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Echo Bruit
n° 122
09.2008
g
Actualités
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le magazine de l’environnement sonore
musicale amplifiée allant de pair avec
l’usage régulier d’un baladeur à un
volume sonore élevé. Interrogés sur les
conséquences éventuelles du bruit sur
la santé, les enquêtés, pour un quart
d’entre eux, déclarent avoir déjà senti
les effets du bruit ambiant sur leur
santé. Sans que ce soit une surprise,
cette réponse est liée aux nuisances
sonores ressenties : la proportion
d’enquêtés disant avoir déjà ressenti
les effets du bruit sur leur santé est de
55,2 % parmi ceux qui se disent gênés à
leur domicile. Ce pourcentage est aussi
plus élevé chez les diplômés, les cadres
et les professions intermédiaires. Enfin,
il est intéressant de noter que 18,4 %
des personnes interrogées n’ont jamais
fait contrôler leur audition. Cette
proportion est plus importante chez
les femmes et chez les agriculteurs, et
atteint un tiers parmi les 65-75 ans.
Ces résultats montrent qu’une partie
de la population cumule les situations
d’exposition dangereuses, à savoir
l’utilisation du baladeur à fort niveau
sonore, les concerts et discothèques,
la pratique d’un instrument de musique
et un milieu de travail bruyant. Cette
population fortement exposée est
également la moins prédisposée à
prendre des précautions pour protéger
son audition. Ajoutons à cela le fait que
le contrôle de l’audition, qui permet le
diagnostic précoce des déficits auditifs,
ne relève pas d’une pratique régulière.
Conclusion des auteurs : l’exposition au
bruit est une question de santé publique
d’autant plus préoccupante qu’elle
concerne davantage la population
jeune. Par ailleurs, les résultats
semblent confirmer que le bruit
participe indirectement à la persistance
des inégalités sociales de santé. D’une
part, les nuisances perçues au domicile
concernent davantage les couches de
population résidant dans des habitats
collectifs urbains exigus et situés à
proximité d’installations bruyantes ou
polluantes ; d’autre part, l’exposition
au bruit sur le lieu de travail concerne
et, toutes sources confondues, plus
de la moitié des personnes interrogées
mentionnent des nuisances sonores à
leur domicile.
Quelles sont les principales
sources de gêne ?
La circulation routière (26,9 % de
l’échantillon total), les bruits de
voisinage (conversations, cris, pas,
télévision, musique, aboiements,
appareils électroménagers, etc., pour
22,0 % de l’échantillon) et les deux-
roues à moteur (9,2 % du total de
l’échantillon). Viennent ensuite les
autres bruits de la rue, les avions et
les transports ferroviaires. Cette gêne
est plus fréquente dans les habitats
collectifs urbains, et très liée à
l’insatisfaction à l’égard du logement
et du quartier. Sur le lieu de travail,
maintenant, les Français semblent
relativement exposés au bruit : 39,7 %
des actifs occupés sur cinq estiment
que leur environnement de travail est
bruyant. Les ouvriers de l’industrie
sont beaucoup plus exposés (75 %)
que les professions libérales (17,1 %).
Une relation statistique s’observe
entre l’exposition au bruit sur le lieu
de travail et au domicile. Ce résultat,
conjugué au fait que les personnes qui
disent travailler dans un environnement
bruyant vivent dans des logements
collectifs plus petits et situés plus
souvent à proximité d’activités ou
d’infrastructures bruyantes (chantier,
autoroute, etc.), tendrait à s’expliquer
par l’existence d’un phénomène de
cumul des nuisances sonores au
domicile et au travail.
Concernant les pratiques correspondant
au temps de loisir, huit pour cent des
personnes interrogées déclarent utiliser
un baladeur plusieurs fois par semaine.
Un tiers d’entre elles admet régler le
baladeur à un volume sonore élevé. Au
total, un jeune âgé de 18 à 25 ans sur
dix écoute régulièrement de la musique
sur son baladeur, à fort ou très fort
volume. Au cours des douze derniers
mois, la moitié des enquêtés est allée
à un concert, en discothèque, ou a
joué de la musique à un volume sonore
élevé. Mais, la plupart (78,8 %) sans
prendre de précautions particulières.
Ces expositions volontaires semblent
se cumuler, la fréquentation des
concerts, discothèques ou la pratique
Dans l’ensemble, les personnes interrogées s’estiment plutôt bien informées des effets sur la
santé des facteurs environnementaux