Echo Bruit
64
le magazine de l’environnement sonore
décembre
2010
l
Spécial “Acoustique, thermique et ventilation”
LA RÉHABILITATION THERMIQUE DES BÂTIMENTS ET SON IMPACT SUR LA PERFORMANCE ACOUSTIQUE
façade, sauf si un système de ventilation est prévu d’être installé
à l’occasion des travaux de rénovation. Les nouvelles fenêtres et
portes-fenêtres des pièces principales doivent alors comporter des
entrées d’air, sauf s’il en existe déjà.
Changement des parois vitrées
Le remplacement des parois vitrées existantes par de nouvelles
montées avec des doubles vitrages à isolation renforcée, va
généralement améliorer l’isolement de façade (vis-à-vis des bruits
extérieurs) et même permettre d’atteindre la réglementation
acoustique actuelle de base pour les bâtiments neufs (D
nT, A, tr
≥
30 dB). Cette amélioration sera plus ou moins significative en
fonction du type (fenêtre équipée de simple ou double vitrage) et
de l’état des fenêtres d’origine (avec ou sans fuite) ainsi que du
traitement des entrées d’air haute et basse (si existantes).
Le type de gaz utilisé dans la cavité entre les vitrages a peu d’effet
sur la performance acoustique, tout comme les couches à faible
émissivité déposées sur les vitrages et le type de menuiseries (bois,
PVC ou aluminium avec ou sans rupteur de pont thermique). De plus
un triple vitrage n’apporte pas de gain acoustique par rapport à un
double vitrage avec des éléments verriers extérieurs identiques (un
triple vitrage 4-12-4-12-4 aura une performance acoustique du même
ordre de grandeur, voire inférieure, qu’un double vitrage 4-16-4).
L’intérêt majeur des différents éléments est donc seulement un gain
sur le plan thermique. Par contre le type de scellement des vitrages
(intercalaires ou espaceurs maintenant mécaniquement les vitrages)
a un impact sur la performance thermique et aussi suivant le type sur
sa performance acoustique [8].
Si les nouvelles fenêtres et portes-fenêtres des pièces principales
doivent comporter des entrées d’air, ces entrées d’air dégradent
l’isolement de façade et doivent donc être choisies avec soin suivant
leur performance acoustique. La même remarque s’applique en cas
d’intégration d’un coffre de volet roulant.
Utilisation d’un doublage thermique intérieur
Un doublage thermique intérieur (qu’il soit collé ou fixé
mécaniquement) a un impact principalement sur l’isolement entre
logements en modifiant la transmission latérale par la façade. Son
influence sur l’isolement de façade (entre l’extérieur et l’intérieur du
bâtiment) intervient généralement seulement lorsque des isolements
de façade très élevés (D
nT, A, tr
≥
38 dB) seraient recherchés de par un
environnement extérieur très bruyant. En effet, l’isolement vis-à-vis
des bruits extérieurs est principalement associé à la transmission
au travers des éléments faibles de type fenêtres, coffres de volet
roulant, entrées d’air, etc…
L’utilisation d’un doublage ayant seulement des propriétés
thermiques (PSE, PU, XPS…) risque de dégrader l’isolement entre
logements, notamment l’isolement aux bruits aériens vertical entre
petites pièces en pignon du fait de l’impact fort sur les transmissions
latérales. Il est donc préférable d’utiliser un doublage dit « thermo-
acoustique » combinant à la fois des performances thermiques et
acoustiques, c’est-à-dire ayant une amélioration au bruit aérien
DR positive comme les doublages à base de laine minérale et de
polystyrène élastifié PSEE.
Utilisation d’un doublage thermique extérieur
Un doublage thermique extérieur n’a pas d’impact sur l’isolement
acoustique entre logements car il ne modifie pas les transmissions
latérales. Ce type de système peut dégrader les performances
acoustiques de la paroi support et ce de manière relativement
importante. Cependant, cette dégradation de l’isolement acoustique
de la paroi extérieure doublée sur l’isolement de façade est
généralement négligeable par rapport aux transmissions au travers
des éléments faibles (fenêtres, coffres de volet roulant et entrées
d’air). Néanmoins, dans des zones de bruits importants où un
isolement de façade important serait souhaité (D
n, T, A, tr
≥
38 dB), il y
a lieu d’être vigilant car la contribution au travers de la paroi opaque
peut devenir non négligeable. Ceci est d’autant plus vrai que la
surface de façade opaque pour une pièce sera importante, comme
par exemple pour les pièces en pignon.
Comme précisé ci-dessus, le doublage par l’extérieur n’a pas
d’influence sur la transmission latérale de façade. En réhabilitation,
il n’y aura pas de dégradation de la performance existante
contrairement à certains doublages thermiques par l’intérieur. Il n’y
aura pas non plus d’amélioration possible contrairement à certains
doublages thermo-acoustiques par l’intérieur.
Ainsi, si aucun doublage thermique n’est présent dans le bâtiment
d’origine, il est préférable de sélectionner dans le cadre de la
rénovation thermique un doublage intérieur thermo-acoustique
pour diminuer les transmissions latérales et donc améliorer les
performances acoustiques de l’existant en même temps que les
performances thermiques.
Remplacement d’une façade non porteuse
Une solution pour améliorer les performances thermiques
d’une façade non-porteuse (cette technique est notamment très
rependue dans les immeubles d’après guerre) peut-être réalisée
par le changement de celle-ci par une façade plus performante
thermiquement. La préfabrication permet généralement une
optimisation de ce type de chantier ; une solution sur la base d’une
ossature légère, généralement filante, est ainsi majoritairement
proposée. L’isolement de façade (vis-à-vis des bruits extérieurs)
pourra être amélioré par rapport à la solution d’origine. Il faudra
toutefois faire attention à l’utilisation de systèmes à base demousse
rigide dont les performances acoustiques sont généralement très
basses dans ce type de système à ossature légère (même pour