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Echo Bruit
g
Dossier :
“Surveillance acoustique”
2
ème
partie
44
le magazine de l’environnement sonore
n° 123-124
03.2009
Qu’entend-on
par surveillance
acoustique :
des mesurages de longue durée (plusieurs
semaines, mois ou année), à poste fixe ou mobile, administrés
et dépouillés à distance, dont l’objectif est d’augmenter
considérablement la connaissance de l’environnement
acoustique d’un lieu.
Surveiller : pour quoi faire ?
• Répondre aux exigences réglementaires
L’exploitant d’une Installation Classée pour la Protection de
l’Environnement (ICPE) a pour obligation de « faire réaliser
périodiquement, à ses frais, une mesure des niveaux
d’émission sonore de son établissement par une personne ou
un organisme qualifié choisi après accord de l’inspection des
installations classées. Ces mesures se font aux emplacements
et avec une périodicité fixés par l’arrêté d’autorisation. Les
emplacements sont définis de façon à apprécier le respect
des valeurs limites d’émergence dans les zones où elle est
réglementée. » [1]
L’emplacement des mesurages et leur périodicité sont donc
précisés par l’arrêté d’autorisation d’exploiter.
Mais rien n’oblige l’exploitant à réaliser des mesurages en
continu ou sur des durées très longues, alors quel pourrait
être son intérêt à le faire ?
Pour l’aire de point fixe des Airbus A380, le système de
surveillance acoustique se justifie pour plusieurs raisons :
- une quasi-imprévisibilité du planning des essais
aéronautiques, avec notamment l’obligation de conditions
météorologiques précises et donc par voie de conséquence
l’impossibilité de mettre en œuvre des moyens « classiques »
de mesurage du bruit dans l’environnement,
- les faibles durées et fréquence des essais aéronautiques
(quelques dizaines de minutes à quelques heures par
semaine),
- la variabilité horaire et quotidienne des niveaux sonores
résiduels, servant de base au calcul de l’émergence prévu
dans l’arrêté préfectoral d’autorisation d’exploiter ; dans la
zone aéroportuaire, c’est en effet le trafic aérien (atterrissages
et décollages sur l’aéroport de Toulouse-Blagnac) qui
détermine les niveaux sonores résiduels dans le voisinage,
- enfin, la faible émergence du bruit des essais aéronautiques,
puisque l’aire de point fixe construite a vocation à protéger le
voisinage du bruit des essais.
• Réaliser des mesurages qui aient une crédibilité
métrologique
La justification la plus forte est évidemment d’ordre
métrologique, notamment pour les sites les plus étendus,
avec des distances de propagation importantes. Certains
exploitants témoignent de leur expérience de la variabilité des
niveaux sonores mesurables ou des impressions auditives au
niveau des habitations des riverains.
Cette variabilité des niveaux sonores et de la perception du
bruit est bien connue, dès lors qu’on dépasse une certaine
distance de propagation. Mais il va de soi que si l’émergence
sonore est de toute façon très importante, la question de la
durée des mesurages est moins aiguë.
Mais pour des situations où l’émergence est relativement
faible, autour de la valeur autorisée, se pose dès lors la
question de la crédibilité métrologique de mesurages
réalisés « au hasard », sur des périodes courtes, comme
un tirage aléatoire dans une population de niveaux sonores
doublement variables (le niveau sonore ambiant et le niveau
sonore résiduel). Il ne s’agit pas seulement d’un état d’âme
d’acousticien scrupuleux, mais aussi et surtout d’une
question de sécurité juridique des ICPE, pour ne prendre que
cet exemple auquel les exploitants sont forcément sensibles.
Il est nécessaire que les mesurages rendent compte du
mieux possible d’une réalité ; des constatations erronées
car trop partielles peuvent avoir des conséquences pour
Surveillance acoustique
autour des ICPE
Fabien KRAJCARZ,
BE Acoustique GAMBA