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Echo Bruit
2
le magazine de l’environnement sonore
décembre
2010
l
Spécial “Acoustique, thermique et ventilation”
préface
Permettez-moi d’utiliser deux métaphores ferroviaires pour
introduire cette revue, dont le thème est le mariage de plusieurs
préoccupations, l’acoustique, la thermique, la ventilation, et d’une
manière générale la qualité des constructions.
Un train peut en cacher un autre…
La première vous est familière : un train peut en cacher un autre.
Attention aux fausses évidences, aux mots dont le sens s’applique
différemment selon les domaines. L’isolation est à l’honneur. Il faut
diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre, et pour cela
commencer par consommer moins d’énergie. Isolons donc, par
l’extérieur, par l’intérieur, peu importe, il faut empêcher les calories
de circuler librement, pour s’assurer un bon confort, l’été comme
l’hiver, tout en consommant moins. Mais le train de l’isolation
thermique ne doit pas faire oublier celui de l’isolation acoustique.
Ce n’est pas spontanément le même, et ils peuvent même aller dans
des directions opposées. On peut aussi tenter de les combiner,
et de faire en sorte qu’un seul train emporte la thermique et
l’acoustique, mais il faut le vouloir, ça ne tombe pas du ciel. On
trouvera dans ce document de nombreuses pistes pour rapprocher
les deux préoccupations. La recherche, les industriels, l’ingénierie,
les entreprises du bâtiment, se sont lancés dans cette approche
combinée, la dynamique est en route.
La seconde est d’ordre plus stratégique. Au-delà de la technique,
il s’agit de la mise en œuvre d’une politique. Le Grenelle de
l’environnement a fortement marqué le secteur de la construction.
L’étendard de la lutte contre l’effet de serre est haut dressé, et le
besoin de rénovation des bâtiments existants affirmé avec force. Il
y a là un enjeu majeur. Il s’agit avant tout d’énergie, de rénovation
thermique. Si l’impérieuse nécessité de réduire la consommation
d’énergie dans les logements et les immeubles tertiaires est
reconnue de tous, il ne faut pas oublier que ces bâtiments sont là
pour accueillir des êtres humains, et leur offrir un cadre de vie ou
de travail sain, agréable et confortable. L’état général de notre parc
immobilier n’est pas fameux. Il n’existe guère, en France, de culture
de la maintenance des bâtiments, encore moins de leur amélioration
continue. Des efforts sont faits de manière désordonnée, avec le
ravalement, les ascenseurs, les aides aux énergies renouvelables,
etc. Les plans de patrimoine sont encore peu nombreux, les
copropriétés peinent à se constituer des réserves financières
pour réaliser des travaux lourds, pourtant bien nécessaires. 10 %
seulement des immeubles collectifs font l’objet, au cours de leur
vie, d’une réhabilitation d’ensemble. L’impulsion et la volonté
manquent, pour une politique ambitieuse d’amélioration globale.
La réhabilitation ne peut être limitée à quelques aspects, dès qu’on
entre dans une logique de travaux lourds et structurants. C’est une
vision d’ensemble qui doit être la règle.
L’effet de serre : la locomotive qui entraine le
train de l’amélioration du bâtiment
Il faut remercier l’effet de serre. S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer.
Grâce à l’exigence qu’il porte, il entraîne tout le train de l’amélioration
des bâtiments. C’est la locomotive dont nous avions besoin, vous
retrouvez la métaphore ferroviaire, pour convaincre l’ensemble des
acteurs de se lancer dans un programme ambitieux de rénovation.
Il ne faut pas pour autant que la locomotive parte sans wagon.
La loi Grenelle a prévu d’associer deux exigences particulières
à la rénovation thermique, l’accessibilité aux handicapés et la
préservation du patrimoine. Bien au-delà de ces exigences qui
constituent le socle légal, il faut faire de l’énergie le moteur d’une
rénovation d’ensemble. Parce que les travaux purement thermiques
peuvent présenter des effets pervers sur d’autres aspects du
bâtiment, et parce que l’on ne reviendra pas deux fois, avec des
programmes onéreux, sur le même bâtiment. Et en plus, on gagne
de l’argent car il revient moins cher de tout faire à la fois que de faire
des travaux successifs.
Il reste que la locomotive obéit à une logique technique, financière,
institutionnelle différente de chacun des wagons. Seule une volonté
affirmée permet d’assembler un convoi complet et cohérent.
Cette revue et les différentes rencontres professionnelles qui ont
réuni les auteurs sont des outils pour forger et alimenter cette
conviction de la vue d’ensemble. Merci à tous ceux qui lui ont
apporté leur contribution. Et un remerciement particulier au Conseil
National du Bruit, qui à l’initiative de son président Eric DIARD, a
soutenu financièrement l’édition de ce guide.
Attention au départ !
Dominique BIDOU, Président du CIDB.
n
Le train de l’amélioration