Echo Bruit
n° 121
06.2008
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Actualités
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le magazine de l’environnement sonore
et appelé à son retrait. Elle l’a jugé
« inacceptable d’un point de vue éthique
et moral dans notre société, ne pouvant
que conduire à la stigmatisation et à
l’exclusion des jeunes ». Elle a « appelé
solennellement tous les bailleurs et
les syndics qui auraient recours à ces
boîtiers à les retirer dans les plus brefs
délais et condamnait fermement une
telle attitude, qui pourrait conduire à
penser que certaines difficultés sociales
pourraient être résolues par des moyens
électroniques aussi choquants. » « Rien
n’est plus important que les valeurs
de dialogue, d’échange et de partage
avec les jeunes générations » a-t-elle
déclaré.
Pour Christine Boutin, Ministre du
Logement et de la Ville, et Fadela
Amara, Secrétaire d’État en charge
de la Politique de la Ville : « Réduire
à des solut ions mécaniques la
résolution de problèmes de relations
entre personnes et voisins représente
un renoncement et un échec. Arriver
à un tel degré de stigmatisation et
d’exclusion des jeunes montre à
quel point la société des adultes
ne sait plus dialoguer avec les
nouvelles générations : envoyer des
ultrasons aux oreilles des jeunes
est-il le seul message que les adultes
souhaitent adresser aux jeunes ? ! ».
Elles estiment que
« Notre société
dispose de suffisamment de moyens
de médiation et de dialogue au
travers des élus, des associations,
des maisons pour les jeunes, des
éducateurs et des forces de police
de terrain, pour pouvoir résoudre les
problèmes de simple voisinage ou de
bruit, autrement que par des boîtiers
à ultrasons. »
La priorité des deux
ministres aujourd’hui est d’assurer
un cadre de vie décent et de qualité
à tous, débarrassé des ascenseurs
en panne, des cages d’escalier et
boîtes aux lettres dégradées, au lieu
de prendre des mesures douteuses,
sans concertation avec la population
et dont l’efficacité reste à démontrer.
Le tribunal de Saint-Brieuc, saisi en
référé par l’association Val Tonic qui
regroupe des commerçants de la
station balnéaire bretonne Pléneuf-Val-
André (Côtes d’Armor), a estimé que le
boîtier vendu en France sous le nom
de « Beethoven » qui émet des sons
perceptibles uniquement par les jeunes
afin de les « disperser » constituait
« une gêne auditive pour toutes les
personnes, les jeunes comme les moins
jeunes » et provoquait « un trouble
anormal du voisinage ».
Le tribunal a interdit au propriétaire
d’une résidence secondaire, sous
astreinte de 1 000 euros par jour, de
réinstaller l’appareil, qu’il avait fixé
sur la façade extérieure de sa maison
en plein centre de la petite station
balnéaire. Le boîtier, qui fonctionnait
« en continu », avait été retiré lorsque
son propriétaire avait reçu l’assignation.
Outre l’interdiction de réinstaller
l’appareil, le particulier a été condamné
à verser 2 000 euros d’indemnités
pour le trouble, mais, en revanche,
le préjudice commercial n’a pas été
reconnu.
Rappelons que ce boîtier de 12 cm x
12 cm émet par intermittence un son à
17 000 hertz qui est en principe audible
seulement par les moins de 25 ans.
Ce bruit suraigu fait fuir les oreilles
les plus sensibles - et pas seulement
celles des adolescents, puisqu’il
s’avère que des personnes au-delà de
25 ans, voire des seniors, l’entendent
également. Ce procédé a été vivement
critiqué par de nombreux responsables
politiques, dont la ministre de la Santé
et de la Jeunesse, Roselyne Bachelot
qui, début avril, dans un communiqué,
a condamné fermement son utilisation
Le boîtier « anti-jeunes »
condamné au silence
Le tribunal de Saint-Brieuc a interdit, pour la première
fois en France, l’installation par un particulier d’un
boîtier « anti-jeunes » à ultrasons, dénoncé comme
une « arme sonore illicite » par une association de
commerçants.