Spécial “ Acoustique sous-marine ”
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Acoustique
&
Techniques n° 48
précédemment, les données utilisées sont ici fondées sur
des résultats d’essais prenant en compte chaque type de
matériel, les trois voies de propagation (solidienne, fluidique
et aérienne), les montages et les liaisons (plots, flexibles,
câbles, etc.).
Remarques sur l’habitabilité
En plus des critères associés à la Discrétion Acoustique
des sous-marins, les principaux locaux sont soumis à des
contraintes de niveaux acoustiques dits « d’habitabilité ». Ces
contraintes sont liées d’une part au confort acoustique des
personnes à bord et d’autre part aux objectifs opérationnels
du sous-marin (un niveau de bruit trop élevé dans les locaux
opérationnels peut perturber le travail des opérateurs). Elles
figurent généralement dans les exigences contractuelles.
Les équipements doivent donc respecter un niveau de
puissance acoustique global cohérent avec les objectifs
de pression acoustique dans les locaux, en fonction de leur
implantation et de la situation dans laquelle ils fonctionnent.
Ces contraintes s’appliquent sur les équipements dits bruyants
tels que pompes, compresseurs, convertisseurs, climatiseurs,
ventilateurs, transformateurs, moteurs électriques mais aussi
les baies de calcul, les pupitres de conduite, les tableaux
électriques et les coffrets de démarrage des machines
tournantes, et viennent se cumuler avec les exigences de
bruit rayonné définies précédemment.
Cela se traduit par une isolation phonique complète (plancher,
cloison, plafond, porte) et des mesures de réduction de bruit
(écrans ou capotages acoustiques, étude de l’emplacement
des machines bruyantes, étancher soigneusement les fuites
acoustiques aux passages des tuyauteries au travers des
cloisons et parquets, etc.).
Le maintien des performances de discrétion
acoustique durant toute la durée de vie du sous-
marin : exemple de l’entretien des Sous-marins
Nucléaires Lanceurs d’Engins de Nouvelle
Génération (SNLE NG) à Brest
Une fois le bâtiment admis au service actif, les performances
de Discrétion Acoustique obtenues à l’issue de la construction
doivent être maintenues pendant tout le cycle opérationnel
du sous-marin. A titre d’exemple, DCN Services Brest réalise,
pour le compte de la Direction des Services du Soutien de
la Flotte du Ministère de la Défense (DSSF), les entretiens
courants et majeurs des SNLE NG sur les sites de l’Ile Longue
et de Brest.
Les nombreuses interventions d’entretiens (préventif et
correctif) réalisées lors des périodes d’arrêt techniques
programmées des SNLE NG doivent donc être conduites
dans le respect des règles de Discrétion Acoustique, afin de
pouvoir garantir un niveau de bruit rayonné à la fin de cet arrêt
au moins aussi bon qu’à son début.
Pour cela, DCN Services Brest réalise de nombreux contrôles et
expertises qui permettent la détection d’anomalies acoustiques
potentielles afin de pouvoir les corriger au plus tôt :
- Au niveau des sources : la maintenance conditionnelle et
prédictive des machines tournantes, qui permet de garantir
le fonctionnel (tenue mécanique accrue) mais également
de vérifier systématiquement que les niveaux de vibrations
mesurés à bord ou en atelier restent en deçà des niveaux
maximums admissibles (gabarits de discrétion),
- Au niveau de l’environnement (transfert sources – coque) :
examen et corrections de « ponts sonores » (contacts francs
entre structures initialement découplées), suivi de l’écrasement
des plots de suspension (remplacement le cas échéant),
vérification des capotages pour le transfert aérien,
- Au niveau du propulseur : inspection, nettoyage, réparations
éventuelles,
- Au niveau des sources extérieures d’origine hydrodynamique:
examen des continuités de forme et des états de surface des
appendices et superstructures,
- Validations en bassin ou à quai : mesures vibratoires (sources
et coque) et éventuellement mesures acoustiques en champ
proche (en eau à 1 m de la coque) pour vérification du non
dépassement de l’objectif de bruit rayonné des sources
internes.
A l’issue de l’arrêt technique, le SNLE NG sera finalement
écouté à différentes vitesses en plongée par un bâtiment
mesureur équipé d’une antenne remorquée. Ces mesures,
réalisées par le Groupe d’Etudes Sous-marines de l’Atlantique
(GESMA) du Ministère de la Défense, permettront alors de
vérifier que les performances acoustiques du SNLE NG sont
respectées en route libre (essentiellement pour le propulseur
et les phénomènes hydrodynamiques, la majorité des sources
internes étant préalablement contrôlée au bassin).
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La discrétion acoustique des sous-marins