Echo Bruit
n° 126
09.2009
g
Santé
62
le magazine de l’environnement sonore
Le Bureau régional de l’OMS pour
l’Europe vient de publier « Night
noise guidelines for Europe » (1). Cet
ouvrage fournit les preuves éclatantes
des dommages sanitaires potentiels
provoqués par une exposition au bruit
pendant la nuit, et recommande des
niveaux indicatifs pour la protection de
la santé.
La nouvelle limite est une exposition
nocturne annuel le moyenne ne
dépassant pas les 40 décibels (dB), ce
qui correspond au bruit émis dans une
rue tranquille d’un quartier résidentiel.
Les dormeurs exposés toute l’année à
des niveaux plus élevés peuvent subir
de légers effets sur la santé, tels que
troubles du sommeil et insomnie. Être
exposé durant une longue période
à des niveaux moyens supérieurs à
55 dB, ce qui équivaut au bruit d’une
rue fréquentée, peut faire monter la
tension artérielle et provoquer des
crises cardiaques. Un Européen sur
cinq est régulièrement exposé à de tels
niveaux de bruit.
« Le bruit s’est imposé comme la
principale nuisance environnementale
en Europe, et la population se
plaint de plus en plus souvent
d’un bruit excessif. Ces nouvelles
recommandations aideront les pays
à prendre conscience des problèmes
en rapport avec le bruit et la santé,
et à s’attaquer à ces problèmes »,
déclare le docteur Srdan Matic, chef de
l’unité Maladies non transmissibles et
environnement au Bureau régional de
l’OMS pour l’Europe.
« En se fondant
sur une évaluation des bases factuelles
scientifiques recueillies en Europe,
réalisée pendant six ans par des
experts, les pouvoirs publics peuvent
désormais justifier avec plus de poids
une réglementation de l’exposition au
bruit nocturne, et disposent de conseils
précis quant aux limites à instaurer. »
Trente-cinq scientifiques issus des
disciplines médicale et acoustique,
ainsi que des partenaires clés tels
que la Commission européenne,
ont participé à l’élaboration de ces
recommandations.
Les effets sur la santé
Les études récentes font clairement le
lien entre une exposition à des bruits
nocturnes et des problèmes de santé.
Au-delà de la perte d’audition, le bruit
peut aggraver d’importants problèmes
de santé, particulièrement à cause de
ses effets sur le sommeil et des rapports
entre le sommeil et la santé. Lorsque
l’on dort, les oreilles, le cerveau et le
corps continuent de réagir aux sons. Les
troubles du sommeil et désagréments
subis pendant la nuit sont les premiers
effets du bruit nocturne, et peuvent
entraîner des problèmes mentaux.
Les effets du bruit peuvent même
déclencher prématurément la maladie
et la mort. Le bruit nocturne émis par
des avions peut faire augmenter la
tension artérielle, même s’il ne réveille
pas la personne. Le bruit risque d’être
plus nocif lorsque la personne essaie
de s’endormir ou de se réveiller. Des
études récentes montrent que c’est le
bruit des avions aux premières heures
du matin qui est le plus nocif pour
l’augmentation du rythme cardiaque.
Groupes plus vulnérables
Certains groupes sont plus vulnérables
au bruit. Comme les enfants passent
plus de temps au lit que les adultes,
ils sont plus exposés au bruit nocturne.
Les personnes souffrant de maladies
chroniques et les seniors sont plus
sensibles aux perturbations. Les
travailleurs postés courent un risque
accru car la structure de leur sommeil
subit des contraintes. En outre, il est
probable que les personnes moins
riches, qui ne peuvent se permettre
de vivre dans des zones résidentielles
calmes ou d’avoir des maisons
bien isolées, souffrent de manière
dispropor tionnée. Les nuisances
nocturnes peuvent entraîner une
augmentation des visites médicales
et des dépenses en somnifères, ce
qui affecte le budget des familles
et les dépenses de santé du pays.
Si les pouvoirs publics négligent de
s’attaquer à la pollution sonore, le fossé
entre riches et pauvres se creusera
certainement.
Limites de bruit et mesures à
prendre par les pays
Ce nouvel ouvrage de l’OMS fournit
à la fois des bases factuelles et
des recommandations que les pays
peuvent mettre à profit pour introduire
des limites sonores ciblées. Ces
recommandations constituent un
complément à la récente directive
Un Européen sur cinq est
régulièrement exposé la nuit
L’OMS présente des recommandations pour la
protection de la santé contre la pollution sonore
nocturne