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es arthropodes constituent le groupe animal le plus
diversifié, comptant plusieurs millions d’espèces. Cette
diversité spécifique se retrouve dans les comportements
et les modalités d’utilisation des vibrations mécaniques. La
communication sonore occupe par conséquent une place
importante dans la biologie des insectes, crustacés, arai-
gnées et autres arthropodes. Ces animaux «invertébrés»
utilisent en effet des vibrations mécaniques pour trouver
un partenaire sexuel, défendre un territoire, établir des
contacts entre parents et jeunes, localiser une proie ou
éviter un prédateur. Différents types de vibrations sont
utilisés : vibrations de l’air, de l’eau, ou de matériaux natu-
rels (sol, végétation, constructions animales).
Les insectes ont développé des méthodes très diverses
pour produire des sons : frottement, percussion, défor-
mation, mouvement du corps ou souffle. Leurs systèmes
auditifs présentent également une très grande variété de
conformation et de fonctionnement : organes tympaniques
pouvant se situer sur n’importe quelle partie du corps, y
compris les antennes, organes flagellaires ou soies sensi-
bles aux mouvements d’air. Au-delà de cette diversité,
les arthropodes montrent des comportements acousti-
ques étonnants. Ils sont, entre autres, capables d’utiliser
les ultrasons, d’exploiter les plantes comme canaux de
transmission, de produire des signaux extrêmement inten-
ses malgré leur petite taille, de détecter et de localiser
précisément des sources sonores et de coder des infor-
mations complexes par des modulations d’amplitude ou
de fréquence stéréotypées. Ces propriétés et la facilité
d’utiliser ces animaux en laboratoire font des arthropo-
des des modèles particulièrement adaptés aux études de
bioacoustique dans un contexte de biologie du comporte-
ment, évolution, écologie ou génétique.
Initiée dans les années 1950 notamment par les études
du français René-Guy Busnel, la bioacoustique des arthro-
podes s’est fortement développée au cours des années
1970-1980. C’est à cette époque que les biologistes s’in-
téressant à la communication sonore de ces animaux ont
commencé à se réunir pour présenter les résultats de leurs
observations et expériences sur le terrain et en labora-
toire. Tous les trois ans, le congrès Invertebrate Sound
and Vibration (ISV) a lieu en Europe ou en Amérique du
Nord. La douzième session s’est tenue pour la première
fois en France, à Tours en octobre 2008
1
. Le congrès
était organisé autour de cinq thèmes majeurs : neurobio-
logie, biomécanique de la production et de la réception
sonore, systématique et écologie sensorielle. Ces deux
dernières thématiques ont émergé récemment, occupant
une place de plus en plus importante dans les recherches
des laboratoires.
L’ISV de 2008 a réuni une centaine de chercheurs et
étudiants provenant de 16 pays. Plus de 80 communica-
tions orales ou posters ont permis de découvrir les avan-
cées récentes. Il est difficile de résumer l’ensemble des
communications qui ont traité de sujets et de modèles
divers, allant du fonctionnement des neurones auditifs
des grillons aux mécanismes de vibration à travers les
plantes utilisés par les membracides, des petits insectes
tropicaux à la morphologie extravagante. Nous rapporte-
rons donc plus précisément les résultats de quatre études
expérimentales récemment publiées dans un fascicule
de la revue Journal of Experimental Biology.
1- Organisé par les auteurs avec le soutien de l’Université François Rabelais de
Tours, du CNRS, de la Région Centre et du Muséum national d’Histoire naturelle.
«Good vibrations» chez les insectes
et autres arthropodes
Compte rendu du colloque Invertebrate Sound
and Vibration ISV’08
Jérôme Sueur,
Muséum national d’Histoire naturelle
Département Systématique et Évolution
UMR CNRS 7205
OSEB
45, rue Buffon
75005 Paris
E-mail : sueur@mnhn.fr
Jérôme Casas,
Michael Greenfield
et Claudio Lazzari
Institut de Recherche en Biologie de l’Insecte ( IRBI )
UMR CNRS 6035
Université de Tours
37200 Tours
E-mail : jerome.casas@univ-tours.fr
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