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Harmonisation des réglementations européennes dans le domaine de l’isolation acoustique dans le bâtiment (COST TU0901)
Plusieurs pays européens ont procédé à des études
psychoacoustiques sur la relation entre l’isolation acous-
tique et la perception subjective des nuisances liées aux
bruits de voisinage. Cependant les méthodologies utilisées
diffèrent largement, tant au niveau de l’évaluation objec-
tive de l’isolation (utilisation de divers descripteurs), que
pour l’appréciation subjective des nuisances ou de la gêne
ressentie (il n’existe notamment pas dans ce domaine de
questionnaires uniformes). Cette disparité méthodologi-
que rend souvent très difficile la comparaison des résultats
entre les études. Les résultats des enquêtes psychosocia-
les ou psychoacoustiques convergent en ce qui concerne
la pente, relativement linéaire, de la relation entre isola-
tion acoustique et perception subjective, soit environ 4%
par dB (cf. [3]). Un écart de 5 dB entre classe de confort
correspond ainsi à une différence de taux de satisfaction
d’environ 20% (cf. Tableau 3). Selon la norme danoise
DS490, une isolation conforme aux exigences minima-
les (classe C, soit R’
w
55 dB et L’
n,w
53 dB) est jugée
bonne à très bonne par 50 à 65% des habitants et trop
faible par moins de 20% des occupants. Certaines études
montrent que la perception subjective dépend non seule-
ment de la valeur de l’isolation mais également parfois
du type de séparatif (plancher, mur, mur entre maisons
mitoyennes) ce qui explique la différenciation des valeurs
limites suivant ce paramètre dans certaines réglementa-
tions, par exemple en Allemagne.
Exemple de la Suisse
L’exemple d’un pays particulier permet de mieux compren-
dre la structure et la complexité de la normalisation dans
le domaine de l’isolation acoustique du bâtiment.
En Suisse, la méthodologie d’évaluation et les exigen-
ces applicables sont contenues dans la norme SIA181 :
Protection contre le bruit dans le bâtiment [7]. D’abord
éditée sous forme d’une recommandation en 1970, elle
prend le statut de norme privée lors de sa première révision
en 1976, puis celui d’une obligation d’application pour sa
troisième version en 1988. Elle a fait l’objet d’une nouvelle
révision en 2006 [8]. Les niveaux d’exigence sont fixés
selon 3 classes : les exigences minimales (applicables
dans tous les cas, y compris les rénovations), accrues
(+3 dB par rapport aux exigences minimales, applica-
bles pour les maisons mitoyennes et les propriétés par
étages), et particulières (exigences plus élevées à déter-
miner contractuellement selon la situation).
Pour chaque type de bruit (isolation extérieure, isolation
au bruit aérien, de choc, des installations techniques et
sanitaires), les valeurs limites sont fixées, sous forme
de tableau (cf. Tableaux 5 et 6), en fonction du degré de
nuisance de la source sonore à l’émission (classé selon
4 niveaux) et de la sensibilité du bruit du local de récep-
tion (classé selon 3 niveaux).
Pour le bruit aérien (cf. Tableau 5), le niveau global mesuré
ou calculé D
i,tot
= D
nT,w
+ C – C
v
doit être supérieur ou
égal au niveau d’exigence D
i
. Le terme C
v
, spécifique à la
Suisse, est une correction liée aux grands volumes de récep-
tion (de 2 dB pour 200 m
3
à 5 dB pour plus de 800 m
3
).
Le terme d’adaptation utilisé (C) est remplacé, pour les
établissements publics diffusant de la musique (cf. Annexe
A de la norme SIA181), par le C
tr,50-3 150
.
Pour le bruit de choc, le niveau global mesuré ou calculé
L’
tot
= L’
nT,w
+ C
I
+ C
v
doit être inférieur ou égal au niveau
d’exigence L’ (cf. Tableau 6). Le terme d’adaptation utilisé
C
I
est considéré uniquement lorsque sa valeur est positive.
Dans certains cas où la présence de basses fréquences
peut être gênante, il est recommandé de faire son évalua-
tion de 50 à 2 500 Hz. Dans le cas de rénovation, les
exigences sont diminuées de 2 dB.
Pour le bruit des installations techniques, la norme fait la
distinction entre les bruits de courte durée (< 3 min.) et les
bruits continus ainsi qu’entre les bruits de fonctionnement
ou ceux provoqués par l’utilisateur.
Pour ce dernier cas, la Suisse a développé une méthode
d’évaluation particulière qui se base sur l’utilisation d’un
marteau pendulaire [9].
Tabl. 5 : Valeurs limites Di (exigences minimales) en Suisse
pour l’isolation au bruit aérien. Tableau tiré de [7]
Tabl. 6 : Valeurs limites L’ (exigences minimales) en Suisse
pour l’isolation au bruit de choc. Tableau tiré de [7]
La dernière version de cette norme, qui utilise de multi-
ples descripteurs (la table des symboles ne fait pas
moins de 11 pages) et des valeurs limites, est devenue
si complexe qu’elle ne peut être comprise et utilisée que
par des spécialistes.