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Spécial “ Noise at work 2007 ”
Acoustique
&
Techniques n° 49
Contraintes d’adaptation des équipements de protection individuelle contre le bruit
Atténuation acoustique des équipements de
protection individuelle contre le bruit
Données générales
Les caractéristiques acoustiques d’atténuation du bruit
d’un équipement de protection individuelle constituent
évidemment son caractère principal. Les particularités
des différents dispositifs influent sur le traitement appliqué
à un signal acoustique en fonction de sa nature, de ses
caractéristiques temporelles, fréquentielles et d’intensité,
de sa localisation…
Ces dispositifs ont pour double mission :
- De protéger efficacement le sujet face aux bruits
d’environnement ;
- De maintenir (voire de restaurer) une perception auditive
suffisante pour assurer au sujet une bonne fonction d’alerte
en lui permettant de percevoir, d’identifier et de localiser
les éléments pertinents de son environnement sonore (qui
peuvent être des bruits ou des signaux de parole).
Ces deux contraintes doivent être parfaitement prises en
compte pour le choix et l’adaptation des équipements de
protection individuelle contre le bruit. [8][9][12][13][17][26]
[27][29][30][35][37] Ne pas remplir favorablement une de
ces deux exigences (et donc ne pas protéger suffisamment
ou trop diminuer la perception de sons importants à
entendre) constitue une inadaptation du dispositif de
protection contre le bruit. Plusieurs éléments seront à
prendre en considération, notamment :
- Les caractéristiques acoustiques du bruit ;
- Les besoins d’écoute ;
- Les conditions d’exposition ;
- Le niveau d’audition de la personne concernée.
Protecteurs antibruit passifs et actifs
Les protecteurs antibruit passifs ne contiennent pas de
dispositif électronique permettant une réduction automatique
active de certains bruits. Ce sont entre autres la structure,
la forme, les matériaux utilisés et le positionnement dans
l’oreille qui déterminent l’atténuation acoustique. Afin
d’adapter ces niveaux d’atténuation, des filtres acoustiques
qui atténuent différemment les fréquences peuvent être
placés dans ces protecteurs ; on parle alors de protections
antibruit passives sélectives. Certains filtres agissent
différemment selon l’intensité du signal (les signaux forts
sont davantage atténués que les signaux faibles), l’action
du protecteur antibruit est alors qualifiée de non linéaire [15]
[21]. Les protecteurs antibruit actifs comportent un dispositif
électronique permettant une réduction automatique active
de certains bruits. Ce type de protecteur présente un intérêt
majeur dans certains environnements sonores et pour
des contraintes d’écoutes particulières. De nombreuses
évolutions technologiques permettent actuellement un
développement important de ces dispositifs [2][4].
Mesures et interprétations des valeurs d’atténuation
acoustique
Les valeurs d’atténuation acoustique attribuées à un
protecteur individuel contre le bruit sont définies selon une
réglementation précise. Avant de pouvoir être mis sur le
marché, un protecteur fait donc l’objet d’analyses et de
mesures qui permettent d’obtenir ces valeurs d’atténuation.
Ces mesures peuvent être objectives (réalisés à l’aide de
microphones ou de sondes, sur matériel ou directement
dans l’oreille du sujet) ou subjectives (par exemple en
comparant des niveaux de seuils auditifs avec et sans la
protection) [6][7][17].
Chaque protecteur bénéficie ainsi d’une présentation
réglementée de ses propres valeurs d’atténuation qui
doivent cependant être analysées et interprétées avec
prudence. En effet, en ce qui concerne les systèmes
passifs non linéaires, les valeurs indiquées correspondent
aux affaiblissements relevés pour un niveau d’entrée donné
mais elles ne reflètent pas le comportement dynamique du
protecteur. Concernant les différents systèmes actifs, les
protocoles de mesure et d’évaluation ne permettent pas
toujours de décrire précisément le traitement appliqué au
signal acoustique.
Par ailleurs, il est nécessaire de bien prendre en compte
les variabilités interindividuelles. Les valeurs d’écart type
indiquées sur les tableaux officiels d’affaiblissement
constituent évidemment une indication mais ces données
correspondent aux mesures réalisées lors des démarches
d’homologation. Or, si l’on prend l’exemple d’embouts
réalisés sur mesure, on sait que les contraintes particulières
de fabrication individuelle à partir d’une empreinte de
l’oreille peuvent entraîner de grandes variations en fonction
de la qualité de l’empreinte réalisée et de la fabrication
individuelle de l’embout. De la même manière, un bouchon
antibruit standard verra ses valeurs réelles d’atténuation
varier selon son positionnement dans le conduit et les
caractéristiques anatomiques de ce conduit auditif. De
récentes études semblent d’ailleurs montrer des écarts
très sensibles entre les valeurs officielles de certains
protecteurs individuels et les valeurs réelles relevées sur
des sujets équipés.
Ce constat, et l’évolution de la réglementation (notamment
en ce qui concerne les niveaux de bruit à contrôler
avec la protection) devraient logiquement entraîner un
développement des outils et des moyens de contrôle des
différents dispositifs, dans les années à venir [8].
Contraintes particulières en cas de perte
auditive chez un sujet non appareillé
Une perte auditive, même légère et spécifique sur une zone
de fréquences, doit être prise en compte lors du choix
d’une protection auditive. De nombreux paramètres (dont
nous n’évoquerons que quelques éléments) sont à prendre
en considération. [1][3]
Importance de la perte auditive tonale
Les caractéristiques tonales de la perte auditive influent de
manière très importante : les niveaux d’affaiblissement du
protecteur vont s’ajouter à la perte auditive pour chaque
fréquence, ce qui doit être pris en compte pour évaluer
la fonction d’alerte du sujet lorsqu’il sera équipé de sa
protection.