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Echo Bruit
n° 131
12.2010
g
Actualités
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le magazine de l’environnement sonore
Pour décortiquer une œuvre d’art
ancienne — en dévoiler les techniques,
les pigments, les réalisations cachées
sous une peinture plus récente…- les
scientifiques disposent déjà d’un
arsenal de techniques bien fourni. Ian
Butler et ses collègues de l’Université
McGill ont réussi à appliquer à l’art
un effet mis en évidence en 1880 par
l’Américain Graham Bell : à savoir
qu’un solide (ou un gaz) soumis à
un rayonnement lumineux émet des
sons en retour. La matière transforme
en effet une partie de l’énergie de
la lumière en chaleur. Cette énergie
thermique produit des vibrations
acoust iques qui peuvent êt re
enregistrées par un microphone d’une
très grande sensibilité. La technique
de spectroscopie photoacoustique
infrarouge exploite cet effet. Elle est
utilisée dans de nombreux domaines de
recherches, pour analyser des matières
solides ou des gaz. Butler et ses
collègues l’ont appliquée à la détection
des pigments non-organiques dans les
peintures. Ils ont ainsi défini les sons
émis par douze pigments couramment
utilisés par les artistes, comme le bleu
de Prusse, de cobalt ou l’outremer ; la
malachite ou l’oxyde de chrome pour
les verts ; le cadmium et le chromate
de plomb pour le jaune ; l’ocre ou
l’oxyde de fer pour les bruns. Il suffit
ensuite de soumettre les tableaux à
un rayon laser pour provoquer l’effet
photoacoustique.
Une technique qui présente l’avantage
de ne pas endommager l’échantillon.
Cette analyse est utile, en outre, pour
détecter les faux.
n
Le colis a des oreilles
On était au courant pour les murs, mais
scoop : les colis postaux ont aussi des
oreilles. En tout cas, celui envoyé par
Lauri Warsta, un étudiant britanique
du Royal college of Art, en était pourvu.
Expédiée de Londres direction Helsinki,
la boîte en carton transportait un
magnétophone à bande, qui a imprimé
tous les bruits qui environnent un
envoi postal. Bruits de machines, voix
humaines, mélodies radiophoniques
et tintamarre non identifié, le tout
librement interprété dans une vidéo
intitulée « Dictaphone Parcel », et qui
illustre en quelques traits l’itinéraire
du colis. Cette expérience originale a
été récompensée par différents prix,
dont le « Passion Pictures Price » en
février 2010.
Pour en savoir plus :
www.rca.ac.uk
n
Le bruit pour
recharger son
portable
Des chercheurs coréens viennent de
mettre au point un système capable
d’emmagasiner les ondes sonores,
et de générer de l’énergie pour
alimenter un téléphone portable.
Concrètement, cette technologie
devrait permettre de recharger son
téléphone automatiquement lors d’une
communication, la voix de l’utilisateur
étant source d’énergie.
Le processus utilisé reprend le principe
d’un haut-parleur ou d’un micro,
dont le but est déjà de transformer
de l’électricité en onde sonore et
inversement. C’est ensuite de l’oxyde
de zinc qui est utilisé pour recharger le
téléphone. La technologie qui n’en est
qu’à ses débuts, rencontre toutefois un
certain nombre d’obstacles, notamment
le fait qu’un bruit de 100 décibels ne
peut être converti qu’en un courant de
50 millivolts ce qui est trop peu pour
recharger efficacement un téléphone
à l’heure actuelle. Le bruit ambiant
pourrait cependant aider à la recharge
de l’appareil selon les chercheurs.
n
Les éléphants
craignent les
humains plus que la
dynamite !
Des chercheurs amér icains de
l’Université de Cornell (New York)
qui ont mené une étude dans le parc
national Loango en Afrique centrale
afin de mieux comprendre comment
atténuer les problèmes que vivront les
éléphants à mesure qu’y progressera
l’exploitation pétrolière, ont testé
différents enregistrements sonores.
Après 27000 heures d’enregistrement,
l’équipe a comparé quelles étaient les
activités humaines qui avaient le plus
d’impact sur le nombre d’appels des
éléphants (qui restent actifs jour et
nuit). Le bruit de la dynamite en train
d’exploser ressemblait assez au son du
tonnerre et n’a pas vraiment inquiété
les éléphants. Par contre, l’activité
humaine (machines, etc.) a fait que les
éléphants ont adopté une activité plus
nocturne.