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ouvoir utiliser une salle pour tous types d’usage,
pouvant aller de la musique au théâtre et peut-être même
au sport, est un rêve pour bien des maîtres d’ouvrage, qui
pensent ainsi limiter leurs dépenses d’investissement. C’est
parfois aussi un cauchemar pour la maîtrise d’œuvre en
général et l’acousticien en particulier, qui doivent compo-
ser avec les demandes parfois opposées de ces diverses
utilisations [1], en particulier : absence de réflexions laté-
rales et durée de réverbération limitées pour le théâtre
mais fortes réflexions latérales et durée de réverbération
plus élevée pour la musique instrumentale !
La nécessaire modularité d’un tel espace multi-usages
conduit rapidement à des dispositifs mobiles comme
un cadre de scène mobile, un plafond à hauteur variable
(haut en configuration concert, bas en configuration théâ-
tre), et des parois dotées de revêtements pouvant être
réfléchissants (concert) ou absorbants (théâtre) selon les
besoins, voire de scène mobile et de gradins rétractables
ou amovibles. Un exemple extrême de telles dispositions
est constitué par la salle «Espace de Projection» de l’IR-
CAM à Paris, qui a été construite à des fins de recherche
et possède une durée de réverbération pouvant aller de
1,1 s à 4,0 s [2]. De tels dispositifs sont toutefois coûteux,
non seulement en termes d’investissements et de main-
tenance mais aussi en termes de personnel nécessaire.
Du reste, on constate bien souvent que les salles dotées
de tels dispositifs ne les utilisent que modérément du fait
des contraintes, en particulier de main d’œuvre, nécessai-
res à leur fonctionnement. Enfin, bien sûr, de tels disposi-
tifs ne sont réellement envisageables que dans le cadre
de constructions neuves.
À cet égard, la recherche d’une solution permettant de
s’affranchir de la plupart des dispositifs mobiles apparaît
vite souhaitable. Dans ce cadre, le recours à une simula-
tion des réflexions acoustiques sur les parois et le plafond
en utilisant des haut-parleurs judicieusement localisés et
pilotés de manière à restituer ce que serait une véritable
réflexion acoustique apparaît séduisant.
Bref historique
Généralités
Initialement, le public se contentait des lieux de specta-
cles qui se trouvaient à sa portée. Mais l’avènement des
moyens audio-visuels, permettant bien souvent de béné-
ficier chez soi, voire en voiture, d’excellentes conditions
d’écoute, a rendu le public bien plus exigeant quant à la
qualité acoustique des lieux de spectacle.
À l’origine, l’utilisation de moyens électro-acoustiques
ne visait qu’à améliorer le rapport signal sur bruit dans
la salle. Graduellement, l’idée d’un système d’acousti-
que variable visant à simuler des réflexions acoustiques,
voire à augmenter la durée de réverbération, a émergé.
Dans le premier cas, il s’agissait simplement d’introduire
un renvoi d’énergie acoustique en positionnant judicieu-
sement un haut-parleur, dans le second cas, il s’agissait
d’augmenter l’énergie réverbérée en jouant sur le gain du
système électro-acoustique.
Historique
À la fin des années 1950, la société Philips a introduit le
système
MCR (Multi Channel Reverberation)
, compor-
tant 50 à 100 canaux indépendants. Puis est apparu un
système dénommé
ASR (Assisted Resonance)
, dans
lequel les canaux étaient accordés pour réduire les inte-
ractions entre canaux, l’augmentation de la réverbération
ne se faisant que sur les modes dominants.
Acoustique active et acoustique passive :
approches complémentaires ou opposées ?
Marc Asselineau
Peutz & Associés
10 B, rue des messageries
75010 Paris
E-mail : m.asselineau@peutz.fr
Résumé
Certains architectes sont souvent tentés de soigner l’apparence de leur bâtiment ou de
leur salle de spectacles, quitte à ce que la qualité acoustique du lieu soit impactée. A
cet égard, l’acoustique active peut apparaître comme une solution-miracle permettant
toutes les adaptations de volumétrie. De plus, elle laisse envisager une utilisation
de la salle pour tous types d’usage, pouvant aller de la musique au théâtre et peut-
être même au sport ! Mais, dans la pratique, qu’en est-il réellement, et quels sont
les avantages et inconvénients par rapport à des approches plus conventionnelles,
comme les dispositifs scéniques mobiles ? À travers quelques exemples de projets, le
présent article se propose d’aborder ces points.
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