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Spécial “10
e
anniversaire”
Acoustique
&
Techniques n° 42-43
d’indice d’affaiblissement acoustique de la paroi munie
de son complexe d’isolation thermique par rapport à la
paroi nue est d’autant plus forte que l’isolant entrant dans
la composition du complexe est plus rigide (polystyrène
extrudé ou polyuréthanne rigide). Or, en thermique, les
produits rigides cités ci-dessus ont un pouvoir d’isolation
supérieur. On a donc tendance à les utiliser lorsqu’on
cherche à diminuer l’épaisseur du complexe d’isolation
thermique.
Les isolants thermiques équipent principalement les
façades des immeubles, et, le plus souvent ils sont placés
du côté intérieur du bâtiment. Comme nous l’avons vu
ci-dessus, les isolants rigides dégradent la performance
acoustique. Cette dégradation a généralement peu
d’importance quand on s’intéresse à l’isolation acoustique
vis-à-vis des bruits extérieurs, sauf éventuellement
dans le cas où l’isolement acoustique demandé est
particulièrement élevé. En effet, la fenêtre, les entrées
d’air, les coffres de volets roulants sont habituellement
les points faibles qui commandent le résultat global. Par
contre, les façades sont des éléments de transmissions
latérales dans les problèmes d’isolement acoustique
entre locaux voisins adossés à cette façade. Une perte
de performance de cette paroi latérale peut entraîner
une diminution de l’isolement acoustique entre locaux.
Les problèmes de ce type se posent d’autant plus que
l’isolement acoustique exigé est fort. Il faut les maîtriser
dans le cas des logements, voire des hôtels et il y a moins
d’incidence dans les cas des bâtiments d’enseignement
ou dans les hôpitaux. Dans le premier cas les isolements
acoustiques exigés sont compris entre 50 et 55 dB, dans
le second, ils sont compris entre 40 et 45 dB.
Lorsqu’il y a risque d’incompatibilité entre l’isolation
thermique et l’isolation acoustique, une solution consiste à
remplacer ces isolants rigides par des produits dits thermo-
acoustiques, qui, au lieu de dégrader la performance
acoustique du support, sont neutres ou l’améliorent.
Un autre domaine dans lequel on ne se pose pas toujours
le problème de compatibilité est celui de la relation entre
la qualité acoustique d’une façade et l’aération suffisante
des locaux. En acoustique, on choisit les performances
des fenêtres et des parties opaques de façade de façon
à obtenir les exigences d’isolements acoustiques vis-à-
vis des bruits extérieurs. Puis, pour assurer une aération
suffisante, on place dans la façade des entrées d’air qui sont
en fait des trous dans la paroi, sources de transmissions
parasites. Ce problème commence à être relativement
bien maîtrisé dans les immeubles d’habitation. Mais pour
ces immeubles les besoins en renouvellement d’air sont
assez faibles. Par contre, dans une salle de classe d’un
établissement d’enseignement, il faut introduire 18 m
3
/h
par élève, ce qui conduit à 450 m
3
/h s’il y a 25 élèves.
Autrement dit, il faut placer en façade 10 grilles d’entrée
d’air de 45 m
3
/h. Si l’isolement acoustique normalisé pour
un bruit routier à l’émission d’une seule entrée d’air est
de 45 dB, l’isolement acoustique normalisé global pour
les 10 grilles n’est plus que de 35 dB. Dans le cas d’une
recherche d’isolement fort vis-à-vis des bruits routiers, il
peut y avoir incompatibilité. On sera alors conduit à étudier
une ventilation mécanique de type double flux (insufflation
et extraction d’air dans les pièces par gaines). Le coût de
cette solution est partiellement compensé par le fait qu’il
n’y a plus d’entrées d’air en façade, par la possibilité de
récupérer de la chaleur sur le réseau d’air extrait, et par
la diminution des performances des vitrages équipant les
fenêtres.
Les deux domaines de compatibilité évoqués ci-dessus
montrent
qu’il ne faut pas se contenter d’étudier
une fonction du bâtiment, sans se préoccuper
des incidences sur les autres fonctions
. Il y a des
incompatibilités entre domaines, mais il existe également
des solutions compatibles. Encore faut-il se poser le
problème.
Pour illustrer encore une fois cette nécessité d’examiner
toutes les fonctions du bâtiment, nous évoquerons un
cas récent d’un immeuble d’habitation. L’étude thermique
avait été faite en considérant des complexes d’isolation
thermique par l’intérieur à base de polystyrène expansé
standard de 8 à 10 cm, suivant la localisation. L’étude
acoustique a été faite en prenant en compte le résultat de
l’étude thermique et a défini la nature et l’épaisseur des
planchers, des murs et des cloisons qui étaient nécessaires
pour obtenir les 53 dB d’isolement acoustique standardisé
demandés par la réglementation. Ni le thermicien, ni
l’acousticien n’étaient conviés aux réunions de chantier.
Au cours d’une de ces réunions un des participants a
proposé de remplacer le polystyrène expansé standard
par un polystyrène extrudé de conductivité plus faible, ce
qui permettait, à résistance thermique égale, de diminuer
l’épaisseur du complexe d’isolation de 2 cm. La variante
a été immédiatement acceptée. En fin de chantier, les
mesures acoustiques de réception ont montré des non-
conformités d’isolements acoustiques entre pièces
superposées de logements différents, notamment lorsque
ces pièces étaient en pignon de l’immeuble. Il s’est avéré
que ces non-conformités étaient essentiellement dues
au remplacement de l’isolant thermique sans se poser le
problème de sa compatibilité avec l’acoustique.
Acoustique du bâtiment
Évolutions ressenties au cours des quinze dernières années