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Les modèles numériques
Afin d’optimiser la conception acoustique des espaces
ouverts, des modèles numériques peuvent s’avérer prati-
ques, notamment du fait de leur généralité.
Dans une série d’articles [22-25], Wang et Bradley ont
présenté un modèle mathématique pour prédire le Speech
Intelligibility Index derrière un simple écran et entre deux
postes de travail rectangulaires (aussi dénommés cubi-
cles) dans un espace ouvert. Le modèle est basé sur la
méthode dite de l’image source, à partir de laquelle les
réflexions significatives sont calculées pour ce qui est du
plafond, du sol et des panneaux à proximité du poste de
travail. La diffraction des écrans est prise en considéra-
tion par un modèle basé sur le travail de Maekawa [26].
Le modèle de Wang et Bradley est utilisé pour étudier l’im-
pact de diverses variables de l’aménagement des espaces
ouverts sur la discrétion. Des calculs ont été effectués de
façon à évaluer l’effet de la hauteur des écrans de sépa-
ration, de l’absorption du plafond, des panneaux à proxi-
mité du poste et du sol ainsi que de la taille du poste de
travail. Un facteur de correction empirique concernant l’ab-
sorption du plafond a été développé, de façon à prendre
en compte la présence de luminaires intégrés au plafond,
qui couvrent généralement entre 10 et 15% de la surface
théorique du plafond. Le modèle a aussi été utilisé par
Bradley [27] pour prédire l’effet de différentes caractéris-
tiques inhérentes aux espaces ouverts sur la discrétion ;
il en conclut que les facteurs primordiaux pour atteindre
un niveau de discrétion «acceptable» sont:
- l’absorption du plafond
- la hauteur des écrans entre postes de travail, et
- la taille des postes de travail (distance entre postes).
L’absorption de l’écran, la transmission des panneaux,
l’absorption du sol, la hauteur sous plafond et le type de
grille et de capotage des luminaires intégrés sont consi-
dérés comme des facteurs secondaires mais non négli-
geables.
Les calculs indiquent que la valeur de chacun des para-
mètres doit être proche de l’optimale de manière à créer
des conditions de discrétion acceptables dans des espa-
ces ouverts traditionnels.
Fig. 4 : Copie d’écran du site de l’Institut Finlandais de Santé au
Travail pour la prévision simplifiée de l’acoustique des
bureaux ouverts. En paramétrant les caractéristiques de
la pièce, l’outil calcule la valeur d’indices simples comme
le rayon de discrétion. L’outil est disponible en finnois,
anglais et français. http://www.ttl.fi/internet/english/
advisory+services/acoustiquebureauxouverts.htm#
Un modèle moins élaboré mais validé par des mesures
contradictoires en site et destiné à prédire la valeur de
Speech Transmission Index (STI) entre postes de travails
adjacents est présenté par Hongisto, Keränen and Larm
[28]. Les calculs sont basés sur des modèles convention-
nels d’acoustique de pièce, intégrant des schémas de
propagation simples à proximité des postes de travail. Ce
modèle est à la base d’un Outil de prévision acoustique
pour bureaux ouverts disponible en ligne [31].
Le plafond, composant critique
de l’espace ouvert
Cette revue bibliographique converge sur le fait qu’une
condition nécessaire à la réussite de l’acoustique d’un
espace ouvert est un plafond acoustique à haute perfor-
mance. En plus de cela, les différents articles pointent
sur le besoin de méthodes simples et d’indices d’évalua-
tion uniques décrivant l’efficacité du plafond quant à son
absorption et son influence sur la propagation du son.
À ce propos, la norme ISO 14257 [29] donne des recom-
mandations concernant la mesure et la caractérisation de
la propagation du son dans les grandes salles au moyen
du taux de décroissance spatiale par doublement de
distance (couramment appelé décroissance spatiale et
noté DL2) ainsi que l’excès de pression acoustique par
rapport à une source de référence.
Fig. 5 : Principe schématique de mesure et de calcul du taux
de décroissance spatiale DL2. On reporte le niveau
de pression acoustique mesuré à chaque mètre le long
d’une ligne tracée à partir d’une source. On peut alors
calculer de combien le son décroît dans la pièce à
chaque fois que l’on double la distance à la source
Projet de norme française
sur les espaces ouverts
Ces recommandations sont en passe d’être affinées
dans le cadre de la rédaction de la norme ISO 3382-3
sur la mesure des paramètres de l’acoustique des espa-
ces ouverts. De plus, l’AFNOR a entrepris au travers de
la commission S30D (Acoustique des lieux de travail) la
rédaction du document normatif NF S30-199, complémen-
taire à la NF S 31-080. La commission S30D se donne
pour champ d’application les espaces ouverts aménagés
ou en cours d’aménagement. Le principal élément diffé-
renciant étant l’activité qui s’y déroule, selon qu’elle impli-
que un grand nombre de sources simultanées, selon le
degré d’interaction entre ces sources.
Acoustique des espaces ouverts : Science et pratique