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Echo Bruit
n° 129
06.2010
g
Dossier :
Colloque “Zones calmes”
23
le magazine de l’environnement sonore
Ces éléments de posture découlent de
plusieurs enjeux transversaux…
• Quid des critères de protection ? Jusqu’où faut-il protéger
les zones calmes ?
• On peut imaginer le risque de sanctuariser que pourrait
entraîner la labellisation de ce type d’espaces. Le calme
ne va-il pas devenir un nouvel élément de zonage où
les indicateurs vont une nouvelle fois définir de façon
arbitraire ce que serait l’action publique dans ces
périmètres ?
• Quid des dynamiques territoriales dans lesquelles les
dites zones calmes vont s’insérer ?
• L’effet de labellisation pourrait avoir des conséquences
sur le marché foncier et immobilier, entraînant un
accroissement des ségrégations spatiales et des inégalités
environnementales.
• Quid enfin de la démocratie participative comme mode
opératoire de la définition du calme ?
• La place des habitants dans le processus de décision
et d’action est indispensable pour permettre plus de
pertinence et une adhésion sociale plus forte.
Il convient de protéger les lieux et donc de qualifier ce qui fait
calme, particulièrement en ville.
Si l’on croise les éléments de posture et les enjeux liés, le
guide référentiel est en fait une démarche hybride qui propose
des clefs de lecture, des angles permettant d’entrer dans le
sujet, avec toujours comme mot d’ordre, que le calme ne soit
pas appréhendé comme le simple antonyme du bruit.
Trois étapes ont permis d’élaborer
ce guide :
• un état de l’art sur la question, particulièrement sur la
base de retours d’expériences étrangères et françaises,
• une consultation de cent vingt acteurs (avec l’IAU : 12
entretiens auprès d’acteurs franciliens, 90 questionnaires
écrits dont plus de 20 issus d’Europe ; puis 14 entretiens
ouverts supplémentaires auprès d’acteurs français).
• une expérimentation in situ s’appuyant sur une
qualification des sites, enrichie d’entretiens ouverts
auprès d’habitants et d’usagers et de relevés sonores
réalisés par Bruitparif, l’ODES 94 et le CETE de l’Est.
Concernant ce dernier point, des conf igurations
environnementale, urbaine, sociale et morphologique
différentes ont été choisies. L’échantillon exploratoire
comprend :
• des espaces dits naturels (parc départemental du Sausset
à Aulnay-sous-Bois (93) et berges de fleuve, lieu-dit de
« La plage », à Champigny-sur-Marne (94)) ;
• trois sites mixtes (l’esplanade de la Défense (92), la zone
« trente » du quartier de l’Ile Verte à Grenoble (38) et la
place Sathonay dans le centre de Lyon (69)) ;
• un quartier d’habitat social (la Cité du Pont de Pierre à
Bobigny (93)).
Quelques-uns des enseignements
généraux…
Voir le guide référentiel pour plus de détails et notamment sa
synthèse de vingt pages qui permet d’aller rapidement aux
résultats et aux recommandations :
1- Le calme est important au quotidien. A minima, l’idée
maîtresse est de pouvoir s’abstraire, s’extraire de l’agitation
urbaine. Mais néanmoins, cela n’est pas pour autant s’isoler.
Il y a une recherche de socialisation derrière celle du calme. Le
but n’est pas d’être seul. On peut se ressourcer en compagnie.
Pour trouver le calme, les gens sont spontanément amenés à
dire que les espaces naturels sont des lieux de ressourcement,
mais aussi des lieux de socialisation.
2- Le calme va bien plus loin que le seul niveau sonore. Cela
signifie qu’en termes de méthode, l’acoustique est nécessaire
pour identifier les zones calmes, mais insuffisante.
3- Le calme est une aménité spatiale qui peut permettre de
définir de manière globale un lieu et plus précisément ce que
le lieu suscite en termes de bien-être et de satisfaction. C’est le
résultat d’une impression d’ensemble, fruit des interrelations
entre de multiples critères et références qui renvoient à :
• la morphologie de l’espace (relation ville-campagne,
architecture...)
• l’aspect fonctionnel (aménagement, accessibilité,
commodité)
• les dimensions humaines et relationnelles (solidarité,
convivialité, cohésion)
• les ambiances et les paysages sensibles (éléments
naturels, sensorialité, esthétique…)
• l’usage et le confort du lieu (activités, sécurité, propreté).
Du coup, la définition et l’identification des zones calmes
doivent procéder d’une approche multi-critères du fait même
de la multitude des sens, échelles et fonctions qui composent
le lieu et les acteurs qui sont amenés à façonner et à utiliser
le lieu.
Certains facteurs qui interviennent dans la perception et dans
l’énoncé du calme peuvent être appréhendés quantitativement.
Toutefois, ces critères quantitatifs comportent un certain
nombre de lacunes (voir tableaupage suivante). Il y a donc une