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La parole est à …
Acoustique
&
Techniques n° 46-47
Mathias Meisser, consultant en acoustique
Les incertitudes en acoustique du bâtiment
Le point de vue d’un bureau d’études
ontrairement à d’autres domaines, tels que l’isolation
thermique ou la protection contre l’incendie, en acoustique
du bâtiment on a la possibilité de réaliser des mesures de
réception en fin de chantier. Si les résultats des mesures
sont plus mauvais que les résultats prévus après étude, on a
la fâcheuse tendance à décréter que la mise en œuvre a été
mal faite. Si les résultats des mesures sont meilleurs que les
résultats escomptés, on ne se pose pas de problème ou on est
fier de faire constater la bonne qualité de l’étude réalisée.
En fait, lorsqu’une performance est visée, il faut étudier
des solutions, réaliser et contrôler. Chaque étape entre la
conception et la mesure finale est affectée d’une certaine
incertitude. C’est ce que nous allons essayer de montrer en
prenant l’exemple d’un isolement acoustique standardisé entre
deux locaux.
La pratique française
Dans les bâtiments neufs à usage d’habitation, dans les
établissements d’enseignement, les établissements de santé
ou les hôtels, la réglementation acoustique fixe des obligations
de résultats sous la forme de valeurs minimales d’isolements
acoustiques standardisés entre locaux à obtenir (D
nTA
= D
nT,w
+ C en dB).
C’est aux constructeurs de prévoir les moyens permettant
de les satisfaire.
La conformité à la réglementation peut être contrôlée par des
mesures in situ, a posteriori.
En cas de non-conformité, le maître d’ouvrage est condamné
à réaliser des travaux d’amélioration afin d’obtenir les résultats
exigés.
Une incertitude de 3 dB est admise lors de l’interprétation des
résultats de mesures.
Les sources d’incertitudes
Entre l’étude prévisionnelle et la mesure finale, il y a quatre
sources principales d’incertitudes :
- La méthode de prévision elle-même sous la responsabilité
du concepteur ;
- Les performances des éléments de construction qui
impliquent les industriels fabricants de ces éléments et les
laboratoires qui les mesurent ;
- La mise en œuvre qui met en cause les entreprises ;
- Les mesures finales in situ qui intéressent la commission
de normalisation qui a établi la méthode de mesurage et le
contrôleur qui l’applique.
Incertitudes liées à la méthode de prévision
La méthode de prévision actuelle la plus complète, et
apparemment la plus précise, est donnée dans la norme
européenne EN 12354 : « Prévision des performances
des bâtiments à partir des performances des éléments
de construction – Partie 1 : Isolements acoustiques entre
locaux »
Même si on fait le postulat que la méthode est bonne, il y a
un certain nombre d’incertitudes qui se glissent dans son
application.
Par exemple, le passage des performances en laboratoire
aux performances in situ des éléments utilisés fait appel à des
durées de réverbération structurales mal connues.
L’indice d’affaiblissement vibratoire au niveau des jonctions
entre parois est basé sur desmodèles statistiques pour lesquels
l’épaisseur du nuage de points n’est pas communiquée.
La norme comporte toutefois un paragraphe relatif à la
précision, lorsque lamise enœuvre est correcte et lemesurage
très précis. Pour des structures de base homogènes, « la
C