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Spécial “Design Sonore”
Acoustique
&
Techniques n° 41
le représentant de chaque classe ainsi formée. Les sujets
peuvent faire autant de classes qu’ils le souhaitent, et mettre
dans chaque classe autant de sons qu’ils le veulent.
2. Verbalisation : on demande aux sujets de décrire librement
chaque classe.
3. Projection sur un axe de « qualité sonore » : sur la fiche
du test, nous avons dessiné un axe non gradué qui possède
deux bornes, 0 et 10; on demande aux sujets de placer les
représentants des classes le long de cet axe.
Au cours du test, les sujets peuvent écouter les sons aussi
souvent et dans l’ordre qu’ils souhaitent.
Nous utilisons souvent ce type de test lorsqu’il s’agit d’aborder
une nouvelle thématique [1]. La théorie qui sous-tend l’étape
de catégorisation peut être trouvée dans [3] ou [4].
Résultats
Pour analyser la catégorisation libre, nous utilisons un
algorithme [4] qui détermine, en examinant les sons paire
par paire, quels sons sont le plus souvent regroupés dans la
même classe. Le résultat peut être représenté sous la forme
d’un arbre, dont les feuilles sont les sons et les nœuds les
catégories consensuelles. L’algorithme indique la qualité de
l’arbre, c’est-à-dire le degré d’accord entre les sujets (il est ici
de 15 %, résultat inférieur à 20 %, qui est la valeur limite que
nous acceptons).
Nous obtenons ici six catégories ; chacune comporte entre
un et trois sons, comme on peut le voir sur la Figure 1. Il est
important de noter que nous rejetons le son 8 de la classe
6 car sa sonorité est trop différente, à l’oreille, de celle des
sons 7 et 10.
Nous réalisons une analyse sémantique des verbatims
recueillis afin de définir à quels critères subjectifs les gens
ont recours pour décrire chaque classe. Les verbatims
relèvent du domaine de la description (régularité, vitesse,
niveau, différence de hauteur entre tic et tac, grave ou aigu,
attaque, amortissement, timbre), de l’interprétation de la
ressemblance entre le son du clignotant et celui de sources
sonores (matériaux, animaux, horloge, montre, univers
mécanique versus électronique) et du jugement (ancien versus
moderne, agréable).
Les sons de la première classe, la plus consensuelle, sont
décrits comme « réguliers, avec une grande différence de
hauteur entre le tic et le tac, électroniques » ; ceux de la
deuxième classe comme « irréguliers et lents » ; celui de la
troisième comme « irrégulier, rapide, grave, avec peu de niveau,
sans différence entre le tic et le tac » ; ceux de la quatrième
comme « réguliers, avec une attaque forte, ressemblant à une
horloge, métalliques » ; celui de la cinquième « avec un fort
niveau et une grande différence de hauteur et d’amortissement
entre le tic et le tac, agressif » ; et ceux de la sixième comme
« graves, avec une grande différence d’amortissement entre
le tic et le tac, ressemblant à une horloge, vieux ».
Pour dépouiller les résultats de la projection le long de l’axe
de « qualité sonore », nous utilisons un logiciel d’analyse
multidimensionnelle [5] qui optimise les distances entre
les sons de façon à obtenir la représentation la plus
consensuelle, en un ou plusieurs axes. Avec un seul axe,
l’erreur est très importante (27 %), résultat médiocre qui
indique que tous les clients ne partagent pas la même
attente. La représentation en deux axes est bien meilleure
(l’erreur n’est plus que de 17 %).
Si nous examinons les axes individuels des sujets, nous
observons que personne n’utilise la pleine échelle: la meilleure
note culmine à 6/10, ce qui nous laisse penser que les clients
ne sont pas très satisfaits des sons de clignotants actuels.
Il est intéressant de noter que sur la représentation en deux
axes, le logiciel place en zéro le son le plus apprécié. La Figure
2 montre que cette représentation de la préférence en deux
axes nous permet de retrouver les catégories, ce qui n’était
pas possible en un axe. Ce résultat cautionne la pertinence
de la représentation en deux axes.
Afin de comprendre pourquoi les gens apprécient ou rejettent
les sons, nous pouvons donc nous appuyer sur les verbatims.
Nous obtenons alors les résultats suivants.
Les clients appartenant à la première population apprécient
les sons réguliers qui présentent un niveau fort, un rythme
binaire (durée entre tic et tac égale à durée entre tac et tic),
Fig. 1 : arbre obtenu à partir de la categorisation libre
Fig. 2: Représentation en deux axes de la projection
sur l’axe de “qualité sonore”
Interfaces Homme Machine dans l’Automobile : Impact Technologique du Design Sonore