Echo Bruit
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le magazine de l’environnement sonore
décembre
2010
l
Spécial “Acoustique, thermique et ventilation”
INTERACTION ACOUSTIQUE ET THERMIQUE : NÉCESSITÉ D’UNE APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
La performance thermique des rupteurs dépend essentiellement
de la résistance thermique du matériau isolant thermique, mesurée
dans le sens du flux thermique. Elle dépend également de la
présence d’autres matériaux de plus forte conductivité thermique et
qui sont intégrés aux rupteurs pour des raisons le plus souvent liées
à la résistance mécanique et à la sécurité au feu (métal, béton…).
Généralement les déperditions par transmission thermique à travers
une liaison équipée de rupteurs de ponts thermiques, sont réduites
de 60 à 80 % par rapport à la même liaison non équipée de rupteur.
L’autre avantage des rupteurs est la limitation des risques de
condensation superficielle sur les surfaces intérieures des locaux.
Cependant le risque de condensation dans la masse derrière le
rupteur pourrait être accentué et nécessite ainsi une étude spécifique
pour être évalué.
La RT2012 fixe comme objectif la réduction de l’impact des ponts
thermiques au travers d’une exigence minimale prévue dans la
réglementation. Les rupteurs permettent très probablement de
répondre à cet objectif. Cependant leur domaine d’utilisation reste
pour l’instant limité, pour la grande majorité des rupteurs, aux zones
de faible sismicité et aux bâtiments comportant moins de 8 étages
environ.
Enfin, et en dehors de l’aspect thermique, un rupteur doit
impérativement être conçu comme une partie intégrante de la
structure du bâtiment vis-à-vis des sollicitations mécaniques et de
la sécurité au feu.
Sur le plan acoustique, le rupteur influence principalement
l’isolement entre deux locaux en façade. Il introduit à la fois une
faiblesse dans l’isolement acoustique direct (D
n, e, w
+ C) au travers
du plancher ou du refend, mais il modifie aussi fortement les
transmissions latérales de la jonction (K
ij
)
Pour ce qui est de la faiblesse sur l’isolement direct, quand
la largeur du rupteur de pont thermique est inférieure à
l’épaisseur du doublage
utilisé, et que ce dernier est
thermo-acoustique, celle-ci
n’impacte pas l’isolement
acoustique direct à condition
que l’indice D
n,e,w
+ C du
rupteur masqué par le
doublage soit égal ou
supérieur à 58 dB. Ce point
fait systématiquement l’objet
d’investigations
lors
de
l’étude acoustique nécessaire
à toute demande d’avis
technique pour des rupteurs
de ponts thermiques destinés
aux bâtiments collectifs.
Les transmissions latérales
sont,
elles,
fortement
modifiées par ce type de
système, on voit ainsi les
chemins façades/plancher (ou refend) largement diminués et
donc les chemins façade/façade renforcés.
Dans ces conditions, le choix du type de doublage s’avère
généralement prépondérant. L’encadré ci-après (page 11) illustre
par une étude de cas ce rôle important joué par l’ITI.
Les éléments exposés dans cet article et plus largement au travers
de toutes les publications ou communications sur le sujet ces
dernières années (Journées du CIDB, Guide Acoustique et thermique,
ce présent dossier ECHO BRUIT…) sont autant d’invitations (ou de
cris d’alerte) à un meilleur dialogue transdisciplinaire.
Exemples de rupteur de pont thermique sous avis techniques
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