études distinctes. L’une pour le constructeur français PSA,
concernant des signaux diffusés à l’intérieur du véhicule,
l’autre pour l’équipementier Klaxon concernant des signaux
diffusés à l’extérieur du véhicule. Les sons étaient différents,
mais les problématiques très voisines :
Une dizaine de signaux à créer qui constituent une « famille
», création de 4 à 6 familles.
Notion de famille
Une première problématique surgit. Comment créer des
signaux tous différents mais qui quelque part se ressemblent,
qui appartiennent à unemême catégorie ? La solution théorique
est simple :
Il faut qu’ils soient suffisamment proches les uns des autres
tout en étant très différents des signaux des autres familles !
Pour chacune des études la notion de famille avait un sens
assez différent : pour la première, une famille constituait
une ambiance, un ton, pour la seconde une famille devait
correspondre à une catégorie d’utilisateurs (voire par
extension de véhicules).
Dans le premier cas, il s’agit de créer une identité sonore
dans le second des évocations sonores (éminemment
culturelles).
Pour créer un ensemble de signaux, ayant une identité sonore,
de manière scientifiquement contrôlable, nous avons trouvé
deux solutions : l’invariant perceptif ou le signal identitaire
(Guyot). Le signal identitaire, très court préfixe de quelques
millisecondes, est un peu lourd et mal adapté à notre propos.
Il est impensable de greffer un signal aussi court soit-il sur une
alerte de haut niveau qui doit être identifiées dans les toutes
premières millisecondes !
L’invariant perceptif quand à lui peut nous être offert par
les acquis de la psychoacoustique. Ce peut être un des
descripteurs du son musical, hauteur, intensité perçue, timbre,
un descripteur du timbre ou bien encore un paramètre dit
psychoacoustique (acuité, rugosité, etc.).
Parmi tous ces paramètres, seul le timbre offre une large
liberté créative et est vraiment pertinent en termes d’identifiant,
sans besoin d’apprentissage, c’est pourquoi nous avons opté
pour cette solution.
Pour créer un ensemble de signaux, adaptés à une classe
d’utilisateurs de manière scientifiquement contrôlable, il n’y
a pas de solution… Nous devons faire appel à notre propre
image de chaque classe d’individu et aux descriptions de
notre commanditaire. La notion de famille est ici tout à fait
subjective.
Créer 10 signaux pour un même environnement.
Créer une famille de 10 signaux sans générer d’ambiguïtés
exige beaucoup de pertinence. Patterson a montré qu’au-delà
de 7 signaux (à priori, non signifiants), après un apprentissage
important, l’individu n’était plus capable d’une identification
certaine. La difficulté relève aussi du fait que certain signaux
vont se déclencher tous les jours et d’autres peut être jamais
(en général ceux qui signalent un problème grave).
Il apparaît alors évident qu’il faille à chaque fois que nous
le pouvons, créer des signaux dont le sens est direct
(indexation, icônes). Mais ceci ne peut se faire dès lors
que le signal de renvoie pas à une cause unique (vous avez
oublié vos phares), mais à une multitude de causes possibles
(considérées de même niveau d’alerte, par exemple). Dans
ce cas nous sommes contraints à utiliser une représentation
symbolique.
Dans la première étude toutes les créations sonores ont fait
l’objet de tests d’écoute auprès de responsables des marques
et de différents corps de métiers du constructeur. Dans la
seconde pour des questions de temps et de coût, cette étape
de validation n’a pas eu lieu.
Or ces étapes de validations sont apparues fondamentales
pour nous, designer, et pour le commanditaire. Les premiers
signaux que nous avons créés étaient relativement loin de
l’univers de l’automobile ou de son image de l’univers de
l’automobile. Au fil des tests, un vrai travail d’écoute mutuelle
enrichissant s’est mis en place, travail qui reste aujourd’hui
fondamental pour pouvoir ensuite convaincre les décideurs.
Nous avons remarqué une évolution nette dans l’écoute
critique et les préférences de tous les membres du jury de
test et une vraie possibilité de faire passer nos idées par ce
processus d’apprentissage.
Designer le son des objets : point de vue et application
Fig. 3 : 5 signaux différents pour l’alertes « éteignez
vos lumières » Signaux cadencés ou continu
(dernier exemple) de fréquence aigues (Au-delà
de 2000Hz pour les trois exemples centraux)