Spécial “ bruits de chantier ”
51
Acoustique
&
Techniques n° 46-47
La sensibilisation des différents intervenants
une journée sachant que les autres phases sont moins
génantes ;
- de rechercher les plaignants « potentiels », par exemple un
studio d’enregistrement, un émetteur TV ou FM, un cabinet
d’avocats etc. car ils risquent de poser des problèmes durant
la durée du chantier ;
- de définir une stratégie technico-économique. Lorsqu’on a
traité un chantier avec un certain prix pour un cahier des
charges, il faut voir si celui-ci correspond à ce qu’il faudrait
faire. S’il faut faire plus, comme par exemple, utiliser du
béton auto-plaçant dont le coulage est moins bruyant mais
actuellement beaucoup plus cher, on doit discuter avec les
maîtres d’œuvre et d’ouvrage et prendre une décision.
Il devient alors nécessaire sur nos chantiers de hiérarchiser
les matériels bruyants :
- le marteau-piqueur et le brise-béton dont il faut limiter
l’utilisation en respectant des plages d’horaires raisonnées
par exemple en fin de matinée et en fin d’après-midi, ceci en
fonction de l’environnement immédiat du chantier que l’on
prépare ;
- le vibrage d’un voile en béton coulé entre deux banches
métalliques ce qui provoque un rayonnement toujours très
gênant ;
- le compresseur, équipé de son capot, implanté au plus loin
des immeubles mitoyens et hors de tout champ visible,
- le décoffrage des planchers, parce que c’est la première
tâche effectuée en matinée.
Une base de données, avec une hiérarchie des niveaux de
bruits engendrés, devrait être établie, elle nous permettra
de définir les modes opératoires en fonction d’un niveau de
pression acoustique.
La sensibilisation de toutes les hiérarchies
Des conducteurs de travaux avec la désignation d’un
interlocuteur unique auprès des riverains. Ce n’est pas encore
généralisé mais ça devrait l’être sous peu. La personne
désignée est là pour discuter de toutes les nuisances du
chantier y compris la gêne acoustique due aux bruits aériens.
Les vibrations sont un sujet plus difficile à appréhender
car il faut faire le tour des voisins et faire des mesures
spécifiques ;
Des chefs de chantier surtout en phase de gros œuvre, car
ils possèdent une vision globale de leur chantier, ils sont au
courant de tout, ils entendent tout, et servent d’avertisseur
sur la gêne ressentie.
Des compagnons et des chefs d’équipe sur le maintien de
leur capital auditif et la nécessité de porter leurs protections
individuelles lors de travaux bruyants. La détection du niveau de
bruit aupostede travail aumoyend’undosimètrevaprochainement
être mise en place chez Bouygues Bâtiment IdF afin de prévenir
la fatigue auditive voire la surdité. Il s’agit de travailler dans un
premier temps pour le confort de nos compagnons afin de les
inciter à venir travailler sur nos chantiers.
Il faut également les informer sur les réflexes de citoyenneté,
comme la réduction puis la suppression de l’utilisation du
marteau pour le serrage des étais lors du coffrage ou du
desserrage en phase de décoffrage en début de matinée,
ou l’emploi, par les chefs d’équipe et les chefs de chantier,
de talkies-walkies avec le grutier plutôt qu’un coup de gueule
souvent mal compris…
Les mesures de niveaux de bruit en cours de chantier avec une
explication des valeurs obtenues, en présence des hiérarchies
travaux, les conducteurs et les chefs de chantier ainsi que
des compagnons, c’est une prise de conscience des gênes
que l’on peut éviter, le coup de marteau, le coup de gueule
du chef… qui assez souvent ne sont que des exutoires pour
se défouler.
Toutes les données recueillies vont nous servir à optimiser
nos préparations de chantier avec la définition du matériel le
moins bruyant.
Il nous faut aussi prévenir les responsables de notre service
matériel afin que lors des achats et des maintenances de
conformité des matériels, ils n’oublient pas les critères
acoustiques : un niveau de pression ou de puissance
acoustique et tout système de découplage vibratoire !
C’est un sujet en pleine évolution qui fait partie des axes
d’amélioration, voire de R & D, pour les années 2007 et 2008
chez Bouygues Bâtiment IdF.
n
Photo 1 : lors du vibrage du béton, les coffrages
métalliques entrent en résonance !
Photo 2 : lors du décoffrage, avec plusieurs compagnons
équipés de marteaux, le niveau de bruit devient presque
insupportable durant plusieurs dizaines de minutes.