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Spécial “ Acoustics’08 ”
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Acoustique
&
Techniques n° 53
Éditorial
Pour le CIDB aussi, 2008 est une année importante : l’association célèbre son trentième
anniversaire et sa reconnaissance comme établissement d’utilité publique par décret en
conseil d’Etat.
L’année 2008, en France, est riche également en évènements et en perspectives pour la
cause qui est la nôtre, à savoir l’amélioration de l’environnement sonore et par là même
de la qualité de vie de nos concitoyens.
Jusqu’à présent, force est de constater que cette question n’a pas fait l’objet d’une
mobilisation à la hauteur des enjeux. Le coût social du bruit est pourtant très lourd puisqu’il
s’établit, selon une étude réalisée en 2004 sur 17 pays européens, à un demi-point de
PIB, soit un coût annuel pour la France de 7,3 milliards d’euros. Mais il est payé par une
multitude d’acteurs et aucun ne se sent responsable de la maîtrise du phénomène.
Les gains acoustiques apportés par les progrès techniques n’arrivent pas à compenser le
rythme de l’augmentation du volume des phénomènes générateurs de bruit. Un changement
d’attitude dans la prise en compte du bruit est nécessaire, et le Grenelle de l’environnement
en offre une occasion historique. Les conclusions du Grenelle focalisent l’attention sur
les bruits dans l’environnement, liés aux transports et à l’urbanisme essentiellement. La
première évidence qui s’impose est celle des interrelations étroites qui existent entre le bruit,
d’une part, et les politiques des transports, de la construction et de l’urbanisme, d’autre part.
Une prise en compte isolée de la question du bruit n’est possible, et même souhaitable, que
pour mesurer les résultats obtenus pour réduire cette nuisance, mais l’efficacité recherchée
de l’action publique conduit à intégrer la lutte dans les autres politiques.
Prenons un exemple : le défi de l’effet de serre peut-il être mis à profit pour traiter aussi la
question du bruit ? Dans le domaine du bâtiment, tout le parc existant doit être revu dans
l’optique de la division par 4 des émissions de gaz à effet de serre, ce qui va entraîner
un vaste programme d’isolation thermique. Celui-ci peut être étendu à l’acoustique, mais
pas sans un minimum de précautions, car les calories et les décibels n’obéissent pas
aux mêmes lois, et il peut y avoir des solutions énergétiques contre performantes pour
l’acoustique. La lutte contre le bruit est un complément à attendre, à un coût marginal, de
la lutte contre le réchauffement climatique, mais pas sans une attention et une technicité
complémentaires. Ceci vaut aussi pour le domaine des transports, les objectifs de réduction
des émissions de CO2 n’étant pas systématiquement compatibles avec les objectifs de
réduction des émissions sonores.
Courir plusieurs lièvres à la fois, et s’organiser pour y parvenir, conjuguer des intelligences et
combiner des moyens, voilà quelques pistes pour relever le triple défi, social,environnemental
et économique, du développement durable. Le congrès Acoustics 08, qui réunit à Paris 4500
experts internationaux de tous les domaines de l’acoustique, et auquel nous consacrerons
le prochain numéro de notre revue, permettra de faire entendre de manière exceptionnelle la
voix du Peuple du bruit qui souhaite mettre ses compétences, sa diversité, son imagination
au service de ce défi exceptionnel que constitue le développement durable..
Dominique Bidou
Président du CIDB
Éditorial