Spécial “ Noise at work 2007 ”
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Acoustique
&
Techniques n° 49
Contraintes d’adaptation des équipements de protection individuelle contre le bruit
Dynamique auditive et recrutement
La dynamique auditive et les caractéristiques du
recrutement pour toutes les fréquences doivent être
connues afin de choisir un affaiblissement du bruit adapté,
en terme de protection et de conservation d’une fonction
d’alerte suffisante.
Intégrité du réflexe stapédien
Les réflexes stapédiens doivent être étudiés : soit ils sont
présents et leurs niveaux d’enclenchement renseignent
alors objectivement sur l’importance du recrutement,
soit ils sont absents et c’est alors un élément important
puisque cela indique que le patient ne dispose pas de cette
protection naturelle, ce qui devra être pris en compte lors
du choix du protecteur.
Intelligibilité de la parole
L’effet de la perte auditive sur l’intelligibilité de la parole
(particulièrement dans le bruit) doit être analysé : s’il existe
des difficultés à discriminer certains signaux de parole,
il faudra adapter un protecteur qui corrige ce problème,
ou tout au moins un protecteur qui n’accentue pas ce
trouble. [4]
Surveillance renforcée
La surveillance du port des protecteurs antibruit doit être
particulièrement renforcée pour les sujets qui présentent un
déficit auditif, même léger. Une surveillance audiométrique
stricte doit être mise en place ainsi que celle d’autres effets
potentiels du bruit, notamment l’apparition ou la majoration
d’acouphènes doivent être contrôlées.
Contraintes particulières pour le sujet
malentendant appareillé
Sujets malentendants appareillés et exposés au bruit
Pour la quasi-totalité des sujets malentendants appareillés,
le port de protections antibruit standard ne peut être
envisagé : si le patient est porteur d’aides auditives, c’est
que son déficit auditif dépasse un certain niveau de perte.
Cette perte auditive est différente selon les fréquences, au
niveau des Seuils Auditifs, des Seuils Subjectifs d’Inconfort
et du recrutement endocochléaire. Les aides auditives qui
ont été adaptées prennent en compte ces paramètres, ce
que ne pourra pas faire un dispositif antibruit standard.
Le problème qui se pose donc pour cette population
malentendante appareillée est celui du port de son
appareillage auditif dans le bruit.
Sujets malentendants appareillés et port de
l’appareillage auditif en milieu bruyant
Il faut donc tout d’abord réaliser une investigation précise
des caractéristiques de la surdité. La perte auditive doit
être analysée dans sa dimension dynamique (Seuils Auditifs,
Seuils Subjectifs d’Inconfort, recrutement…). La seconde
analyse concerne le bruit auquel le sujet est exposé avec
une connaissance précise des caractéristiques en terme
de spectre, d’intensité et de temps.
Cet élément est fondamental : un sujet appareillé, ne
présentant aucun inconfort au bruit avec son appareillage
pourra toutefois être dans une situation de surexposition
en fonction de la nature du signal acoustique et de son
transfert par l’appareillage. Pour exemple, un sujet normo-
entendant exposé à une intensité de 90 dB pendant
8 heures doit porter des protecteurs antibruit. Dans cette
même situation, un sujet malentendant appareillé avec une
amplification basée sur une méthodologie supraliminaire ne
subira aucun inconfort au bruit (les réglages sont adaptés
de telle manière qu’aucun signal amplifié ne dépasse les
niveaux des Seuils Subjectifs d’Inconfort) mais la dose de
bruit reçue sera excessive si le bruit a été transféré dans
sa dynamique résiduelle à une intensité visant à normaliser
la sonie. L’absence d’inconfort au bruit avec un appareillage
auditif ne garantit donc pas que le patient ne reçoive pas
une dose excessive de bruit et il faudra adapter entre autres
les réglages de gain, de compression, de réducteurs de
bruit et de niveaux de sortie afin que les signaux soient
amplifiés de manière différente selon leurs intensités pour
chaque fréquence. Les possibilités de traitement de signal
des aides auditives numériques actuelles permettent cette
adaptation particulière (Fig. 10 et 11) [32].
La figure 12 schématise le principe du transfert des
signaux dans la dynamique résiduelle du champ auditif,
à des intensités correspondantes ou à des valeurs plus
faibles dans la dynamique, ce dernier principe pouvant
être retenu pour limiter la dose de bruit transmise par
Fig. 10 : Réglages de gain fréquentiel
Fig. 11 : Réglages de compression