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Echo Bruit
n° 128
03.2010
g
Écho des villes
25
le magazine de l’environnement sonore
Max Stein et son frère, Julian, se sont
lancés dans la réalisation de leur projet
de cartographie sonore de Montréal
en août 2008. Trois mois plus tard, la
carte sonore interactive était en ligne.
Une soixantaine de sons différents –
rues, parcs, restaurants, etc. – y sont
répertoriés depuis par plus de 25
personnes différentes. Ce projet est
libre, il appartient à tous, chacun peut
enregistrer une séquence et la mettre
en ligne. Il est possible également de
télécharger gratuitement des sons
et les exploiter pour autre chose.
Pour les deux étudiants, il s’agit d’un
passe-temps, certes, mais qui exige
néanmoins un travail de gestion
important.
Max gère dans sa base de données
chacune des séquences sonores avec
une infinité de détails : nom de l’auteur,
emplacement, durée, date, heure,
saison, sons répertoriés, mouvements
du micro, trajet sonore, etc. Il
souhaite ainsi offrir aux utilisateurs
la possibilité de sélectionner les sons
qui les intéressent, de regrouper, par
exemple, tous les sons des parcs de
la ville, les sirènes d’ambulances, les
sons du métro, etc. De son côté, Julian
transforme les séquences sonores en
spectrogrammes colorés directement
lisibles sur la carte de la ville. Plus les
couleurs sont vives, plus la fréquence
est haute et plus le son est fort. En
un seul clic, l’image sonore dévoile le
rythme et l’intensité de l’échantillon
sonore.
Max et Julian participent ainsi, jour après
jour, à la construction d’un collectif
sonore de la métropole Québéquoise.
« Dans 10 ans, certains sons auront
disparu ; c’est une source documentaire
importante. On pourra ainsi voir
comment la ville a évolué. Cette carte
sonore est aussi un moyen pour la
population de lire la ville autrement,
de l’écouter de manière nouvelle, car
personne ne prête attention aux sons de
chez soi. Pourtant, il y a de nombreux
sons spécifiques à son quartier. Les
séquences téléchargeables peuvent
servir aussi à l’art sonore », conclut
Max Stein.
À l’écoute de la carte sonore, Montréal
apparaît comme étant une ville aux
sons feutrés par la neige en hiver, une
ville multiethnique aux accents colorés,
un espace urbain où même les parcs
sont constamment baignés de bruits
de circulation, une ville bilingue où les
conversations en français et en anglais
s’entremêlent, une métropole étendue
contenant une grande variété de sons
différents… bref, une ville cosmopolite
québécoise.
Pour participer à l’aventure, rien de
plus simple : avec un iPod ou n’importe
quel autre appareil audionumérique, il
suffit d’enregistrer pendant quelques
minutes le son de la rue – il est possible
de rechercher un son particulier, comme
celui des déneigeuses en pleine nuit ! –
et d’envoyer le fichier répertorié sur le
site Soundmap.
« L’idée de dresser une cartographie
sonore de Montréal par ses sons nous
est venue d’un projet acoustique
qui a vu le jour à Vancouver dans les
années soixante-dix. Il s’agissait
de dresser la carte sonore de la
ville et d’étendre l’expérience à
d’autres villes et régions du monde.
Mississauga et New-York avaient déjà
été cartographiés mais rien n’avait
été fait pour Montréal »,
explique Max
Stein, étudiant en électroacoustique
au département de musique de
l’Université Concordia.
MONTREAL : le son à la carte