Spécial “ Electroacoustique ”
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Acoustique
&
Techniques n° 52
La mesure des dispositifs d’écoute individuelle
L’absence actuelle d’un texte officiel spécifique rend difficile
l’évaluation de l’exposition au bruit des travailleurs portant
des écouteurs. Les éléments pour définir une méthode de
mesure existent (norme ISO 11904-2, NF S 31-084 [20]),
mais seule une prise de conscience des pouvoirs publics sur
le risque auditif lié au port d’écouteurs au travail permettra
de faire avancer les textes pour que des contrôles puissent
être effectifs.
L’évaluation des performances des aides
auditives
L’aide auditive (cf. encart 3), dans sa forme compacte,
est apparue dans les années cinquante grâce à l’apport
du transistor permettant une miniaturisation des appareils.
Le LNE réalise des mesures sur les aides auditives depuis
maintenant plus de 30 ans. Leur but est d’évaluer les
performances en termes de gain acoustique et aussi en
termes de qualité du son perçu. Les normes de mesure
applicables à ces évaluations ont été rédigées, pour l’essentiel,
avant l’apparition des aides auditives numériques. Aussi les
améliorations récentes apportées par les traitements du
signal numérique ne sont pas ou peu prises en compte.
Dispositif de mesures
L’aide auditive est placée face à une enceinte acoustique
dont le niveau d’émission est réglable avec précision.
Pour cela on établit au préalable la réponse de l’enceinte
acoustique à l’emplacement de l’aide auditive. Les mesures
ont lieu dans une salle anéchoïque (cf. figure 8) recréant
les conditions de champ libre dans la bande de fréquence
utile (100 Hz – 10 kHz).
Les niveaux de pression acoustique produits par l’aide
auditive sont mesurés à l’aide d’un coupleur simulant
l’impédance acoustique à la moitié du conduit auditif
(coupleur conforme à la norme CEI 711 [11]). Le microphone
dans le coupleur est disposé pour mesurer un niveau de
pression acoustique proche du niveau existant au contact
du tympan.
Principaux paramètres évalués
Le premier paramètre évalué est le gain, soit l’écart
(exprimé en décibels) entre le niveau de pression acoustique
mesuré par le coupleur et le niveau de pression acoustique
extérieur. Il dépend, bien entendu, de la fréquence et du
réglage de l’aide auditive. On retient principalement deux
valeurs qui sont mesurées à la fréquence de référence
(1,6 kHz ou 2,5 kHz selon le
modèle d’aide auditive) : le gain
maximal et le gain pour lequel le
taux de distorsion n’excède pas
10%. On notera que ce gain n’est
pas le gain perçu par la personne
appareillée, car il compare un
niveau de pression acoustique au
contact du tympan à un niveau de
pression acoustique externe. Une
correction dite d’insertion permet
de déterminer le gain réellement
perçu, qui est inférieur au gain
mesuré.
La mesure du taux de
distorsion harmonique est un
autre paramètre, qui permet
principalement de s’assurer
que l’écouteur ou les circuits
analogiques ne travaillent pas au-
delà de leur zone linéaire (pas de
saturation). On admet qu’un taux
de distorsion de 10% fixe la limite
d’utilisation de l’aide auditive.
Le dernier paramètre important
est le bruit de fond, principalement
lié à l’étage d’entrée (microphone).
La mesure du bruit de fond doit
Fig. 8 : Mesure en salle anéchoïque