La parole est à …
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Acoustique
&
Techniques n° 53
La parole est à … Bernard Poirée
Une brève histoire des revues d’acoustique
françaises
l’occasion du 60
e
anniversaire de la Société
Française d’Acoustique, qui sera commémoré pendant
le grand congrès Acoustics’08 à Paris du 30 juin au
4 juillet 2008 (avec les sociétés américaine (ASA) et
européenne (EAA) d’acoustique), un CD va être édité,
qui inclura des reproductions de l’ensemble des articles
publiés depuis 1932
1
.
La Revue d’Acoustique des années 1930
Aujourd’hui peu citée, la Revue d’Acoustique a été imprimée
par les Presses Universitaires de France (PUF) de 1932
à 1940. On notera donc qu’elle a été fondée juste après
le journal de la société américaine d’acoustique (JASA),
créé en 1929. Son comité de direction est composé
de personnalités bien connues, comme J. Becquerel, A.
Blondel, F. Canac, Z. Carrière qui était le collaborateur de
H. Bouasse, A. Cotton, E. Esclangon, H. Galbrun, J. Perrin,
J. et L . Brillouin, R. Lucas et A. Marcelin, les quatre derniers
constituant le comité de rédaction. Ces noms illustrent
le caractère dispersé de l’acoustique, comme le note L.
Brillouin dans un éditorial.
La Revue édite surtout des articles scientifiques, des revues
bibliographiques et des analyses d’articles de la littérature
internationale. Parmi les auteurs d’articles, on trouve, outre
des membres du comité de rédaction, des noms célèbres
comme Y. Rocard, E. Fubini-Ghiron, ou G. von Békézy qui
sera Prix Nobel de médecine en 1961. Les thèmes abordés
vont de la science fondamentale à la science appliquée. Ceci
montre à l’évidence l’existence de l’acoustique en France,
avant même la création d’une société savante.
L’évolution de la Revue d’Acoustique
En 1948,
le Groupement des acousticiens de langue
française (GALF) a été fondé avec notamment les membres
suivants : Y. Rocard qui fut le premier président, F. Canac,
P. Chavasse , Dr Caussé, J. Brillouin, P. Baron, F. Bedeau,
R. Lehmann, C. Bonhommet et A. Foch.
De 1950 à 1965
paraissent les Cahiers d’acoustique, inclus
dans les annales des télécommunications, publiés par le
CNET (Centre national d’études des télécommunications).
Ce n’est qu’en 1968 que fut créée, par R.-G. Busnel,
Président du GALF, la Revue d’Acoustique. Elle était diffusée
aux 500 membres de l’association.
Elle devient Journal d’Acoustique au
début de 1988
,
après que le GALF se soit transformé en Société Française
d’Acoustique (SFA) en 1986.
En 1992,
le Journal d’Acoustique disparaît aussi au profit
de ACTA ACUSTICA
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de l’European Acoustics Association
(EAA).
Enfin,
en 1995,
ACTA ACUSTICA a évolué en ACTA
ACUSTICA united with ACUSTICA, en fusionnant avec la revue
ACUSTICA de l’éditeur allemand Hirzel. La même année, le
Centre d’information et de documentation sur le bruit (CIDB)
publie, avec le concours de la SFA, la revue Acoustique &
Techniques pour la parution d’articles techniques destinés
à un public large.
C’est à partir de 1986 que la Revue d’Acoustique accepte
les articles en anglais, suivi par le Journal d’Acoustique
qui conseille même fortement cette langue, les articles
en anglais atteignant la moitié des textes en 1992
3
. Cette
évolution est parallèle à celle qui s’est produite pour de
nombreuses revues scientifiques françaises. Qui plus est, le
«sabordage» de ce journal pour favoriser la création d’une
revue non seulement européenne, mais qui soit la revue
d’une société européenne d’acoustique, peut aussi être
mis en parallèle avec la disparition de revues françaises
en physique ou en mécanique.
Certaines revues nationales existent encore aujourd’hui dans
certains pays, par exemple en Allemagne, Espagne, Italie,
Pays-Bas ou Pologne : elles vont d’une revue présentant la
vie de l’association nationale à une vraie revue scientifique,
en passant par une revue technique comme l’est Acoustique
& Techniques
4
. Il faut saluer le volontarisme européen des
acousticiens français.
Acoustique & Techniques est par conséquent aujourd’hui un
des seuls vecteurs du français scientifique en acoustique,
avec bien entendu les actes de la plupart des congrès
français d’acoustique. La position de l’anglais comme
langue internationale scientifique quasi unique est aujourd’hui
A
1- Il comprendra outre la Revue d’Acoustique des Presses Universitaires de
France, la Revue d’Acoustique, le Journal d’Acoustique, ACTA ACUSTICA,
Acoustique & Techniques, la revue de CETHEDEC (1964-4984), les actes des
congrès français d’acoustique et des congrès européens sur l’acoustique sous-
marine et sur le bruit. L’ensemble sera mis en ligne sur le site HAL (Hyperarticles
en ligne) du CNRS.
2- l ne faut pas confondre cet ACTA ACUSTICA avec la revue éditée en Chine qui
porte le même nom ACTA ACUSITICA mais qui paraît en langue chinoise !
3- Mais il accepte aussi l’allemand et le russe.
4- Pour le choix des langues, on trouve plusieurs solutions : la plus fréquente est
un mélange d’articles en langue nationale et en anglais, voire d’articles bilingues.