Echo Bruit
66
le magazine de l’environnement sonore
décembre
2010
l
Spécial “Acoustique, thermique et ventilation”
LA RÉHABILITATION THERMIQUE DES BÂTIMENTS ET SON IMPACT SUR LA PERFORMANCE ACOUSTIQUE
Systèmes de ventilation
S’en remettre à une ventilation naturelle (des grilles d’aération
hautes et basses ou des conduits individuels ou collectifs, circulation
de l’air par tirage naturel) mal contrôlée n’est généralement pas
suffisamment satisfaisant.
La mise en place d’une VMC (ventilationmécanique contrôlée) simple
flux hygroréglable permet d’avoir une circulation permanente de l’air
dans les logements et un débit d’air entrant variable en fonction de
l’humidité, donc de l’occupation et des activités. Le choix d’entrées
d’air avec des performances acoustiques suffisantes positionnées
sur les menuiseries peut limiter la dégradation acoustique de
l’isolement de façade. L’évacuation de l’air est assurée par des
bouches d’extraction situées dans les pièces de service (cuisines,
WC, salles de bains).
Les installations double flux permettent d’assurer le renouvellement
d’air dans les locaux en insufflant de l’air neuf préalablement
réchauffé l’hiver en récupérant la chaleur sur l’air extrait dans les
pièces humides. Le groupe VMC double flux est le plus souvent
installé dans des combles ou locaux techniques. Selon le type, le
réseau de gaine peut être horizontal avec un échangeur par niveau,
ou vertical avec un seul échangeur. Les systèmes de ventilation
double flux permettent des économies d’énergie par récupération
de calories. La solution double flux est très intéressante dans un
environnement sonore extérieur bruyant du fait de l’absence d’entrée
d’air en façade ; cette solution permet donc de mettre notamment
des fenêtres moins performantes acoustiquement ce qui représente
une économie financière.
Il faudra rester vigilant sur les bruits d’équipements. Notamment,
l’introduction de bouche d’insufflation dans les chambres pour
les systèmes double flux est à surveiller tout particulièrement. Par
exemple, pour une situation où le bruit de fond dans la pièce est très
faible, la bouche d’insufflation, tout en restant en dessous du seuil
réglementaire, peut émerger très significativement du bruit de fond
et peut donc perturber le sommeil de l’occupant. Il faut notamment
prévoir un isolement acoustique et vibratoire suffisant entre le
local technique (où le groupe extracteur/soufflage et PAC sont
généralement placés) et les locaux d’habitation attenants (situés
directement en dessous par exemple lors d’une installation en
comble). La modification de l’isolement entre logements au travers
du réseau de ventilation (extraction ou insufflation) peut aussi être
problématique.
Il faut noter que l’interphonie due aux bouches de soufflage peut
affecter les locaux principaux d’un même logement (selon le type de
réseau) : les ouvertures peuvent être importantes pour diminuer les
vitesses d’air insufflé. Cet aspect peut être fort dérangeant du point
de vue acoustique, notamment vis-à-vis des chambres à coucher.
L’interphonie due aux bouches d’extraction (pour le simple flux) peut
aussi être problématique du point de vue acoustique.
Recommandations
Globalement, la rénovation ou réhabilitation thermique d’un
bâtiment permet généralement d’augmenter les performances
acoustiques initiales vis-à-vis des bruits extérieurs. L’amélioration
thermique effectuée par le changement de menuiseries (intégrant
ou non une entrée d’air et/ou coffre de volet roulant) permet
d’améliorer l’isolement de façade (ou isolement vis-à-vis des bruits
extérieurs). Certaines précautions doivent être toutefois prises pour
ne pas dégrader l’isolement au bruit entre logements en privilégiant
des doublages intérieurs dits « thermo-acoustiques ». Par ailleurs en
zones de forte exposition au bruit, une attention particulière doit être
apportée au choix du doublage intérieur ou extérieur.
Cette amélioration de l’isolement de façade peut mettre en relief
d’autres problèmes et être assez pénalisante en termes de confort
acoustique. En effet, si le bâtiment n’est pas dans un environnement
très calme, l’amélioration de l’isolement de façade va diminuer le
fond sonore dans les locaux et modifier ainsi la perception du bruit
par les occupants.
Ainsi, les sources de bruits intérieurs provenant d’un autre logement
vont être mieux perçues et devenir relativement gênantes comme
les bruits extérieurs ne les masquent plus ou beaucoup moins. Cette
problématique peut être exacerbée si l’amélioration de l’isolement
de façade est accompagnée d’une dégradation de l’isolement aux
bruits aériens entre logement par l’utilisation de doublage thermique
intérieur non adapté à la problématique acoustique. De plus,
l’identification du ou des autres occupants à l’origine de ces bruits
(contrairement aux bruits extérieurs de trafic routier par exemple qui
sont relativement anonymes) augmente cette impression d’inconfort
et nuit fortement aux relations de voisinage. Pour maintenir un
confort acoustique suffisant, il est donc recommandé de profiter
de la réhabilitation thermique pour effectuer une réhabilitation
acoustique afin d’augmenter les isolements entre logements, voire
entre logements et circulations communes, et ainsi conserver un bon
équilibre entre bruits extérieurs et intérieurs. Ceci est d’autant plus
vrai si les isolements acoustiques intérieurs du bâtiment à rénover
sont faibles au regard de la réglementation actuelle. On notera que la
réalisation de mesures d’isolement acoustique avant d’entreprendre
la rénovation thermique, accompagnée d’une enquête par
questionnaire auprès des occupants peut être recommandée
pour identifier les risques du point de vue acoustique. Pour limiter
l’émergence des bruits intérieurs, il est généralement considéré que
le gain obtenu sur la performance acoustique vis-à-vis des bruits
extérieurs doit aussi être obtenu sur les isolements intérieurs (aux
bruits aériens et d’impact). Il faut insister sur le fait qu’il ne faille
pas chercher à renforcer de manière trop importante l’isolement
acoustique de la façade ; en effet, cela induirait un déséquilibre
trop important entre bruits extérieurs et bruits intérieurs ne pouvant
pas être facilement compensé. Lorsque l’isolement acoustique