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Echo Bruit
n° 126
09.2009
g
Dossier :
“Centres d’appels”
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le magazine de l’environnement sonore
La prise en compte de l’acoustique est d’autant plus
importante ici que l’intégration de collaborateurs sur un
plateau paysager est souvent difficile à accepter en France car
ne correspond pas aux principes culturels de besoin d’intimité,
de confinement d’espace… Ces nouvelles méthodes de travail
sont plus ou moins acceptées selon qu’elles répondent de
la part du maître d’ouvrage à une économie de surface ou
à une réelle corrélation avec la culture de l’entreprise et ses
méthodes de management basées sur l’échange et l’ouverture
vers les autres.
Les parties ci-après développent les étapes successives
de la mission de l’acousticien. Avec les diagnostics
nécessaires sur le bâti à aménager, les notions de
flexibilité, les divers types d’activités à prendre en
compte, l’acousticien définit en premiers l ieux les
objectifs acoustiques à atteindre. Il réalise ensuite ses
études et préconisations en considérant des principes
d’aménagement dit « acquis » répondant à l’ergonomie
générale d’un poste de travail, ces bases permettant
d’aborder pleinement la thématique acoustique.
A - Préalables à la conception acoustique de
l’aménagement
En phase de construction du bâtiment, ne connaissant pas
l’usage futur des plateaux, il est d’usage de conseiller de
mettre en oeuvre des plafonds acoustiques associant des
performances d’absorption d’une part à des performances
de d’isolation latérale d’autre part. Ces deux contraintes sont
d’une certaine manière antinomique, puisque la performance
d’isolation est obtenue par l’opacité et la masse des parois,
alors que la performance d’absorption est, elle, obtenue par
la légèreté et la quantité d’air emprisonnée dans le matériau.
Autrement dit, un complexe séparatif bon en absorption ne
sera à priori pas bon en isolation et inversement.
En revanche, il est clair que la performance acoustique
des espaces ouverts est très intimement liée à la quantité
d’absorption apportée au local.
L’intervention d’un acousticien commence donc par qualifier
les performances acoustiques du plateau blanc à aménager :
durée de réverbération, niveaux de bruit des équipements
techniques ainsi que taux de décroissance spatiale, qui sont
des indices appropriés à la caractérisation acoustique des
espaces ouverts. Cet audit de l’existant permet à l’acousticien
d’évaluer le potentiel acoustique du bâtiment, eu égard
aux attentes du locataire des locaux. Ce diagnostic est une
condition aujourd’hui indispensable à la maîtrise future de
l’ambiance sonore dans les locaux acoustiquement complexes
que sont les espaces ouverts en activité.
B – Problématiques acoustiques des espaces
ouverts
En effet, en fonction du type d’activité, le niveau sonore
d’ambiance peut devenir perturbant pour une activité
cérébrale ou nécessitant une concentration importante.
Les niveaux sonores sont induits par les conversations
entre collaborateurs et les équipements fixes des bureaux
(ordinateurs, claviers…). De nombreuses études montrent que
les conversations sont la source de bruit la plus importante.
Ceci d’autant plus qu’il y a une similarité forte entre le contenu
des discussions et le contenu du travail en cours. Le bruit des
claviers et les bruits d’impact divers restent néanmoins des
sources de gêne non négligeables, à prendre en compte dans
les études.
Le confort acoustique d’un plateau de bureaux sera donc
caractérisé par des sources émergeant ponctuellement
au-dessus d’un
niveau de bruit ambiant
en activité. De ce
fait, le confort acoustique sera intimement lié au nombre
d’occupants et au type d’activité dans l’espace ouvert.
C – Différentes activités possibles dans
les espaces ouverts
D’une façon générale on classifie les types d’activités des
espaces ouverts en trois catégories : Call Center, Vente /
Marketing, Administration / ingénierie. On distingue deux
types d’activités qui s’opposent et qui à priori cohabitent
mal dans un même espace de travail ouvert : d’une part,
un travail caractérisé par une activité de réflexion et de
concentration intellectuelle avec échanges verbaux et
conversations téléphoniques peu fréquentes. D’autre part, un
travail caractérisé par une activité nécessitant une interaction
importante entre personnes, ou conversation téléphonique
fréquentes (tel un service commercial ou encore un centre
d’appel téléphonique). L’espace ouvert étant justement
caractérisé par la « transparence acoustique » entre postes
de travail, on doit préciser que la confidentialité* ne pourra
jamais être atteinte en tout point d’un espace de bureau
ouvert. Un échange verbal strictement confidentiel ne pourra
avoir lieu que dans un espace fermé aménagé à proximité
* confidentialité situation obtenue lorsque même avec un effort
pour comprendre une conversation émise d’un poste de travail
voisin, celle-ci reste incompréhensible.
** discrétion
situation obtenue lorsqu’un effort est requis pour comprendre le
contenu d’une conversation émise d’un poste de
travail voisin. Dans ces conditions, la conversation n’est pas une
source de distraction.