Page 19 - base

Version HTML de base

18
Spécial “10
e
anniversaire”
Acoustique
&
Techniques n° 42-43
uand on baigne dans un domaine tous les jours, on ne
le voit pas évoluer. Pourtant en cherchant bien on constate
que des secteurs sont marqués par des progrès sensibles
et que d’autres n’ont pas bougé.
Pour pouvoir terminer sur une note optimiste, je préfère
commencer sur ce qui n’a malheureusement pas évolué et
réserver les progrès réalisés à la fin.
Ce qui ne s’est pas amélioré
Dans le domaine de la conception d’un bâtiment
Les outils mis à la disposition des concepteurs pour
prévoir les prestations à mettre en œuvre afin d’obtenir
les résultats acoustiques escomptés sont trop souvent
utilisés sans prendre garde à leur domaine de validité. Ces
domaines de validité ne sont d’ailleurs pas mis en évidence
dans les modes d’emploi des outils. Jusqu’aux années 90,
la seule méthode de prévision d’un isolement acoustique
était basée sur un calcul de la transmission directe par
la paroi de séparation et sur une évaluation forfaitaire de
la perte d’isolement acoustique due aux transmissions
par les parois latérales. Cette évaluation forfaitaire
avait été établie après une exploitation statistique d’un
grand nombre de résultats de mesures réalisées dans
des bâtiments dans lesquels les parois de séparations
entre logements étaient lourdes et non équipées de
complexes de doublages. Or, la méthode de prévision
simplifiée a été souvent utilisée dans des cas de parois
de séparation légères ou de murs lourds doublés. Il en
résultait des résultats de mesures
a posteriori
nettement
inférieurs à ceux qui étaient prévus. Le concepteur sûr de
sa conception mettait alors la responsabilité des écarts
sur le dos de la mise en œuvre. Notons que la méthode
simplifiée de prévision des isolements acoustiques est
encore utilisée actuellement, bien ou mal, par ceux qui
n’ont pas souhaité se doter des moyens de prévision
actuels, suffisamment complexes pour qu’on soit amené à
se servir de logiciels informatiques.
Certains concepteurs sont encore peu formés dans le
domaine de l’acoustique du bâtiment. Certains autres
ne se sentent pas concernés par ce domaine ; lors des
très nombreuses discussions qui ont permis d’aboutir à
la nouvelle réglementation acoustique (NRA) en 1994,
les seuls architectes participants étaient des architectes
acousticiens.
Il en résulte que de nombreux projets sont faits sans
souci particulier d’acoustique et
a fortiori
sans bureau
d’étude acoustique. Ainsi, l’obligation de respecter la
réglementation acoustique est mise en objectif dans les
pièces écrites et ce sont les entreprises qui ont la charge de
prévoir et mettre en œuvre les prestations qui permettront
d’y parvenir. Il arrive que ce soit ces entreprises qui
fassent appel à un bureau d’étude spécialisé, lorsqu’elles
sont conscientes de leur manque de dextérité dans le
maniement des décibels.
“Tout le monde dit qu’il faut intégrer l’acoustique
le plus en amont possible lors de l’élaboration d’un
projet, mais ce n’est que rarement suivi d’effet.”
Mais ce n’est pas parce qu’un bureau d’étude acoustique
est consulté par le maître d’ouvrage ou le maître
d’œuvre que tout va bien. En effet, dans certains projets,
généralement de grande envergure, il y a trop souvent un
amalgame qui est fait entre une obligation de résultats et
une obligation de moyens.
Dans la notice acoustique d’un projet, on peut trouver
un chapitre précisant les résultats à atteindre dans les
domaines de l’isolation acoustique interne ou externe, de
la correction acoustique des locaux, des bruits de chocs,
des bruits d’équipements, et un autre chapitre décrivant
des moyens déclarés qui permettent de satisfaire les
obligations de ces résultats.
Dans certains cas trop fréquents, cet ensemble est
complété par les phrases suivantes :
Acoustique du bâtiment
Évolutions ressenties au cours des quinze
dernières années
Mathias Meisser
103, avenue Philippe Auguste
75013 Paris
Tél. : 01 43 73 19 54
Fax : 01 43 71 11 36
E-mail : meisser@noos.fr
Q